Chapitre 45 - Un sale quart d'heure!
La semaine passe à vive allure. Il ne me reste plus que quelques jours avant la fin du mois.
Je recevrais prochainement un coup de téléphone de Monsieur Carvin, et choisis de me plonger dans le travail dans l'espoir de repousser le moment fatidique d'une prise de position face à sa proposition.
Le comportement de Riley n'a toujours pas changé. Lorsqu'il s'adresse à moi, cela se fait toujours froidement, ou alors, il m'ignore. Mais, moi aussi je reste fidèle à la toute nouvelle Kira.
Pouponnée jusqu'au bout des ongles, j'aguiche à tour de bras tous les hommes qui se présentent. Et même le pauvre livreur de sandwich Kay, qui me rappelle sans arrêt d'où je viens. Au début, très gêné par mon comportement, il se contentait de sourire et rougir, d'une façon adorable.
Puis au fil des jours, je sens bien que Kay a pris de l'assurance puisqu'il se permet de me retourner mes compliments et voire de m'aguicher quand l'occasion s'y prête. Aujourd'hui encore Kay, se rapproche un peu plus de moi, ce qui n'échappe pas à mon très sexy mais nerveux PDG...
À l'heure de la traditionnelle réunion de fin de semaine avec tous les collaborateurs ainsi que Mark de la création, nous nous réunissons, dans la grande salle de séminaire du sixième étage. Présidé par Monsieur Kingsrock, nous entamons une longue discussion quant à la sortie du prochain numéro avec les articles à revoir ou supprimer.
Discrètement, Kai arrive avec son chariot, et nous sert gentiment des cafés ainsi que des viennoiseries. Alors qu'arrive mon tour, nous échangeons un regard entendu, et ce jeune châtain, au corps svelte me lance un clin d'œil charmeur qui est tout de suite intercepté par Riley.
L'arrogant choisit une stature hautaine pour appeler en silence sa position dans l'entreprise, comparé au grand, merveilleux et magnifique Riley Kingsrock.
Quelle impudence !
— Monsieur Sers, si vous avez fini, veuillez nous laisser. Nous avons encore beaucoup de travail capital a effectuer avant que la journée ne se termine.
Kyle pâlit, puis se résigne en opinant timidement avant de partir. Dire que j'étais à sa place à peine quelques semaines plus tôt...
Profondément affectée par l'insolence de Riley, je me ferme comme une huître, alors que ce dernier m'interroge sur les croquis de lingerie que je comptais rajouter au magazine avant sa sortie.
— Quelque chose ne va pas Mademoiselle Crossley?
Levant la tête, je croise le regard furieux d'Annabelle. Les lèvres pincées, elle tapote ses doigts sur la table dans un rythme encore plus stressant que la B.O des Dents de la mer, pendant que mon ex-amant s'adresse à moi sans même me regarder, continuant à parer sa couverture arrogante.
— Non, Monsieur Kingsrock.
Mon ton sec l'interpelle. Pour la toute première fois depuis notre entrevue dans mon bureau en début de semaine, nos regards se croisent. Le temps s'arrête soudainement et l'absence de ces mains sur mon corps, m'accablent presque m'en faire craquer. Si je m'écoutais, je passerais par-dessus cette table et lui ferait l'amour devant tous les collaborateurs sans aucune hésitation.
Non Kira, résiste bordel !
Je réfléchis un instant...
La raison finit par calmer ma concupiscence. Après tout, je suis la seule à être en manque entre nous deux, vu le quota de filles qui se bousculent au portillon. Un regard vers Annabelle finit de me pousser dans le droit chemin, car même s'il ne l'aime pas, je sais qu'il s'adonne à des parties de baises avec elle, et je ne souhaite tenir la chandelle plus longtemps.
— Nous en reparlerons tout à l'heure mademoiselle Crossley, lâche-t-il comme si c'était acquis.
— Une autre fois monsieur, je m'en vais de bonne heure aujourd'hui. Je pensais que vous aviez reçu mon mail.
King réfléchit, et ses traits se figent. Il parait affecté de mon culot.
Ah, tu n'aimes pas qu'on te dise non ! Hein ! Bien fait !
— Certes, passons !
L'atmosphère est étrangement alourdie. Tous les collaborateurs se regardent entre eux, et seul Mark ose me fixer, les yeux pleins de questions. En l'observant mon tour, je devine qu'il a des suspicions.
Cela ne m'étonne pas. Cet homme a plus de bon sens et de logique qu'une grande partie de ces collaborateurs. Le responsable création étire son regard entre moi et Riley à plusieurs reprises, et le haussement soudain de ses sourcils par-dessus ses lunettes me fait penser qu'il a peut-être deviné le malaise. Suite à cet incident, la réunion semble interminable. Je suis soulagé lorsque King nous invite à quitter la pièce. Mais je ne suis pas encore au bout de mes peines.
— Crossley ! Un instant je vous prie, je ne serais pas long...
Dommage ! Oups, mais qu'est-ce que je dis ?
Tous quitte la pièce, ignorant ainsi la demande du PDG. Tous, mise à part Annabelle qui, bien entendu me lance des couteaux dans le dos.
— Bon je pense avoir été assez patient comme cela, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Fidèle à mes nouveaux engagements personnels à son égard, je simule encore l'ignorance.
— Je ne vois pas de quoi vous...
Soudain, son poing s'abat lourdement sur la table. Je sursaute, et me redresse vers lui.
— Arrête de te foutre de ma gueule. Tu crois que je n'ai pas remarqué ton petit cinéma ? Tu couches avec lui maintenant ?
Blessée dans mon amour-propre, je fronce les sourcils et abandonne ma facette d'employée modèle un instant pour prendre le dessus :
— Qu'est-ce que ça peut te faire ?
La colère son visage jusqu'aux oreilles, le défigurant quelque peu. Aussitôt King se lève et contourne la table pour arriver à ma hauteur. Je tressaille et Riley approche son visage du mien pour s'arrêter à seulement quelques centimètres.
— À ton avis ?
...
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