21. Impatience
Le dimanche arrive. Je me sens seule, et je repense sans cesse à la journée de samedi. L’arrivée prochaine de mes règles commence à me clouer le ventre, alors je reste devant mon ordinateur sans volonté particulière. Tout est en attente, mes fringues, mon tatouage, il ne reste qu’à faire preuve de patience. Ne sachant pas où donner de la tête, j’envoie un SMS à Élisa :
— Coucou ma petite blonde, le virement bancaire est fait.
— Coucou. C’est cool.
— J’espère que tu ne galères pas trop.
— Non ça va, ce n’est pas ce qu’il y a de plus compliqué. J’ai fait les fringues de sport, je n’ai pas ajouté de retouche perso. Là je fais une petite pause.
— OK. En tout cas, ça a été une journée sympa.
— C’est clair. Désolée de ne pas être montée pour le café, mais j’avais un peu peur que ça dérape.
— Je me suis retenue. Là où j’ai dû faire vraiment des efforts, c’est dans la boutique de lingerie.
— Je pensais que tu le ferais dans l’ascenseur. Je me suis vue plaquée contre le mur et embrassée comme au restaurant.
— Pourquoi tu as cru que je le ferai ?
— En fait, je pense que j’en avais envie.
Interloquée, je commence à me demander si je m’adresse à la bonne personne.
— Tristan ? C’est toi ?
La réponse ne vient pas. L’écran reste vide, silencieux et l’attente intenable. Je me lève, tourne en rond. Si c’est mon frère, il va en tirer des conclusions ! Et je ne suis pas encore prête pour mon coming-out. Si c’est Élisa, ses doigts ont-ils encore fourché malencontreusement, ou bien le ressent-elle au fond d’elle ?
Après cinq minutes de torture muette, le téléphone carillonne qu’il a reçu un texto. Il est particulièrement long.
— Non, c’est Élisa. Tu as un charme qui me fait de l’effet. Tu as une présence, une façon d’être là. En plus tu as les mêmes yeux que Tristan. J’ai déjà embrassé des filles, mais c’était pour exciter les mecs au collège. Toi, j’en ai envie chaque fois que tes yeux transpercent les miens. Tu embrasses délicieusement… Je te dis ça parce que je ne peux le dire à personne, surtout pas à Tristan. Je l’aime super fort. Toi c’est physique, c’est ton regard qui me file le bourdon. Depuis qu’on s’est embrassées à ton anniversaire, j’y repense sans arrêt. En venant samedi, j’espérais au fond que tu m’embrasserais, et j’aurais juste eu à me laisser faire. Bref, je pensais ne jamais te le dire, car je ne voulais pas que ça devienne compliqué. Je tiens trop à Tristan.
Je reste sur le cul, incapable de répondre, incapable de savoir comment réagir. Culpabiliser ? Glapir de victoire ? Après quelques minutes, hésitant entre répondre en faveur de Tristan ou la draguer, je fais sauter la pièce pour me décider. Cette fois-ci la pièce opte pour le côté instinctif. Je réponds donc :
— En effet, c’est compliqué. On peut se voir si tu veux, juste pour en parler.
— LOL.
Que répondre à un sigle ? Je commence à me mordre les doigts d’avoir écouté ma pièce quand elle ajoute :
— Je te tiens au courant si je viens. Pour le moment, j’ai besoin de réfléchir.
Je regarde l’écran puis réponds simplement :
— Je comprends.
— Mais assembler tes sous-vêtements sans t’imaginer les porter, ça sera impossible.
À mon tour je donne une réponse brève, celle d’un smiley souriant, puis elle me dit :
— Je te laisse, Tristan sort de la douche. Bonne nuit.
— Bonne nuit. Gros bisous.
Elle ne répond rien de plus, alors je m’adosse sans savoir quoi penser. Avec un peu de patience, je pense pouvoir la séduire complètement, et en même temps je ne veux pas l’enlever à Tristan.
