Once upon a time (il était une fois pour les ignares) dans un pays lointain, oui, très lointain, par-delà les montagnes, par-delà les océans, très très loin. Non, je ne vous dis pas où, loin, je vous dis !

Bref, il y avait dans un château, un roi et une reine - jusque-là, rien que de très classique. Ces deux-là devaient forcément « fricoter » un peu ensemble puisqu’un beau jour, la reine tomba en cloque. Un certain temps après- je ne sais quand - cette dernière accoucha. Oui, il parait que c'est environ 9 mois, une grossesse, sauf que ce n'est pas dans notre monde, vous savez, alors tout est possible, cinq mois, dix-huit, tout est possible dans une histoire inventée et je n’ai pas envie d’être précis, au moins sur ce point-là.

Quel événement dans le royaume ! Tout le monde se pressa au château pour voir le nouveau-né. Car oui, c’était UN nouveau-né, l’héritier du trône. Donc, tout le royaume et même plus se pressait à l’entrée du palais royal afin de voir le futur roi. Bon, ça ne serait pas pour tout de suite, mais les gens aiment bien se projeter dans l’avenir… N’est-ce pas ? Vous croyez que c’est de la simple curiosité ? C’est possible, oui…

Ce bébé avait une particularité, pas vraiment la pire qui puisse arriver à un nourrisson : il était beau. Tout simplement beau, d’une beauté évidente, simple, qui ne souffrait aucune critique. Comme s’il était la beauté même.

Ses parents, gentils et bons monarques, ne brillaient pas par leur imagination - ben oui, ce n’est pas incompatible - l’appelèrent tout simplement « Bo ». Même pas « Beau », juste « Bo… Aucune imagination je vous dis, mais un sens particulier de l’orthographe aussi, cela dit, ce n’est pas le propos de l’histoire.

Comme ils aimaient bien qu’on les aime et qu’on leur rende hommage, à eux et à leur nouvel héritier. Chacun vint donc, certains devins, qui avec du vin, d’autres en vain mais ils vinrent toutes et tous. Tous sauf une. Ils avaient oublié de prévenir la vieille tante Adèle, tellement vieille qu’elle était presque morte… (Désolé, mais j’ai pas pu résister à la faire celle-ci, je sais, je suis consternant…). Adèle donc, frêle, presque morte mais pleine de haine, jeta un sort sur le petit Bo en affirmant qu’au jour de ses 18 ans, il se piquerait le doigts avec une épée en bois et qu’il en mourrait, laissant ses parents dépérir de chagrin par la suite, ainsi que les courtisans et tout le royaume :

• Vous allez tous crever !! Y avait qu’à m’inviter mais là, c’est trop tard ! Niark, niark, niark, niark (rire sardonique).

Voilà, la malédiction était lancée, rien ne pouvait la retenir. Les sœurs de la reine, fées bienveillantes, essayèrent bien de lancer des sorts, des enchantements, des que sais-je, mais bon, sans grand succès.

Naturellement, le roi et la reine firent interdire toutes les épées en bois. Enfin, allez empêcher des gamins de prendre une branche, d’imaginer que c’est une épée et de mimer des combats entre eux ! Autant enlever tous les arbres du royaume. Ça aussi, il y avait bien pensé le roi, mais heureusement, un conseiller lui avait déconseillé. C’est aussi son rôle de déconseiller. Bref, tout le monde s’était mis à se battre avec des épées en métal… C’est con, ça faisait plus mal et il y avait plus de mort dans les combats, mais au moins, il ne s’agissait pas d’épées en bois et donc le prince n’en mourrait pas.

Le seul truc qu’elles avaient réussi, les sœurs de la Reine, ça avait été d’atténuer le sort de la vieille Adèle : Bo ne mourrait pas mais il dormirait juste quelques années, une bonne grosses sieste bien longue pour un bon quart de siècle, voire deux. On n’a pas 100 ans quand même dans cette histoire, vous avez certainement d’autres trucs à faire, non ?

Donc le petit prince, le beau Bo, grandit, préservé des combats aux épées en bois, mais pas des combats avec des épées en métal. Il acquit donc quelques cicatrices çà et là et perdit même quelques doigts, sans parler d’un morceau d’oreille et d’un petit bout de son nez. Mais il restait le beau Bo… Un peu moins beau mais cela n’empêchait pas les filles de la cour d’aimer son côté guerrier couturé et blessé. En même temps, il était beau mais pas très fin… Enfin, si, mince mais un peu con. Il n’avait pas inventé la table de logarithmes, quoi.

Alors, un petit aparté : je ne fais pas comme l’auteur moyen en disant « il n’avait pas inventé l’eau chaude », parce que justement, à l’époque et en ce lieu-là, l’eau chaude n’avait pas encore été inventée. Pour le coup, ça aurait été une invention révolutionnaire et donc, il n’aurait pas été con. Or, il l’était, indéniablement, indubitablement.

Con, et gentil, pas le méchant con, non, juste un gentil con, con. Brave mais pas très intelligent. On pouvait aisément lui faire prendre des sushis pour des citernes - les vessies n’avaient pas encore été identifiées et les lanternes n’avaient pas plus été inventées (curieusement dans ce monde, les sushis et les citernes, oui). Pour vous dire, quelqu’un s’amusa même à lui faire croire qu’une épée en bois était en métal… Heureusement que le maitre d’armes du château s’en aperçut. Le plaisantin eut les bras et les jambes coupés puis recousus à l’envers. C’est-à-dire les bras à la place des jambes et inversement. Une punition vraiment cruelle pourtant très en vogue à l’époque.

Le beau Bo - de moins en moins beau, quand même, pas moche non plus… surtout futur roi - grandit doucement mais sûrement, surveillé comme le lait sur le feu - oui, le lait chaud avait été inventé - cependant personne n’avait imaginé qu’on pouvait en faire de même avec de l’eau… Non, mais pourquoi faire, franchement ? Il était tenu éloigné du moindre bout de bois, fut-il poli et lisse comme le crane d’un moine. Car dans ce royaume, les moines avaient déjà été inventés. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée.