Ce n'est qu'en constatant le regard médusé d'Alyssa Dyron, la secrétaire, que je réalise à quel point ma tenue est provocante. Je me dis que c'est fichu, mais le clin d'œil et son sourire malicieux qu'elle m'offre, me soulagent quelque peu.

Quoique … C'est étrange !

La voix d'Alyssa au téléphone ne trahit absolument pas son physique. Svelte et élégante, elle incarne tout le charme que je n'ai pas. Alors qu'elle vérifie la liste devant ses yeux, ses longs doigts manucurés à la perfection tapotent gentiment mon nom alors que je cache désespérément mes mains de honte, avec mes ongles coupés à ras.

Et oui, pour peindre c'est plus pratique et, cela me fait moins d'entretien au quotidien !

Deux minutes chrono plus tard, j'entre dans un immense bureau semblable à tout l'étage et une blonde plantureuse me sourit en me déshabillant du regard.

Bien qu'elle soit belle, je peux néanmoins constater que son sourire fait grise mine. En même temps dans ce milieu de l'apparence, ça ne m'étonne pas le moins du monde, même si cela me déçoit. J'ai parfaitement conscience que ma personnalité, ne colle pas avec ce domaine, mais ma passion pour mes petites culottes passent bien au-delà de tout ça.

— Annabelle Justo, ravie de vous rencontrer. Elle me tend une main froide et sans pitié que je tente d'imiter en vain.

— Chinois, ça vous va ? Demande-t-elle précipitamment avant de prendre sa veste déposée sur le dos de sa chaise.

Prise de surprise j'opine timidement et la suit des yeux dans chacun de ses gestes. À peine dix minutes plus tard, j'expire le plus discrètement possible en attendant son chauffeur à ses côtés devant la porte principale. Elle est athlétique. Aussi, j'ai eu du mal à la suivre en traversant le bâtiment. Je suis essoufflée. Mon sang se glace un instant en découvrant le même SUV noir qui faillit m'écraser un peu plus tôt.

— Entrez je vous prie, me lance-t-elle agacée par ma lenteur.

— Euh, oui… La tête la première, j’enjambe la marche de l’antre glacée du véhicule.

Poitrine en avant, je peine à ne pas me cogner la tête en m’asseyant. Ma peur de mal faire prend le dessus et comme à chaque fois, je deviens gauche aux limites de l’indécence. Je n’arrive visiblement pas au bout de ma peine, car en relevant la tête, je croise le regard d’un homme assis devant moi, contemplant ma poitrine vulgairement exposée alors que je venais de lui offrir une vue imprenable à mes dépens.

Mon pouls s’accélère, au point que je frôle le malaise vagal. Je ne sais plus où me mettre et tente de regarder ailleurs alors que quelque chose m’oblige à observer ce mystérieux bel homme, qui ne me quitte pas du regard. Ses yeux d’acier se posent partout sur moi et me mettent incroyablement mal à l’aise. Alors qu’il s’adresse à Annabelle, je l’observe succinctement et constate que ses mains sont incroyablement puissantes ainsi que sa stature en général. Il parait presque aussi à l’étroit que moi dans son costume trois pièces sur mesure.

— Mademoiselle Crossley, je vous présente Monsieur Kingsrock. Directeur du Dress Code King et un des collaborateurs du DCK magasine.

Éberluée, je tends une main mal assurée vers cet homme impressionnant. Quelque chose me titille l’esprit tandis que ce trentenaire me dévoile une belle rangée de dents bien blanches.

Kingsrock… Kingsrock… Non LE KINGSROCK ?

Mon cœur rate un battement lorsque je m’aperçois que cet homme devant mes yeux n’est nul autre que Riley, capitaine de l’équipe de football alors que je n’étais encore que l’insignifiante et invisible Katherina, il y a de ça dix ans…