Je branche Radio Classique, ouvre une de mes nouvelles bouteilles de whisky, puis me rassois en me servant un verre. Je clique sur le Facebook d’Élisa, et je regarde une photo de son portrait.
Je me réveille habillée, la bouche desséchée, la photo de ma petite blonde toujours en plein écran. Je suis devenue une amoureuse névrosée, une psychotique saphique, une obsédée compulsive. Le pire, je le sais, c’est que ça a toujours été une part enfouie au fond de moi.
Je regarde pourquoi mon téléphone m’a réveillée. Merde ! Le rendez-vous chez la tatoueuse. J’avale un verre de jus d’orange pour l’haleine, coiffe mon masque avec la perruque, puis je quitte en trombe l’appartement.
La tatoueuse me voyant arriver dans les mêmes vêtements que ceux que je portais samedi, elle esquisse un sourire :
— Je commence à vous comprendre.
Sa collègue au comptoir me jette un œil rapide et m’octroie poliment :
— Bonjour.
— Bonjour.
Il est tôt, ma tatoueuse n’a pas attaché ses cheveux, ils tombent raide de chaque côté de son visage. Nous nous installons dans le coin, puis elle ouvre le dossier que je lui ai laissé et qu’elle a complété. Toujours avec un petit sourire, elle me dit :
— Je vais être franche, l’idée du Kama Sutra m’a pas mal inspiré. Voici ce que je vous propose.
Le premier dessin, est un croquis de moi nue. C’est plutôt étrange car avec le masque esquissé en traits rapides et tout en rondeur, je me reconnais. Volontairement, elle ne m’a pas dessiné toute raide et droite, mais dans des attitudes. L’une de dos, regardant par-dessus mon épaule, une face cachant ma poitrine timidement du bout des doigts.
Elle a placé deux serpents, le premier enroule la cuisse et sa tête est posée sur l’aine, le second entoure le bras, passe sur l’épaule et se pose sur la naissance de la poitrine. Les fleurs représentées au crayon de couleur vert s’épanouissent et elle a représenté des silhouettes par de simples chiffres.
— C’était pour les placer. Parce qu’il fallait trouver où mettre les soixante-dix, mais c’est ça qui était amusant. J’ai vu le crâne décharné dans le dos dans votre dossier, mais je l’ai supprimé car vous ne m’en avez pas parlé, et parce que ça cassait l’harmonie.
— C’était une idée, j’avais les idées un peu sombres. Je voulais confondre la mort et le plaisir. Je suis défigurée, je voulais que ça corresponde.
— D’accord, sinon, je peux le replacer.
— Non. Par-contre, vous n’avez pas prévu les avant-bras ni les mollets.
— Volontairement. Vous travaillez en tailleur. Donc si vous voulez retrousser les manches de votre chemise ou vous mettre en jupe, vous êtes tranquille.
— C’est plutôt une bonne idée, reconnais-je.
— La poitrine, j’ai ouvert un peu le col. On peut laisser le sein nu et commencer qu’en dessous.
Le résultat que je vois sous les yeux est tellement beau, que je pourrais lui dire oui à tout.
— Je veux que ça commence assez haut. Je veux que mon sein soit tatoué.
— Du coup, j’ai mis la tête de serpent vraiment proche du milieu du corps. Si vous avez un décolleté comme la semaine dernière, les gens verront que vous êtes tatouée, mais pas le Kama Sutra.
— Vous pensez à tout.
— L’expérience. Je tatoue depuis douze ans. Vous voulez-voir la suite ?
— Vous avez déjà travaillé dessus ?
— Juste des recherches.
Elle pousse la feuille puis me montre des têtes de serpent.
— Pour l’épaule, j’ai choisi une vipère des buissons, car les écailles sont très carénées et feront un super rendu. Pour la jambe, un mocassin d’eau.
— J’aime beaucoup la vipère.
Elle me montre des croquis sur lesquelles elle a emmêlées la plante comme une liane au serpent et elle a joué avec des tons de vert pour la vipère, les feuilles, puis les fleurs, qu’elle a fait plus vives.
