CHAPITRE 10 – Marcel

Mercredi 5 mars 2014. CHU de Fort de France

Lorsque Lucie entra dans la chambre ce mercredi matin, elle fut soulagée de constater que son mari avait meilleure mine que lorsqu’elle l’avait quitté la veille au soir. Il avait sans doute mieux dormi. Elle s’approcha du lit, déposa délicatement un baiser sur son front et s’installa sur une chaise située à proximité tout en lui prenant la main. Comme il avait l’air serein... Jamais elle n’avait eu aussi peur de le perdre. En le voyant si fragile et démuni, son coeur se serra. Quelques petits coups frappés discrètement à la porte lui firent lever les yeux et elle reconnut le médecin. Marcel se réveilla à cet instant.

— Alors jeune homme, comment vous sentez-vous ce matin ? demanda le docteur d'un air faussement jovial.

— Pas trop mal.

— Tant mieux. Je constate que vous avez même repris des couleurs. Normalement, vous ne devriez plus ressentir de douleurs grâce au traitement que l’on vous a administré.

— Qu’est-ce qui m’arrive, Docteur ? interrogea Marcel, en proie à l'inquiétude.

— Justement, je tenais à m’entretenir avec vous à ce sujet. Dès votre arrivée dans nos services, nous avons effectué une série d’examens, notamment une prise de sang qui a révélé un taux anormalement élevé de PSA.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Une protéine, un indicateur de l’état de santé de votre prostate.

Le médecin toussota avant de poursuivre :

— À ce propos, dans votre famille existe-t-il des antécédents de problèmes de ce genre ?

— Pas à ma connaissance, répondit le jeune homme angoissé.

— De toute façon, le diagnostic ne se basera pas uniquement sur ce résultat, nous allons vous faire une biopsie pour être fixé. Il s’agit d’un prélèvement de petits fragments de tissu de votre prostate. Ne vous inquiétez pas, vous serez anesthésié localement, vous ne sentirez presque rien. Mais avant, prenez cet antibiotique.

— Et vous prévoyez ça pour quand ? s'inquiéta Marcel.

— Le plus tôt possible, inutile de perdre du temps. Nous avons planifié cette intervention pour 9h mais avant, nous devons vous préparer.

Le médecin se tourna vers Lucie et avec un sourire compatissant :

— Madame, je vous le laisse encore cinq minutes, ensuite il est à nous.

— Merci Docteur, murmura Lucie.

Après le départ du médecin, Marcel et Lucie plongés dans leurs pensées, restèrent un long moment sans oser prononcer une parole. Sous le choc, ils tentaient vainement de rassembler leurs idées. À cet instant précis, ils comprirent que désormais plus rien ne serait comme avant.