Lundi 23 juillet 2018 (suite)

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Lefebvre arrive rapidement à la petite bijouterie située au carrefour principal de Saint-Louis. La sonnette de porte l’accompagne lorsqu’il entre. Le magasin est vide. L’artisan sort de l’arrière-boutique.

— Ah, monsieur Lefebvre, que puis-je pour vous ?

— Boulot, dit Lefebvre en montrant le petit sachet. Je voudrais savoir tout ce que vous pouvez m’apprendre sur cette boucle.

Déjà au premier coup d’œil, l’homme de l’art sait qu’il tient là une pièce exceptionnelle.

— Passons derrière.

Il sort fébrilement le bijou du sachet, l’émotion est évidente.

— Incroyable, c’est de l’art déco, ça date des années trente. Sans doute une pièce unique. Ça vaut au moins…

— Oui, on sait dit Lefebvre. Peut-on retrouver l’histoire de ce bijou et les personnes qui l’ont acheté ?

— Et qui l’ont sans doute fait fabriquer même, reprend le bijoutier. Allez voir Arnold Klein à la bijouterie du même nom à Mulhouse. C’est un grand passionné de l’histoire de la bijouterie.

— Merci, monsieur Wagner, ça nous aide, dit Lefebvre.

— Votre femme a été satisfaite de la bague ? demande le bijoutier.

— Aux anges, répond le brigadier en sortant.

Dans la voiture, Lefebvre appelle au bureau.

— J’ai une adresse à Mulhouse pour avoir plus de renseignements, j’y vais tout de suite.

Le brigadier Lefebvre connaît Mulhouse comme sa poche, il a fait partie du commissariat central durant de longues années. La petite rue se situe derrière le temple Saint-Étienne, dans la zone piétonne. Il y a quand même du monde, malgré ce lundi. Il gare sa voiture sur le trottoir en face de la bijouterie. Changement complet d’ambiance à la bijouterie Klein. Ici tout est luxe, calme et volupté pour reprendre une expression célèbre. Lefebvre se sent un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

— Oui ? demande une vendeuse avec une bouche en cul de poule, un peu surprise.

— Je dois voir monsieur Klein, pour avoir des renseignements sur ce bijou. C’est pour une enquête.

— Je vais le chercher.

Un homme grand, blond, au teint hâlé et à l’allure un peu précieuse, se présente au brigadier. « Un bellâtre », pense celui-ci.

— Excusez-moi de vous déranger, mais nous avons besoin de toutes les informations possibles sur ce bijou, dit-il en montrant l’objet. C’est Claude Wagner de Saint-Louis qui m’a conseillé de venir vous voir.

Même réaction fébrile chez lui lorsqu’il voit le bijou.

— Exceptionnel, c’est sûr. Art déco, années trente. Bon, je vais faire des photos et consulter mes archives. Cela peut prendre quelque temps. Mais si cela a été fabriqué dans la région, y compris de l’autre côté du Rhin, je dois trouver une piste. Où puis-je vous joindre ?

— Commissariat de Saint-Louis, dit Lefebvre en lui tendant une carte.

Dès son retour, Lefebvre met Geneviève au courant. Il faudra patienter.

— Je pense que ça vaut le coup. On aura quand même avancé aujourd’hui. Et puis Laura est en train de décortiquer les vidéos avec Thomas. On va voir.

La soirée est déjà entamée lorsque Laura appelle Geneviève.

— Madame ! on a quelque chose.

Sébastien et Éric se joignent à eux.

— Bon, pas de caméra dans le quartier, on pouvait s’en douter. Mais lorsque l’on va vers le quartier des hôtels, voici deux vidéos.

Les images montrent une forme féminine assurément, mais peu distincte. On devine une silhouette assez grande et élancée qui court.

— Ça correspond avec la description, constate Geneviève. Là, elle semble effectivement faire son jogging. Rien d’autre ? Rien par exemple sur la même personne qui court, mais comme quelqu’un qui rentre précipitamment ?

— Non, il y a quelques hôtels qui ont leur système en panne.

— Bon (soupir). Faites un ou deux tirages sur le meilleur passage, mais la qualité ne permet pas de l’identifier. Montrez le tirage au témoin qui a vu Studler discuter avec une femme. Ce sera tout pour aujourd’hui, bonne soirée à tous.

Elle ne peut s’empêcher, durant le repas du soir, de relater l’histoire du bijou à Bernard. Vraiment, cette enquête est totalement atypique et de plus en plus passionnante. Son instinct ne l’a pas trompée, ça mérite vraiment que l’on s’accroche. Elle ne peut que se féliciter d’avoir pris l’affaire en main. Ah, le retour au bon vieux temps !

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