— Voici les couples. Pour les positions assises, je les ferai en appui sur une tige par exemple. Les corps seront couleur chair, donc pas coloriés. Là, je les ai faites en fées, avec des ailes en dentelle.
Je reste scotchée par la sensualité qui se dégage des petites silhouettes. Leurs ailes sont faites de motifs jaunes et blanc qui tranchent avec le vert des feuilles. Leur visage, pourtant petit, dévoile par quelque traits simples la malice ou le plaisir. Les positions des quelques exemples sont révélatrices, et je me dis que d’avoir une tatoueuse lesbienne est sans aucun doute un plus.
— Quand est-ce qu’on commence ?
— D’abord, je dois faire grandeur nature sur mes calques. Cela va me prendre une bonne semaine, de toute façon, nous sommes blindées pour un mois.
— Mais je dois partir vivre à Rennes à la fin de l’été.
Ses yeux se stoppent sur les miens et elle me dit en passant au tutoiement :
— J’en ai pour soixante heures de travail grand minimum sur ta peau. Je veux bien passer mes soirées à dessiner pour commencer la semaine prochaine, mais même si on commençait la semaine prochaine, on n’aura jamais fini à la fin de l’été.
— Même si on fait ça tôt le matin ?
— Tout le monde veut tout tout de suite, mais… — elle marque un arrêt et semble changer d’avis — mais je ne vais pas passer à côté de ça. J’ai envie de faire un chef d’œuvre. J’accepte de me lever tôt le matin à une condition.
— Laquelle ?
— Tu poses nue pour mon book.
Du peu que j’ai vu du catalogue présenté ici, il s’agit toujours de gros plans où on ne voit pas la personne.
— Je pourrai garder mon masque ?
— Oui. Et les photos n’iront nulle part ailleurs. Mais si je passe mes deux mois sur toi, en plus des clients habituels, je veux pouvoir montrer ce dont je suis capable, t’es d’accord ?
— Parfaitement.
— On commence lundi prochain à sept heures. Je te présente la totale, et ensuite on fait une première séance de deux heures.
— Marché conclu.
— Je vais prendre mes mesures, suis-moi.
Nous passons dans son cabinet, si je puis le comparer de cette manière, puis elle me dit :
— Vas-y, tu peux te mettre en sous-vêtements.
Je m’exécute sous son regard patient, excessivement gênée car la serviette hygiénique déforme ma culotte. Quel que soit l’intérêt que je suscite, elle le garde caché. Peut-être ne suis-je pas son style. Elle prend un mètre ruban puis le passe entre mes côtes pour prendre des mesures entre le centre de mon ventre et celui de mon dos, elle prend la hauteur totale, ses doigts sur ma peau, mon tour de cuisse et de bras. Elle note tout avec des airs de fille méthodique exagérés, juste pour me faire comprendre l’investissement qu’elle met dans un travail, et m’empêcher de faire machine arrière.
Son croquis couvert de notes, elle me laisse me rhabiller et partir. Au vu de son talent sur le papier, et connaissant le peu de patience dont je dispose en ce moment, la semaine va être hard.
Deux jours plus tard, j’arpente à nouveau les galeries commerçantes, cette fois-ci avec mon costume de cosplay pour montrer à la vendeuse d’Hugo Boss que ce n’est pas une fantaisie de gosse de riche qui nous a amenées dans sa boutique.
— Bonjour, je viens chercher les trois costumes, au nom de Tournier. Enfin je ne sais pas si vous vous souvenez.
— Je me souviens de vous.
Elle a un rictus qui me fait sentir ridicule. Ce n’est pas tous les jours qu’elle doit faire essayer une fille qui porte un masque. Elle revient de l’arrière-boutique avec les trois tailleurs sur cintres dans leur grand sac plastique.
— Nous essayons le premier ?
