Sébastien a eu du mal à trouver la chambre de la sœur de la victime. Une infirmière lui dit d’attendre là, un médecin va venir. Il lui faudra encore patienter cinq minutes avant de voir arriver un homme en blouse blanche qui lui tend une main chaleureuse :

— Bonjour, je suppose que vous êtes de la police ? La patiente, c’est sûr qu’elle est toujours choquée et, pour l’instant, elle tient grâce aux anxiolytiques. Vous pouvez lui poser quelques questions, mais pas trop longtemps. Si elle a un air un peu ailleurs, c’est normal : ce sont les médicaments.

Sébastien la reconnaît tout de suite en entrant. Elle est assise dans son lit et semble perdue dans ses pensées.

— Bonjour, je m’appelle Sébastien et je suis de la police. Je voudrais vous poser quelques questions sur votre frère, je peux ?

— Mon frère ? Ah oui.

Pas plus de réaction.

— Voilà, je voudrais savoir s’il avait des connaissances féminines, une amie, une copine ou autre.

Un long silence suit la question.

— Jean, une copine ? Non, vous savez, il me dit tout, et nous avons déjà parlé de ça. Je crois qu’il en souffre, mais je n’ai jamais rencontré de femme chez lui.

— Par contre, des amis, oui ?

— Oh vous savez, des amis c’est un grand mot. Je sais qu’il voit régulièrement des collègues de travail, mais c’est tout.

— Bien, merci madame, j’ai les renseignements qu’il me faut. Soignez-vous bien, au revoir.

Il quitte la chambre et respire un grand coup, car, même s’il en a l’habitude, il n’est jamais à l’aise dans ce genre de situation. Il a toujours un fond de mauvaise conscience à abandonner rapidement les proches d’une victime lors des enquêtes. Quelques questions, et on passe à la suite, les laissant là, fracassés par le tsunami qui vient de s’abattre sur leur vie.