Prouesse
Aucun sentiment douloureux ne me hante. Je reste interdite, confuse, déconcerté par son silence. Je fixe l'icône de l'application depuis des jours maintenant, déconcentré par l'absence de notification.
Je manque souvent de discernement et ma bravoure se rapproche davantage de l'imprudence. Je ne peux qualifier mes déclarations excentriques comme une prouesse. Elles me blessent la plupart du temps. Mon inscription sur l'application datait de quelques mois, mais il ne swippais pas, Jamais. Alors, mon idée d'élaborer comme Claire dans "Celle que vous croyez" de Camille Laurens, un stratagème pour enfin avoir une chance de le connaître aussi téméraire que cela puisse être, me parait stupide à présent.
Quelques jours après la création de mon faux profil. il swippe enfin à droite. Je trouvais ça terrible. Il devait être seize heures quand la petite flamme sur mon écran m'informa d'un match. Je savais qu'il s'agissait de lui, mais lui ignorait qu'il s'adressait à moi.
Chaque jour, je me demandais si je risquais quelque chose. Je restais moi-même dans chacune de nos conversations, je voulais être honnête et mes réponses me révélait un peu plus à chaque fois. Pensant qu'il n'en savait pas autant sur moi, je répondais à ses questions. J'ignorais qu'il tentait de me démasquer. Après m'avoir confié qu'il se doutait de mon entourloupe, il ne répondit plus. Décontenancé, il fallait me résoudre à effacer son numéro de mon répertoire avant de commettre l'irréparable. Je devais le laisser venir à moi.
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