Elle me le tend, puis me laisse l’intimité du rideau une minute. Je remets mes chaussures à talons pour me tourner devant le miroir avant de sortir. La vendeuse avoue à voix haute :
— Votre demande était atypique, mais ça a son charme sur vous.
— Merci.
Je tourne devant elle, puis elle me dit :
— Vous essayez les deux autres ?
Cinq allers-retours à la cabine plus tard, j’emporte avec-moi les trois cintres, avec une satisfaction bienheureuse dans le cœur. Alors que je traverse le parking, mon téléphone sonne. D’une seule main, je vais le chercher dans la poche intérieure de ma veste et décroche :
— Allô ?
— Bonjour Élodie, c’est Séverine.
— Bonjour.
— Votre contrat est près. Vous pouvez passer en prendre connaissance dès que vous voulez.
— Je passe dans l’après-midi.
Le temps pour moi d’enfiler le costume neuf gris côté gauche et crème côté droit, et je me présente en écoutant mes talons sur mon lieu de travail. Cette résonnance et les odeurs du laboratoire ne sont pas sans me rappeler mon agression. Je ne croise aucun collègue, passe devant la porte du laboratoire qui a vu mourir Mylène. Son visage se redessinant soudainement dans mon esprit, j’accélère le pas. J’en viendrai à bénir mon attirance pour Élisa, elle a l’avantage de me faire oublier la tragédie.
Mon cœur semble rater des marches, ma respiration se fait difficile, alors la main sur la clenche du bureau de la directrice, je ferme les yeux pour prendre mon souffle. Le stress déclenche ma vue magique et je vois à travers la porte ma patronne assise à son bureau. Je frappe puis pénètre la pièce. Lorsque ma directrice me voit entrer, elle ne s’étonne de ma tenue fantaisiste. Peut-être parce que sa coupe moderne n’enlève rien au séreux du mariage bicolore.
— Bonjour Élodie. Ce tailleur vous grandit.
— Merci.
— Je veux dire, il vous affine et en plus vous donne des airs de maturité.
— J’ai maigri, aussi, depuis le… l’incident.
Elle a un rictus :
— Ce doit être les murs qui empêchent aux gens de mettre les mots sur ce qui s’est passé. Vous pouvez dire le crime, ça en est un. Asseyez-vous, ne restez pas debout. J’allais prendre un café, en voulez-vous un ?
— Volontiers.
Elle fait marcher sa machine à dosette, et pour éviter qu’un silence s’installe, je demande :
— Comment vont les autres ?
— J’ai eu une des filles de votre équipe qui s’est mise en arrêt une semaine. J’ai organisé des confrontations pour chacun en tête à tête avec un psychologue pour crever les non-dits. Cela a fait du bien à tous, et cela vous tiendra peut-être à cœur de le savoir : j’ignore qui, secret médical oblige, mais il semblerait qu’une de vos collègues ait été la victime d’harcèlement d’Aymerick.
— C’était donc déjà un détraqué.
Elle sourit :
— Là, vous employez les bons termes. Les autres qualificatifs feraient de nous des femmes vulgaires. Je crois me souvenir que vous ne sucrez pas.
Elle me passe mon café et s’assoit en croisant les jambes, bien adossée. Elle me donne la sensation de faire partie de sa sphère et non plus d’être l’employée deux échelons en dessous. Effet inconscient du costume, je l’ignore ?
— J’ai votre contrat. J’aimerais que vous commenciez début juillet, si votre arrêt médical n’est pas prolongé par votre médecin.
Repensant à ma tatoueuse, je lui dis :
— J’ai des entretiens réguliers avec un psy pour encore deux mois.
— Pourriez-vous au moins faire un déplacement ponctuel ?
— Bien entendu, si ça ne tombe pas pendant une séance.
— Le 15 juillet, le directeur du centre de Rennes fait visiter à d’importants clients notre centre, et je voudrais qu’il puisse vous présenter à cette occasion.
