Chapitre 88 - Kira détective
Ses traits, ridés par endroit, se détendent d'un coup. Et son regard retrouve toute sa bienveillance, malgré une tristesse indéniable qui l'habite.
— Vous ne répondez pas à ma question, tenté-je d'un œil inquisiteur.
— Si vous le voulez bien, j'ai quelque chose à vous dire avant.
— Ok, je vous écoute.
Déçue, inquiète et curieuse, je bois les paroles du vieillard en frottant frénétiquement mes mains moites sur mes cuisses nues.
— Riley est rentré dans la société dès la fin du lycée...
Oh merde, il remonte si loin ? Secouant la tête, je le laisse continuer en me mordant la lèvre d'impatience.
— Il a fait une année en gestion parallèlement, mais le plus souvent, il était avec moi... Ça a commencé lorsque je vous ai payé pour disparaître de sa vie...
Rien que le fait d'évoquer ce passage de notre passé commun, me fait froid dans le dos. J'ai toujours détesté cette période...
— Comme je vous l'ai dit devant le bureau de Carvin, il ne vous a jamais oublié... Riley a été anéanti après votre départ. Vous savez, il a perdu sa mère très jeune, et malgré ses airs autoritaires, j'ai toujours su qu'il avait hérité de la sensiblerie de ma défunte épouse... Les mois ont passé, puis les années, mais il a continué de penser à vous. Il a même engagé un détective pour vous retrouver, mais c'était visiblement un escroc puisqu'il lui avait informé de votre soi-disant départ pour l'Europe...
Kingsrock père rit avec une once d'amertume. Je sens bien que tous ces mensonges n'ont pas été facile pour lui à assumer.
— J'aime mon fils, mademoiselle Crossley. Bien plus qu'il n'y parait. Depuis le décès de ma seconde épouse, je ne peux compter que sur lui pour assurer ma succession, et cela m'a obsédé pendant des années. Si bien, que j'en ai oublié le bonheur de mon fils. Je l'ai sacrifié pour assouvir mon rêve.
Je ne rêve pas ! Les yeux brumeux du vieil homme suintent avec pudeur. Je repense à tout ce qu'il s'est passé depuis mon arrivée et DCK et quelque chose m'échappe.
— Riley à bien une sœur ?, Non ?
— Une demi-sœur en effet, c'est la fille unique de ma défunte épouse Cynthia. Même si je l'aime comme ma propre fille, je ne peux pas lui laisser les rênes... Tout cela, pour vous dire Mademoiselle Crossley, que dans son malheur de jeune homme, Riley a fait énormément de bêtises, que j'essuyais à coup de liasses de billets. Et cette stagiaire sur le point d'être majeure, en fait partie...
Tout comme moi, visiblement...
— Mais, la jeune fille était juste enceinte lorsque mon fils l'a... séduite. Il a fallu que j'achète son silence une petite fortune, et c'est ce qu'on lui balance en pleine figure aujourd'hui...
— Ce n'est donc pas son enfant ?
— Non, il a été victime d'une machinerie scandaleuse...
— Je comprends...
Et ô mon Dieu, je suis rassurée !
— Pourquoi me dire tout cela Monsieur Kingsrock ?
— Pour m'excuser. À l'époque j'étais aveuglé et avide. Personne n'était assez bien pour mon fils, et je voulais qu'il reste dans le droit chemin. J'avais tort. Je vous prie de me pardonner... Je voulais également vous demander vos intentions envers lui, maintenant que vous vous êtes dévoilée au grand jour.
— Vous êtes pardonné Monsieur Kingsrock. J'ai mûri et progressé. Ma rencontre avec Riley, il y a dix ans, est resté mon plus beau souvenir. Mais aujourd'hui j'ai découvert un autre homme. Professionnel, bienveillant avec ses employés et talentueux. J'ai tout à fait conscience qu'il vous doit tout cela, et je vous en remercie. Mais, je ne compte rien faire de plus. Je me suis inquiétée en voyant les couvertures de ce matin, mais malheureusement, je n'ai aucun droit sur lui. Il n'est pas au courant que vous m'avez payé pour disparaître, et je ne supporterais plus de le décevoir à nouveau...
— Ma chère, je l'ai mis au courant le soir du gala.
— Pardon ?
— Je tenais à lui dire la vérité. Il était anéanti et je ne voulais pas qu'il vous en veuille.
— Pourtant, il n'a pas essayé de me contacter Monsieur Kingsrock. Je pense que vous surestimez son affection pour moi.
— Comme vous me l'avez si gentiment dit, il me doit une certaine droiture au travail, et ce que je trouve amusant sortant de votre bouche : de la bienveillance. Mais ce n'est pas tout. La fierté, et l'orgueil font partie intégrante de son caractère. Tel que je le connais, il ne sait pas comment se comporter voilà tout...
— Comment va-t-il ?
— Maintenant que vous avez tous les éléments en votre possession, je vais pourvoir y répondre à votre question, mon enfant. Il a disparu...
— Pardon ?
— J'ai reçu un coup de téléphone d'un certain Mark qui parle beaucoup, et il m'a dit qu'il n'était pas venu à DCK depuis plusieurs jours, et qu'il était inquiet. J'ai bien entendu essayé d'aller le voir chez lui, le courrier s'accumulent, il n'y est pas non plus. J'aimerais autant que possible, ne pas faire un nouveau scandale. Aussi, je fais appel à votre connexion avec Riley pour essayer de le retrouver. Une chance que je suis assise. Riley a disparu.
Ces trois mots ont manqués de me crever le cœur, et il continue.
— Je vous assigne Jeffrey, mon chauffeur et ami de longue date pour vous aidez. Puis-je compter sur vous et votre discrétion ?
— Bien sûr ! Il le faut.
Ma détermination semble l'impressionner.
— Parfait, je vous laisse avec Jeffrey. Il arrivera d'ici vingt minutes avec une voiture un peu plus discrète qu'une limousine. Voici mon numéro où me joindre pour la moindre question. Retrouvez-le Katherina... Je vous en prie...
Sa supplication me gonfle à bloc. Il faut que je le retrouve, coûte que coûte, même si j'ai déjà une petite idée...
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