Mercredi 21 Novembre.

C'est le soir. J'ai rien vu passer. J'ai dormi toute la journée. Ma mère s'est excitée comme une folle, elle m'a donné un comprimé pour que ça passe. J'aurais jamais cru que ça m'empêcherait d'aller en cours. Et mon téléphone, sans batterie, le chargeur perdu, des sueurs et des angoisses... Je crois que c'est plus que l'éternel cycle menstruel harceleur. Je crois que j'ai déliré, mes cauchermars peuplés d'Aster à tête de grenouille et d'une Mme. Ornillon dont les bras étaient deux courgettes farcies. Je crois que j'ai aperçu ma mère en string sur une licorne, mais je n'ai pas osé y repenser, l'image étant plutôt déconcertante.

Et j'ai vu un visage. Un mec que je connaissais pas... Je sais ce que ça veut dire. Les délires ont toujours une part de vrai. Même cachée...

Mon Aster, je l'ai laissé dans l'incompréhension, incapable de le prévenir de mes souffrances ! J'espère qu'il ne m'en voudra pas éternellement...

La fièvre s'est calmée, j'en profite pour écrire un peu dans le journal. Je commence à avoir peur. J'ai brûlé les boîtes dans la cheminé. « À ne pas prendre sans ordonnance ». Ma mère m'a dit : Je vais te prendre rendez-vous chez ma gynéco, elle saura quoi faire pour tes règles. J'ai un peu peur, ouais. Que ce soit à cause du traitement à l'arrache.

Meuh non, pourquoi avoir peur ? C'est "artisanal", comme aurait dit ma tante Sylviane. Et son sale molosse.

Je ne me sens pas très bien. Je crois que je vais vomir. J'ai peur que ce soit à cause du traitement à l'arrache.

Et puis j'avais qu'à être un garçon, aussi ! Vie de merde, vie de merde, VIE DE MERDE !!!

J'me déteste. Et je déteste mes règles.