Chapitre 36 - combat de coqs

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Ce sont des yeux aussi gris que mon âme, à l'heure actuelle que je croise en premier dans le bâtiment de DCK. Riley m'attend de pied ferme.

Il veut mon rapport. Comment faire ?

Bien entendu, les quelques minutes me séparant des bureaux de Just dress à ceux de DCK ne m'ont pas suffi à prendre une décision rationnelle. Déjà, la nouvelle du lien de parenté entre Annabelle et Monsieur Carvin me chiffonne toujours. Je pense vraiment, que Riley aurait dû me prévenir. La seule chose dont je suis absolument certaine maintenant, c'est le fait que King profite bien d'Annabelle juste pour le business. Cela me console quelque peu, lorsque je pense à ce que j'ai failli faire avec lui.

Mon portable vibre, ce n'est pas le bon moment. J'observe rapidement l'écran et vois afficher le nom de Sharon. Je la rappellerai plus tard.

— Mademoiselle Crossley.

Kingsrock marche d'un pas plutôt pressé vers moi, et ne peut cacher son anxiété sur son divin visage. Mais par chance, Alyssa l'interpelle au passage, et arrive à capter son attention. Cela me laisse juste assez de temps pour me dérober dans mon bureau. Le cœur battant, j'essaie de trouver une solution. Surprise, je ne m'attends pas à y trouver Carl. Les mains dans les poches, il me toise, le visage sévère.

Oh merde ! 

—Où étais-tu, nom de Dieu ? Aïe, il ne manquait plus que lui. Sur ce coup, je n'avais pas été très maligne. En effet, suite à notre dernière entrevue, je l'avais bloqué temporairement de mes contacts. Il n'arrêtait pas de me harceler, et je m'étais promis, de le rappeler ultérieurement. Mais avec tout ce qui se passe, son existence était vraiment le cadet de mes soucis. Enfin, jusqu'à maintenant...

J'analyse rapidement la situation, mais je me sens incapable de m'occuper de deux sex-symbol d'un coup. Il faut que je me débarrasse de lui. Je me dirige alors vers lui en souriant faussement, et dépose un rapide baiser sur ses lèvres, afin qu'il se déride un peu avant de l'expédier de mon lieu de travail au moins pour la journée. 

—Tu ne penses tout de même pas que ça va suffire !

Alors que j'ouvre la bouche pour essayer de me défendre, les mains de Carl quittent hâtivement ses poches pour se retrouver directement collés au bas de mon dos, me lacérant presque les reins. Il m'attire vers lui. Je ne peux résister à une telle force.

—Carl je...

Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle, ni de finir ma phrase que les lèvres de Carl se collent déjà sur les miennes. Je manque d'air. Sa bouche m'assène, me torture, à en perdre la raison. Je ne ressens aucune passion dans ce baiser que ce soit de mon côté ou du sien. Seulement, de la colère et, presque de la rage. Je me débats, mais c'est inutile.

Plus je lutte, plus ses mains me serrent. Il commence à me faire peur. Un courant d'air dans mon dos, m'indique que la porte s'ouvre violemment. À peine, une fraction de seconde plus tard, et un énorme point, aux phalanges blanchit, embrasse la joue de Carl et me sépare de lui. Je respire enfin.

Sous l'impact, je m'écarte vivement et frôle une lamentable chute sur le sol. Les yeux ronds, j'observe la scène. Riley a le souffle court. Je parviens presque les battements de son cœur comme si je me trouvais tapis en lui.

Il faut que je m'interpose, et vite.

Mais, le niveau de testostérone ambiant m'empêche de bouger, mes jambes claquent et flagellent de panique.

— Qu'est-ce que tu veux, toi, hurle presque Carl sans donner l'impression de savoir à qui il s'adresse.

— Laisse-la tranquille, la dernière fois je n'ai rien dit, mais aujourd'hui tout a changé.

— Ah oui ?

Une lueur d'affront se dessine dans les yeux de mon amant. Je connais bien Carl, il aime la confrontation et c'est ce qui est en train de se passer.

—Ce n'est pas parce que tu portes un costard, connard, que tu as tous les droits sur cette femme. La dernière fois, comme tu dis je l'ai récupéré, complètement cassée. Et ça mon vieux, c'est ton œuvre. Il m'a fallu plusieurs heures de baise avec elle, pour qu'elle retrouve un minimum de vie en elle.

Me déplaçant doucement en crabe, le dos collé à la cloison, j'observe les lignes du visage tendu de Riley qui écoute silencieusement son interlocuteur. Tout comme dix ans plus tôt, sa posture laisse à présager que son corps s'apprête à passer à l'action. Je ne peux le laisser faire. Il est le patron.

— Monsieur Kingsrock !

Il ne m'entend même pas.

Dans un élan de courage, j'arrive en trois enjambées devant son torse. Il est tellement puissant que l'on peut à peine me distinguer derrière lui. Il ne me regarde pas. Les yeux rivés vers Carl, j'arrive à percevoir l'orage dans ses yeux. Les mains tremblantes, je pose alors ma main, délicatement sur sa joue. L'autre s'abandonne à plat sur son torse, comme pour essayer de temporiser les battements incessants de son cœur en furie.

— Riley, non.

L'espace d'un instant, le corps entier de King se raidit. Il met un moment avant de descendre ses pupilles vers moi, et son regard me transperce du plus profond de mon être. Je ne l'avais encore jamais appelé par son prénom devant lui, depuis que je travaille ici. Carl fulmine de nouveau, et comme un taureau prêt à charger, je le sens arriver droit dans mon dos.

Je suis fichue...

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