Chapitre 17
J’étais au bout du couloir, quand Séb et Anouk sont rentrés. Je ne disais rien, j’attendais.
- Je peux te parler ?
- Oui…
- T’es toute seule ?
- Oui…
On se dirigeait dans la cuisine quand on a entendu sonner à la porte. Séb est allé ouvrir.
- Coucou !
- Ah, coucou ! Ça va ?
Je me suis crispée en entendant sa voix. J’ai entendu qu’ils se faisaient la bise.
- Moyen, et toi ?
- Mince. Moi ça va.
- Tu peux venir, s’il te plaît? a-t’il chuchoté en montrant la cuisine d’un pouce placé au-dessus de son épaule pendant qu’Anouk montait bruyamment les escaliers avant de faire claquer la porte de sa chambre.
- Oui d’accord... mais, rapidement, alors.
- Oui, t’inquiète pas. C’est assez important, sinon je te le demanderai pas. Tu voulais parler à Norah, au fait ?
J’ai arrêtée de bouger pour bien entendre sa réponse.
- Je suis juste venue ramener sa crème à Anouk, elle l’a oublié chez moi la dernière fois. Elle en a vraiment besoin...
- En effet, elle se met la peau à vif en ce moment.
- Pauvre puce.
- Viens !
Ils sont entrés dans la cuisine.
- Salut.
- Salut, ai-je répondu, un peu gênée.
- Je suis venue ramener la crème…
- Oui, j’ai entendu. Merci beaucoup pour elle.
Silence gêné.
- Bon, alors, ai-je repris pour noyer le poisson, en me tournant vers Séb, ça s’est mal passé, chez tes parents?
- Non, non, tout va bien ! a répondu Séb avec un sourire de clown.
- Haha, très drôle... Je la refais : qu’est-ce qui s’est passé ?
- Je vous la fais courte : ma mère a parlé d’offrir un smartphone dernier cri à Anouk pour Noël !
- C’est tout ? Ai-je hurlé en arquant mes sourcils et en gardant la bouche grande ouverte.
J’ai plaqué ma main contre ma bouche.
- Pardon…
- Moi, pardon. Je crois que je dois me calmer un peu, là.
Séb a soufflé un grand coup.
- La petite avait l’air au courant, en plus.
- Ah bon ?
- Oui...
- Quelle fouille-merde, ai-je marmonné en serrant les dents.
Séb a haussé les sourcils, en signe d’approbation.
- Pardon, Séb. J’aurais pas du dire ça…
- T’as raison, pour le coup. Elle me gonfle depuis longtemps, mais là, faut dire qu’elle se surpasse. Et mon père, qui est là à côté…
- Et qui réagit pas…
- Et même, paraît-il que je serais coincé.
Il a soupiré avant d’ajouter.
- Il a voulu servir du vin à Anouk…
- Hein ? Ils sont pas bien...
- On a failli partir pendant l’apéro. Finalement, après leurs supplications, on est restés. Mais j’ai fait ça pour Anouk, pour qu’elle ait un lien avec eux. Et dans la voiture, je l’ai questionnée, et elle m’a dit qu’elle avait eu ma mère au téléphone la dernière fois et qu’elle lui avait déjà promis un smartphone.
J’ai froncé les sourcils en regardant Shannah qui a émis une hypothèse :
- Elle veut qu’elle s’en aille d’ici, et qu’elle revienne vivre avec toi, non ?
- C’est ce que je me suis dit aussi, a-t’il dit.
- Elle me déteste, c’est pas étonnant.
- Ah mais non, elle peut pas te détester, elle te connaît pas !
- Oui, mais, pour elle, je suis dangereuse. Elle veut pas qu’Anouk soit comme moi.
- C’est à peu près ça...
- En tout cas, ça expliquerait son comportement de ces dernières semaines… ai-je conclus.
- Le comportement d’Anouk ? a demandé Séb.
- Oui. Tu sais, je t’en ai parlé la dernière fois… ai-je dit.
- Elle a changé de comportement brutalement avec vous ? A-t’il demandé en se tournant consécutivement vers chacune de nous.
- Avec moi, oui. Surtout avec moi, je pense, a avoué Shannah.
- Je pense aussi...
- Elle est sous influence, a tenté d’expliquer Séb.
- Oui, je vois ce que vous voulez dire, ai-je admis. Mais je pense qu’il y a quelque chose d’autre. Un truc qui la tourmente beaucoup.
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