- Mais… Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?

Je ne comprenais pas ce que je voyais. J’étais là, devant les étagères de mon atelier, à les fixer bêtement sans savoir quoi faire. J’étais devenue folle, ou quoi ? Le miel avait été mis en pot, et rangé sur les étagères. Sauf que, ce n’était pas moi qui l’avait fait. Mon père ne touchait pas au miel. Jamais. Il détestait ça, et avait peur de faire une bêtise à chaque fois que je lui demandais d’accomplir une tâche, aussi simple et banale soit-elle. Je n’avais aucun souvenir d’avoir demandé à quelqu’un d’autre de le faire pour moi.

Je regardais partout en commençant à m’agiter. J’ai ouvert la centrifugeuse. Elle était vide bien-sûr. Le maturateur… vide, lui aussi. J’allais maintenant à grands pas dans tous les sens pour vérifier un peu partout que c’était bien mon miel que je voyais sur les étagères, et que ce que j’avais découvert n’était pas le fruit de mon imagination en proie à une hallucination, à un délire de persécution ou que ma mémoire ne me jouait pas, elle aussi, des tours. Comment pouvais-je vérifier qu’il s’agissait de mon miel, d’ailleurs ? Les bacs étaient certes vides, mais… Je me perdais. Les pensées s’enchaînaient, se bousculaient, me rendant paranoïaque.

Stop ! Je respirais un grand coup. Il y avait nécessairement une explication. J’ai fermé les yeux en inspirant, déployant mes narines à l’extrême, puis les ai rouverts en expirant par la bouche, le plus lentement possible.