Shoot-out
Le seul son qui résonna dans la ruelle fut celui de la culasse chargé , claquant en emmenant la première munition du chargeur dans la chambre.
L'homme un costume noir resta devant l'entrée du pub malfamé quelques instants , éclairé par le néon vert trônant au-dessus de l'enseigne rouillée , fusil en main , pistolet coincé dans le dos de son pantalon , protégé par un simple gilet pare-balle sous sa veste.
Il s'avança vers la porte , à quelques centimètres seulement , déjà gêné par la musique assourdissante du pub. Il se recula d'un pas et jeta son pied dans la porte qui s'ouvrit brutalement. À peine son pied retoucha terre qu'il avait déjà son fusil calé à l'épaule , l'œil dans la mire. Il tira trois rafales et abattit les trois premières personnes dans l'angle de la porte , sans qu'elles aient eu le temps de réagir. Déjà le barman glissa une main sous son bar , mais il n'eut que le temps d'agripper son Beretta planqué sous le bar que trois autres impacts apparurent sur le mur derrière lui , maculé de sang. Il tomba raide , foudroyé.
Douze munitions , encore dix-huit dans le chargeur , il restait une bonne vingtaine de personnes dans la salle mais en soustrayant les quelques serveuses et clients lambda le chargeur devrait suffire , question de précision.
Inspiration , concentration... Son index droit décale le cran du sélecteur de tir sur le mode semi-automatique , plus précis , plus économe mais pas moins dévastateur entre ses mains. Le canon pointé sur un homme main à la ceinture : déclic , explosion , flamme , un de plus au tapis. Certains ont enfin réussi à dégainer leurs armes et commencent à tirer sur cet insaisissable fauve qui les abats à la chaîne , impitoyablement. Les balles fusent , de plus en plus près de lui , mais loin de le paniquer ou de le déconcentrer il continu lui aussi à faire feu. Faisant mouche coup sur coup , avec précipitation mais précision. Son doigt appuis sur la détente mais cette fois ci le percuteur résonne seul dans la chambre. Plus de munitions. Silence fracassant , temps mort. Cette seconde qui passe semble durer une éternité , l'aiguille de l'horloge bloquée. Un répit sourd au milieu du chaos.Enfin un éclair traverse l'éternité de cet instant et casse cette scène figée. Une balle le frappe dans le dos. La torpeur passe , il lâche son fusil qui tombe lourdement sur le sol et extirpe son pistolet en une fraction de seconde. En un éclair il s'élance vers une table qu'il renverse d'un coup de pied et saute pour s'abriter derrière. Pluie de balles. Le bois craque à chaque impact et des morceaux volent de tout les cotés. Par chance aucune munitions n'arrive à traverser le bois épais de la table. Une fois l'averse passée et les bruits de chargeurs vides l'homme se relève encore à moitié abrité par le meuble et à son tour fait pleuvoir le feu et le plomb. Les trois hommes alignés en face de lui comprennent leur erreur. Se retrouver sans munitions face à un fauve n'est pas une excellente idée. Aucun n'en réchappe. Les trois proies se retrouvent face contre terre , inertes , baignant dans leur propre sang , chacun avec un trou dans la poitrine , tels trois jumeaux calqués les uns sur les autres.
Le silence revient , l'atmosphère est lourde , une atmosphère de mort. Le bar repeint en rouge , remplit de corps mutilés. Certains ne sont pas morts mais n'ont plus la force d'émettre le moindre râle. Soudainement une porte menant au sous-sol s'ouvre brutalement. Un grand homme barbu se tient dans l'encadrement , un fusil à pompe dans les mains , tel un chasseur déterminer à abattre ce prédateur qui a fait tant de ravages. Le Fauve saute derrière le comptoir , évitant une volée de chevrotine de peu. Il commence à tirer à l'aveugle au-dessus du comptoir , à la libanaise , mais l'autre continu à tirer , explosant quelques bouteilles d'alcools encore intactes sur les présentoirs et les étagères. L'échange fait rage , le verre le bois et l'alcool explosent et s'éparpillent au rythme des coups de feu. Le Fauve finit par écouler son chargeur , situation délicate. L'autre en profite pour recharger son fusil. Il entend les cartouches entrer une à une dans la chambre , cherchant désespérément une solution. Il remarque alors le corps du barman près de lui , le Beretta! Il attrape le pistolet près de la dépouille et se redresse rapidement, l'autre n'est plus qu'à quelques mètres de lui. Son visage se décompose en voyant le Fauve surgir face à lui , arme en main , il n'a pas le temps de relever son fusil que ses genoux explosent et il se retrouve à terre , désarmé , poussant d'affreux râles de douleur. Le Fauve repose le Beretta sur le comptoir puis calmement replace ses cheveux , sort un verre et le remplit avec une des rares bouteilles survivantes de la fusillade. Il l'avale d'une traite et sort de derrière le comptoir toujours calmement , lentement. Il se dirige vers le barbu agonisant au sol , rampant vers son fusil. Il lui écrase la main avant qu'il puisse l'atteindre , le ramasse , ramasse la dernière cartouche que le barbu n'eut pas le temps d'engager et se dirige vers la porte depuis laquelle il était sorti. Il accède à l'escalier menant au sous-sol , il sait déjà ce qu'il va y trouver et où chercher , il est déterminé à la retrouver , un fauve n'abandonne jamais son petit.
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