Chapitre 56 - La longue matinée
— Crossley ! ... Oui, Alyssa passe le moi !
Le goût de ma salive se fait âcre. Je peine à déglutir et toussote pour me donner plus d'assurance.
— Crossley !
— Mademoiselle Crossley, c'est un réel plaisir de vous entendre de si bon matin.
Je ne peux pas en dire autant, vieux débris !
— Monsieur Carvin, que me voulez-vous ?
— Et bien, je pensais que mon message délivré ce matin par le biais des kiosques seraient suffisamment clair ...
— Je pensais également que votre parole valait plus que ça Monsieur Carvin.
— Vous êtes offusqué ma chère ? Peut-être que i vous vous seriez décidé plus tôt à me donner une réponse ... Je n'aime pas qu'on me fasse attendre et je n'ai pas eu de vos nouvelles depuis plusieurs jours, mademoiselle Crossley.
La colère monte d'un cran mais j'essaie de garder mon sang-froid.
— Il me semble que vous m'aviez donné jusqu'au trente et un monsieur Carvin, or il me reste encore vingt-quatre heures si je ne m'abuse !
— Certes mais cela m'a permis de vous donner un avant-goût de ce qui vous attend si vous vous trompiez de chemin.
— J'ai bien compris le message monsieur Carvin et je compte honorer ma parole demain... J'ai appris que vous seriez de la partie au gala de charité organisé par Maisy Guivers ?
— Tout à fait, mon futur gendre m'y a gentiment invité, mais je n'aurais manqué en aucun cas une occasion pareille de contempler l'envol de notre petite Birdy.
— Et bien je vous propose alors que nous nous voyons demain pour discuter plus clairement de mon futur contrat.
L'homme ne peut s'empêcher d'être surpris puisque il marque un temps d'arrêt avant de me répondre presque en jubilant.
— Oh ma chère ce sera avec plaisir. Dans ce cas je ne vous embête pas plus longtemps et vous laisse vous préparer pour demain.
— Parfait monsieur Carvin, je vous souhaite une excellente journée.
Bip Bip
— ... Alyssa ? Pas un mot de tout ceci à qui que ce soit. Fais venir Marc s'il te plaît ! Merci.
Bip Bip
Toc Toc...
Bien sûr, je n'ai pas le temps de répondre, que les talons aiguilles d'Annabelle claquent déjà sur le sol en direction de mon bureau. Sans même me jeter un regard, la grande blonde fronce son nez sur une tonne de documents qu'elle me tend juste après me dire :
— Kira, il faudrait que vous regardiez tous ses rapports mensuels et trimestriels pour moi. Riley attend un bilan complet de ces cinq dernières années pour cet après-midi mais je dois m'absenter pour un rendez-vous important.
Je feuillette brièvement les nombreuses pages avant de m'indigner subitement, consciente de tâche gargantuesque qu'elle m'inflige.
— Mais je n'étais même pas là, je vais en avoir pour des heures... Me plaigné-je.
— Mademoiselle Crossley...
Cette fois-ci la vipère se penche sur le bureau pour venir me planter ses couteaux directement dans mes prunelles, puis elle enchaîne :
— C'est le travail d'une collaboratrice mode. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué nous sommes en crise. Riley attend beaucoup de cette réunion et je ne peux décemment pas décaler mon rendez-vous avec Giovanni...
— Le célèbre Weedind Planer ? Je ne vois pas l'urg...
— Avez-sous seulement la moindre idée du mal que je me suis donnée pour avoir ce maudit rendez-vous avec le meilleur des organisateurs en moins de deux semaines... Je n'ai pas le choix ! La date est proche et j'ai un bon milliard de chose à faire pour préparer le plus grand mariage de l'année en moins d'un mois.
Une chance que je suis assise, un peu plus et je m'étale de ma chaise.
Un mois ! ... Mais il ne m'en a même pas parlé ... Ne serait-il pas en train de me mener en bateau ? En même temps ne suis-je pas moi-même encore plus à blâmer que lui vu ce que je projette de faire d'ici peu ...
Encore abasourdie par cette annonce, j'opine simplement et saisie la pile de documents en les mettant sur le côté de mon clavier. Vaincue, je lui demande sans cacher mon mécontentement :
— La réunion est à quelle heure ?
— Vous me faites plaisir mademoiselle Crossley ... Quatorze heures, tapante. Ne soyez pas retard, et commencez dès maintenant ... Vous dinerez mieux ce soir...
Un rapide coup d'oeil à mon ordinateur qui m'indique onze heures...
C'est une blague ?
— Bien mademoiselle Justo.
— À la bonne heure ! Je vais déjeuner avec Riley et je pars juste après... Ne m'appelez pas je serais injoignable.
À peine Annabelle a-t-elle franchi la porte de mon bureau en la claquant que je lâche instantanément ma tête sur mes mains pour me massant les tempes.
Cette journée n'en finira donc jamais...
Bip Bip
— Oui Alyssa ?... Soupiré-je.
Un silence suivi d'un rire amusé vibre dans mes tympans et me redresse la tête.
— Je ne suis pas Alyssa, mademoiselle Crossley...
Surprise, je me reprends et bégaie malgré-moi.
— Bakes ?...
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