Chapitre 21
La nuit du 24 décembre était arrivée. La maison de Jano, un immense manoir aux murs d’un blanc éclatant, brillait sous la lumière de centaines de guirlandes et de projecteurs. Des sapins richement décorés bordaient l’allée, chacun orné de boules dorées et de rubans écarlates. Une grande arche lumineuse accueillait les invités, qui arrivaient en voitures de luxe, vêtus de smokings et de robes de soirée.
Pour Vincent et Elsa, dissimulés parmi les employés de service, l’ambiance festive n’était qu’un masque pour la tension qui étreignait leurs cœurs. Chaque détail semblait calculé pour impressionner, mais sous les lumières scintillantes, le danger était omniprésent.
Karim, leur guide dans cette mission, les avait infiltrés en tant que membres du personnel : Vincent dans l’équipe de sécurité et Elsa comme assistante des serveurs. Ils portaient des vêtements sobres, ajustés pour ne pas attirer l’attention. À leurs côtés se tenait Samir, un jeune homme nerveux mais compétent, que Karim avait recruté pour pirater les systèmes informatiques de Jano.
— On a deux objectifs, rappela Karim avant qu’ils n’entrent. Premièrement, récupérer toutes les données sensibles sur ses comptes et ses alliés. Deuxièmement, rester en vie.
Vincent hocha la tête, son visage fermé. Elsa, bien que tendue, serra discrètement sa main pour chercher un peu de réconfort.
— Restez discrets, ajouta Karim. Personne ne doit deviner pourquoi vous êtes là.
L’intérieur du manoir était encore plus extravagant. Des lustres en cristal illuminaient les vastes pièces, dont les murs étaient décorés de tableaux coûteux et de guirlandes scintillantes. Un immense sapin trônait au centre du grand hall, chargé de décorations si nombreuses qu’on ne voyait presque plus les branches. Une musique douce, jouée par un petit orchestre, flottait dans l’air, tandis que les invités discutaient en petits groupes, leurs voix mêlées à des éclats de rire.
Vincent, posté près d’une entrée secondaire, observa calmement la foule. Il portait une oreillette fournie par Karim, reliée au reste de l’équipe dispersée dans la maison. Il gardait un œil sur Elsa, qui se déplaçait entre les invités avec un plateau de coupes de champagne, essayant de paraître naturelle.
Dans une pièce voisine, Samir avait commencé son travail. Installé dans une petite salle de contrôle, il avait déguisé son piratage en une simple tâche d’entretien informatique. Vincent avait insisté pour rester proche de lui, connaissant les risques si Samir était découvert.
— Tu es sûr que tu peux entrer dans son système ? murmura Vincent à Samir, qui tapait frénétiquement sur son clavier.
— Oui, répondit Samir sans lever les yeux. J’ai presque terminé de contourner ses pare-feux. Une fois que je suis dedans, je copie tout. Comptes bancaires, contacts, opérations... tout ce qu’on peut utiliser pour l’exposer.
Vincent jeta un coup d’œil à la porte de la pièce, ses muscles tendus.
— Dépêche-toi. On n’a pas beaucoup de temps.
Dans l’oreillette, Karim murmura une mise en garde.
— Une nouvelle patrouille arrive. Restez discrets.
Vincent serra les dents. Le plan était risqué, et chaque seconde augmentait les chances d’être découverts.
De son côté, Elsa faisait tout pour ne pas attirer l’attention. Elle observait les invités avec discrétion, essayant de repérer des visages familiers. Elle remarqua Jano lui-même, debout près du sapin. Il portait un costume impeccable, et son sourire faux s’adressait à un groupe de politiciens et d’hommes d’affaires.
Son simple regard suffisait à glacer Elsa. Cet homme avait détruit tant de vies, y compris la sienne. Et maintenant, elle était ici, dans sa maison, risquant tout pour mettre fin à son règne.
— Elsa, tout va bien ? demanda Vincent dans l’oreillette.
Elle inspira profondément avant de répondre.
— Oui, mais Jano est là. Il est... plus terrifiant en vrai.
— Reste concentrée, répondit Vincent. Samir est presque prêt.
Le piratage avançait. Samir, concentré sur son écran, murmura avec excitation :
— Je suis dedans. Tout est là : transferts bancaires, pots-de-vin, opérations illégales... C’est énorme.
Vincent sentit une lueur d’espoir.
— Copie tout et détruis ses sauvegardes. On doit s’assurer qu’il ne puisse jamais récupérer ces données.
Mais alors que Samir tapait les dernières commandes, un bruit dans le couloir les fit sursauter.
— Quelqu’un arrive, murmura Vincent, son arme prête.
La porte s’ouvrit brusquement, et un garde entra.
— Hé, qu’est-ce que vous faites ici ? demanda-t-il en posant une main sur son arme.
Sans réfléchir, Vincent se jeta sur lui, le plaquant au sol avant qu’il ne puisse donner l’alerte. Ils luttèrent brièvement, mais Vincent, avec une précision calculée, le mit hors d’état de nuire.
Samir, tremblant, observa la scène.
— On est repérés ? demanda-t-il.
Vincent secoua la tête.
— Pas encore. Termine ton travail.
Pendant ce temps, dans le hall principal, Jano s’approcha du centre de la pièce et frappa dans ses mains pour attirer l’attention.
— Mes amis, commença-t-il, je suis honoré de vous accueillir ce soir. En cette période de fêtes, nous célébrons non seulement la prospérité, mais aussi la loyauté.
Ses mots résonnaient comme une menace déguisée, et Elsa sentit un frisson lui parcourir l’échine.
— Il sait qu’on est là, murmura-t-elle dans l’oreillette.
Karim répondit immédiatement.
— On a presque terminé. Tenez bon.
Elsa tenta de paraître calme, mais chaque fibre de son être lui criait de fuir. Elle savait que le moindre faux mouvement pourrait leur coûter la vie.
Samir termina enfin sa tâche.
— C’est fait, dit-il en retirant un disque dur de l’ordinateur. J’ai tout.
Vincent hocha la tête.
— Alors on sort d’ici, maintenant.
Mais alors qu’ils se préparaient à partir, une alarme retentit dans toute la maison.
Jano, toujours au centre du hall, sourit froidement.
— Mes chers invités, il semble que nous ayons des intrus parmi nous.
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