Chapitre 7 - 26 Octobre 2027

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- Ça va ?

- Oui, oui, t’inquiète pas.

Surprise la tête dans les mains ! Pas la peine de mentir, j’étais déjà démasquée. Je sentais que quelque chose de pas normal se passait à l’école depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, même.

- T’as pas remarqué qu’Anouk avait un comportement bizarre, ces derniers temps ? Ai-je lancé

- Quel genre ?

- …

Je soupirais, de désespoir plus que pour réfléchir. Je fermais les yeux.

- ...

- Je la trouve pas bien bavarde, mais c’est comme ça qu’elle est, non ? Et puis, qui je suis pour l’en blâmer ?

Puis, après une courte pause :

- Je pense qu’elle essaie de se rapprocher de moi.

Je levais la tête assez brusquement.

- Enfin, je voudrais pas surinterpréter, mais je la trouve plus chaleureuse… enfin, moins froide. J’ai l’impression qu’elle essaie de me dire quelque chose, parfois.

- Ah bon ? Mais comment ça ? Moi, je sentais plutôt comme… une cassure entre vous, dernièrement, ai-je repris, plutôt intriguée.

- Y’a eu ça y’a quelques semaines, je ne sais pas pourquoi. Mais là, ça change.

- D’accord. Genre ?

- Ben, une fois, elle traînait dans le salon, sans rien faire mais en se déplaçant. Elle a traficoté un bibelot, puis elle l’a reposé. Elle attendait une occasion pour engager la conversation, je pense. Mais c’est pas venu. Je sais pas m’y prendre, tu sais…

- Quoi ? Mais non, c’est super dur avec une ado !

- Mouais… Et puis, la dernière fois, j’ai vu qu’elle me regardait, et j’ai senti qu’elle voulait engager la conversation, à nouveau. Mais j’ai pas su quoi dire, là non plus. Je voulais pas la braquer, je voulais la laisser venir et puis au final, ça a servi à rien. Je voulais t’en parler, c’était la semaine dernière, et après j’ai oublié... Pardon.

J’essayais d’être rassurante.

- Je t’en veux pas une seconde! Merci de me l’avoir dit, déjà ! Tu as senti qu’il se passait quelque chose d’important, et sans ton incroyable sensibilité, ça ne serait pas arrivé.

- …

Je sentais de la gêne, il fallait que j’éclaircisse les choses :

- Quoi ? Il s’est passé quelque chose d’autre ?

- C’est aussi par loyauté que je voulais pas t’en parler, au début. J’ai pressenti qu’elle voulait me demander quelque chose à moi… Et juste à moi. Je voulais pas qu’elle se sente… trahie si je t’en parlais. J’ai pris ça comme un test.

J’ai reculé ma tête en arrière en haussant les sourcils. Ma fille veut parler à quelqu’un d’autre que moi ? Je pense que leur relation a été bonne, même très bonne durant toutes ces années. Mais comme je le disais tout à l’heure, ça a changé dernièrement. Les choses ont dérapé et je sentais que le problème ne venait pas de moi. Et puis, c’était mon bébé, et elle était comme moi : entière. Soit elle aimait, soit elle n’aimait pas. Et quand c’était le cas, elle ne faisait pas de concession.

Je levais les yeux pour l’écouter à nouveau m’expliquer la situation que je découvrais avec stupeur. Pourquoi est-ce qu’on m’avait rien dit ? Qu’est-ce qui m’échappait? J’avais mal à la gorge, par peur qu’il soit arrivé malheur à mon bébé.

- Je sais que ça te vexe, et c’est normal. Je veux pas te faire de mal, juste être sincère. Je sens en effet qu’il se passe quelque chose. Peut-être que c’est trop dur d’en parler à sa mère ? Moi, elle s’en fiche, je vais pas la juger…

- Je la jugerai jamais !

- Bien-sûr. Mais tu vas certainement avoir peur pour elle, ressentir de la colère si quelqu’un lui fait du mal, et peut-être ne pas réagir comme elle en aurait besoin. Peut-être qu’elle veut me parler de quelque chose sur lequel on se comprendrait parfaitement, elle et moi…

- C’est-à-dire ?

- Je préfère attendre qu’elle vienne vers moi...

Je reprenais profondément ma respiration. Je retrouvais l’espace de quelques secondes le sourire. Je n’en avais jamais douté depuis toutes ces années mais j’avais rencontré l’amour de ma vie, mon âme sœur. Il fallait que je fasse tout ce qui était en mon pouvoir pour la reconquérir. Et que j’arrête d’écouter toutes ces personnes jalouses qui ont eu une influence néfaste sur nous. Elles ne savaient pas, elles ne comprenaient pas.

Elle s’occupait de ma fille comme si c’était la sienne depuis de nombreuses années, en plus. Si ce n’était pas une preuve d’amour inconditionnel, ça...

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