Marie Kern tenait contre ses seins son troisième enfant, une jolie petite fille qui se prénomme Agathe. L’accouchement s’était bien passé cette fois-ci, rapidement et sans trop de douleurs. Marie redoutait quand même ce moment depuis la naissance de son fils, deux ans plus tôt. Accouchement long et difficile, on avait même cru que la vie de la mère allait être compromise.

Depuis leur mariage, cinq ans plus tôt, l’amour de Marie et d’Albert n’avait fait que se renforcer. Le jeune couple s’était installé dans une demeure cossue sur le Rebberg. Elle était entourée d’un grand parc où trônaient des arbres centenaires, formidable terrain de jeux pour les enfants. C’était la troisième naissance, mais hélas, comme souvent à ces époques, la maladie avait emporté le deuxième bébé, le fils, à l’âge de six mois. Restaient deux filles. L’épreuve s’était révélée très rude pour le couple qui avait néanmoins réussi à surmonter sa douleur. Albert s’était encore plus impliqué dans ses affaires, et Marie avait trouvé un grand réconfort auprès de sa belle-famille, car madame Kern, malgré elle, avait été très impressionnée par la dignité du couple face à l’épreuve. Elle avait enfin accordé une place digne de ce nom à sa belle-fille. La naissance de la petite Agathe apportait un nouveau souffle d’espoir.