Samedi 6 octobre 2018

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Ce samedi d’octobre se révèle particulièrement doux, la météo annonce un week-end presque estival. Julien se gare à l’entrée du Hohwald, il a mis une tenue de jogging, ce qui lui donne un alibi pour déambuler dans le village. Finalement la localité est assez étalée et il y a de quoi courir, mais pas de Cathy en vue. En désespoir de cause, il se décide à poser la question à une femme d’un certain âge qui balaie devant son entrée.

— Pardon, je cherche une jeune femme assez grande et qui fait aussi du jogging, elle habiterait ici, elle s’appelle Cathy.

Elle reste silencieuse et se frotte le menton.

— Oui, je l’ai déjà vue effectivement. Je ne sais pas comment elle s’appelle, mais je pense qu’elle habite dans l’autre partie du village, après la grande prairie, répond-elle en montrant la direction à Julien.

— Je vous remercie beaucoup.

Il reprend ses foulées et repère un agriculteur qui bricole sur son tracteur, au bord de la route.

— Pardon, monsieur, je cherche une jeune fille assez grande qui s’appelle Cathy.

L’intéressé se redresse et le regarde sans répondre tout de suite.

— Mouais, vous parlez sans doute de Cathy Metzger, elle habite plus loin au 140. Il semble le dévisager, ce qui met Julien mal à l’aise. Il le remercie rapidement.

Il arrive devant une maison ancienne à l’architecture typique de cette vallée. Un premier niveau en pierres de taille et l’étage supérieur recouvert d’un bardage foncé. Il est étonné quand même de voir une jeune fille habiter dans une vieille bâtisse. Sur la sonnette est écrit Agathe Engel et en dessous, Cathy Metzger. Il appuie, rien ne se passe dans un premier temps, puis la porte s’ouvre : c’est bien elle. La surprise se devine facilement sur son visage.

— Je m’excuse, je ne voudrais pas vous déranger. Je suis venu faire un peu de jogging ici, comme vous m’aviez parlé du village et j’ai… enfin… j’ai demandé aux gens.

Julien s’embrouille dans ses explications. Pour ne rien arranger, Cathy demeure silencieuse et immobile. Son visage ne reflète aucune expression.

— Bon, ça ne fait rien, je vais continuer.

— Peut-être voulez-vous entrer, souffle-t-elle avec hésitation, voire même à contrecœur.

Julien perçoit cette réticence et préfère rester en retrait.

— Non, , non, je ne veux pas déranger, répète -t-il prudemment. Par contre, on pourrait peut-être courir ensemble un jour prochain ? Si vous le voulez bien sûr. Ça permettra de me faire connaître les environs.

Il est finalement surpris de son audace.

Cathy hésite longuement, son instinct lui dicte de refuser, mais, pour la première fois, d’une manière incompréhensible, elle ne ressent pas de révulsion pour ce genre de proposition.

— Oui, pourquoi pas, finit-elle par répondre après un nouveau silence. On peut se fixer ça, disons dimanche prochain, vers 13 heures ?

— OK, ça marche, ça me convient parfaitement. Bien je vais y aller, bonne journée, à dimanche alors.

— Oui, répond Cathy doucement, en le regardant s’éloigner.

Julien reste en rogne contre lui-même, il râle intérieurement en regagnant sa voiture.

— Merde j’ai été nul, putain, elle va me prendre pour un crétin. Bon, on verra. Malgré tout c’est pas mal de pouvoir la revoir. Mais ce n’est pas gagné.

Cathy s’attarde longtemps sur le pas de la porte. Julien ne s’en est pas rendu compte, mais elle reste perturbée : tant des sensations contradictoires se sont bousculées dans son cerveau !

— Mais pourquoi j’ai dit oui, moi ? Aller avec un mec ? Mais comment… ?

Pour Cathy tout homme est un danger potentiel ; or elle ne ressent rien de tel devant Julien, et c’est cela qui la déstabilise et l’agace. Elle ne comprend pas qu’elle soit attirée par un homme, sans doute pour la première fois de sa vie.

— Pourquoi lui ? Qu’est-ce qui m’arrive ?

Ce sont des sentiments nouveaux qui l’assaillent ; elle s’inquiète et se réjouit en même temps du prochain rendez-vous. Tout le reste de la journée, son esprit reste occupé par cette rencontre.

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