Parcourant mon téléphone et constatant que c’est un vendredi, mon petit calcul s’opère : cela me permettrait de passer le week-end avec Marion avant la période sanguine menstruelle.
— Je suis disponible.
— Bien. Notez le rendez-vous à neuf heures pour rencontrer le directeur avant les clients. Mettez ce tailleur et vous marquerez des points auprès de votre futur directeur. Il aime les femmes travailleuses et sérieuses.
Intérieurement, je suis très satisfaite de la dépense dans ces costumes. Mon café fini, je prends délicatement le contrat qu’elle me tend :
— Lisez-le, et revenez avec signé. Et demandez à votre psychiatre d’espacer ses consultations ou de vous conseiller à un de ses collègues Rennais.
— Je lui passerai le message.
Je lui serre la main, puis avant de passer le bureau, elle me dit :
— Travailler avec vous a été un plaisir, et je commence à regretter de vous voir partir là-bas. Votre contrat prévoit une voiture de fonction, si vous la voulez moitié blanche et moitié noire, faites-le nous savoir.
J’ignore si c’est une blague, et me voyant la dévisager avec hésitation, elle ajoute :
— Vous choisissez la voiture, vous avez une enveloppe d’un certain montant. Une fois le modèle choisi, nous la commandons. Si vous voulez asseoir votre personnage, les fantaisies sont autorisées. N’oubliez pas toutefois que vous représentez la société lorsque vous transporterez des clients.
Abasourdie par la proposition je referme la porte. La vente de ma voiture pourrait couvrir mes costumes sinon une partie du tatouage. C’est une nouvelle extraordinaire.
Je longe le couloir tête baissée, comme si la porte du laboratoire allait brutalement s’ouvrir pour m’avaler et m’obliger à entrer. J’arrive presqu’en courant dans le hall. Mon collègue chauve et barbu devant la machine à café siffle d’admiration.
— Hello Élo ! T’es classe !
Relevant le nez, je l’aperçois puis ralentis. Je lui fais la bise et il questionne :
— La rumeur dit que tu vas reprendre ailleurs, et vu ce petit ensemble, je dirais que tu as pris du galon.
— Séverine m’a proposé Rennes, la responsabilité du service Recherche.
— C’est super ça ! Sophie qui parie sur Bouvier, et qui nous a promis un restaurant si ce n’était pas lui. Ça va lui faire un choc.
Je souris :
— Attends que j’ai signé avant de lui dire.
— En tout cas, je vais prendre des paris sur toi. Et j’ajouterai que ça me fait plaisir. Tu le mérites, et pas pour ce que tu as vécu dernièrement.
— Pourtant, je crois que je dois bien le poste à ce qui s’est passé.
— Ça a peut-être accéléré les choses, mais tu y étais prédestinée.
Ce genre de phrases simples est ce qu’il y a de meilleur pour le réconfort. Émue, je lui confie :
— Ça va me manquer, les gens gentils comme toi.
— Les Bretons ne sont pas aussi méchant qu’on le dit, plaisante-t-il. Et on se reverra en formation ou à un séminaire.
— Oui. À bientôt alors.
— À bientôt Madame la Responsable.
Je quitte le bâtiment, et tout en marchant vers ma voiture, je dégaine mon téléphone pour un texto à ma muse :
— Coucou ma petite blonde. J’ai récupéré les costumes, et j’ai trop la classe.
— Coucou. Je suis contente. Moi je n’ai pas beaucoup avancé. Tristan va à un match vendredi soir, je peux passer te déposer ce que j’ai fait.
— Ça roule. Je prépare un dîner pour deux.
— À vendredi, bisous.
— Bisous.
Vu la brièveté de l’échange, elle est sûrement occupée. En tous cas, connaissant maintenant le fond de désir d’Élisa, je peux dire que nous avons un rencart. Je pianote sur mon écran pour prendre rendez-vous avec mon esthéticienne vendredi. Mes menstruations auront cessé leur coulis, et je tiens à être parfaite pour Élisa, comme pour la tatoueuse.
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