Chapitre 22

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L’alarme s’éteignit après quelques secondes, remplacée par une mélodie douce, comme si rien ne s’était passé. Les invités dans le hall échangèrent des regards perplexes, mais personne n’osait poser de questions à haute voix.

Jano, immobile près du sapin scintillant, leva une main pour calmer les murmures.

— Tout va bien, mes chers amis. Une simple erreur technique, rien qui ne mérite votre inquiétude.

Son ton était rassurant, mais son sourire n’atteignait pas ses yeux. Elsa, debout près du buffet, sentit son estomac se nouer. Elle savait que ce n’était qu’une façade. Jano ne prenait jamais une alarme à la légère.

Dans l’oreillette, Karim murmura :

— Ne bougez pas. Continuez comme si de rien n’était. On doit maintenir la couverture.

Vincent et Samir, toujours dans la salle de contrôle, se figèrent.

— On est repérés ? demanda Samir, la panique dans la voix.

— Pas encore, répondit Vincent. Mais ça ne va pas durer.

Vincent se rapprocha de la porte, tendant l’oreille pour détecter tout mouvement dans le couloir.

Dans le hall, Jano reprit son discours, ses yeux balayant la foule comme un prédateur cherchant sa proie.

— Cette soirée, dit-il, est une célébration de tout ce que nous avons construit ensemble. Des années de travail, de sacrifices… et de loyauté.

Son ton se durcit légèrement sur le dernier mot, et Elsa sentit son souffle se bloquer. Il savait que quelque chose se tramait.

— Mais la loyauté, continua Jano, est une chose fragile. Une chose que certains oublient... ou trahissent.

Un silence glacial s’abattit sur la pièce. Les invités, mal à l’aise, évitaient de croiser son regard. Certains jouaient avec leur verre de champagne, d’autres fixaient obstinément le sol.

Elsa jeta un coup d’œil discret vers Vincent. Elle ne pouvait pas le voir directement, mais elle savait qu’il écoutait tout à travers l’oreillette.

— Elsa, murmura Karim. Tiens-toi prête. Si ça dérape, on doit agir vite.

Elle hocha imperceptiblement la tête, prenant un plateau pour continuer à se déplacer parmi les invités, même si ses jambes tremblaient légèrement.

À l’étage, Vincent et Samir attendaient l’opportunité de quitter la salle de contrôle. Mais chaque seconde passée augmentait la tension. Vincent pouvait sentir Samir bouger nerveusement derrière lui.

— Du calme, murmura-t-il. Tout va bien.

— Tout va bien ? répondit Samir. On est dans la maison d’un psychopathe, et il sait probablement qu’on est ici !

Vincent, toujours concentré sur le couloir, garda son ton ferme.

— Respire. Tant qu’on est calmes, on peut nous en sortir.

Samir ne répondit pas, mais ses doigts tremblaient légèrement alors qu’il serrait le disque dur contenant les données volées.

Dans le hall, les choses commencèrent à déraper.

Un homme imposant en costume gris, visiblement un associé de Jano, s’approcha de lui avec un téléphone à la main. Son visage, rouge de colère, était marqué par une expression de panique mal dissimulée.

— Jano, dit-il, il y a un problème.

Jano le fixa, son sourire disparaissant.

— Quel genre de problème, Marco ?

— Mon compte offshore... Il est vide. Tout mon argent a disparu.

Un murmure traversa la foule comme une onde de choc. D’autres associés, alertés par les mots de Marco, commencèrent à vérifier leurs propres téléphones. L’agitation monta rapidement.

— Moi aussi, dit une femme en robe noire, son visage pâle. C’est une erreur, n’est-ce pas ?

— Pas possible, grogna un autre homme. Mon argent ne peut pas simplement disparaître.

Jano, au milieu de la tempête, resta silencieux. Ses yeux, durs et calculateurs, scrutaient la pièce.

— Calmez-vous, dit-il finalement, sa voix tranchante coupant les murmures.

Mais son ton autoritaire ne fit qu’amplifier la tension.

— Ce n’est pas une erreur, rétorqua Marco. Quelqu’un nous a volés !

La foule s’échauffa. Certains invités commencèrent à chuchoter entre eux, d’autres regardaient Jano avec suspicion. Elsa, toujours en train de jouer son rôle de serveuse, sentit l’atmosphère devenir électrique.

Dans l’oreillette, Karim murmura :

— C’est bon signe. Ils se retournent les uns contre les autres.

Mais pour Elsa, ce n’était pas une consolation. Elle savait que la panique ne tarderait pas à devenir de la violence.

Jano leva une main pour imposer le silence, mais son autorité semblait vaciller.

— Il n’y a pas de voleur ici, dit-il d’un ton glacial. Si quelque chose s’est produit, c’est un problème technique. Rien de plus.

— Un problème technique ?! s’exclama Marco. Ce n’est pas une panne informatique, Jano. C’est du vol.

Jano fit un pas vers lui, son regard menaçant.

— Tu es en train de m’accuser, Marco ?

Marco hésita, mais sa colère l’emporta.

— Tout ce que je sais, c’est que c’est ton système, ta maison. Alors oui, peut-être que je t’accuse.

Un silence glacial suivit. Jano, sans un mot, tourna les talons et s’éloigna lentement, mais son expression trahissait une fureur contenue.

Dans l’oreillette, Karim donna de nouvelles instructions.

— Vincent, Samir, sortez de là. Maintenant. Elsa, reste dans le hall. On va voir comment ça évolue, mais soyez prêts à bouger au moindre signe.

Elsa inspira profondément, posant son plateau sur une table. Vincent murmura à travers l’oreillette :

— Tiens bon, Elsa. On est presque au bout.

Mais pour Elsa, l’idée même de "tenir bon" semblait devenir plus difficile à chaque minute.

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