Mercredi 16 octobre 2018

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— Oui, madame Hillmeyer, je vous ai fait venir pour que l’on fasse le point sur le meurtre de la rue de la Chapelle. Où en êtes-vous ?

Le juge Meyer est bien calé au fond de son fauteuil d’où il scrute Geneviève. Assise en face, elle n’a aucunement l’intention de lui laisser le moindre doute sur sa détermination.

— Tu ne vas pas m’la faire, le vieux.

Elle ne sait que trop bien le peu d’éléments qu’elle possède à soumettre au juge.

— Il faut avouer, monsieur le juge, que ça piétine. On est vraiment face à un acte gratuit commis avec une sauvagerie hors norme. L’audition de la sœur nous a bien confirmé que la victime n’avait aucune liaison féminine. Nous n’avons donc aucun lien entre les deux protagonistes et mon intime conviction est qu’ils ne se connaissaient pas avant le crime. Il n’y a aucune piste, par exemple, qui pourrait nous orienter vers un règlement de comptes ou autre. En plus, on parle là d’une femme meurtrière.

— Alors quoi, la folie ? Une psychopathe ?

— Franchement ? On ne peut pas l’exclure. Mais nous avons toujours la piste de la boucle d’oreille qui n’est pas fermée. Il y a une expertise en cours à Strasbourg qui devrait bientôt nous faire avancer. C’est vrai que c’est long, trop long à mon goût, mais il faut chercher dans des archives qui remontent au début du vingtième siècle...

— Bien, bon, écoutez, je vous renouvelle ma confiance. Je comprends bien que c’est une enquête difficile et, honnêtement, je crains fort que, sans éléments nouveaux, on n’avance pas beaucoup. J’étends la commission rogatoire à toute la région. Au revoir, madame la commandante.

Toujours cette manière rapide de congédier, mais ce n’est pas pour déplaire à Geneviève qui s’empresse de regagner Saint-Louis.

De retour au poste, elle informe Sébastien de son entretien avec le juge.

— Dans le fond, il sait que c’est une enquête pourrie, alors autant nous laisser nous débattre dans la merde, souffle Sébastien. Après tout, nous ne sommes qu’un petit poste d’une petite ville.

— Je ne sais pas si ça va jusque-là, mais je ne crois pas qu’il ait perdu son côté misogyne que je connais bien chez lui et ça ne doit pas lui déplaire que ce soit une femme, justement, qui n’arrive pas à faire avancer l’enquête.

— Et bien, il va falloir lui donner tort.

— Merci, Sébastien, mais il faut avouer que pour le moment on n’a rien.

Le téléphone sonne sur le bureau du brigadier Lefebvre qui décroche.

— Oui, Brigadier Lefebvre j’écoute.

Suit un long silence, Éric Lefebvre écoute son interlocuteur avec attention.

— Merci beaucoup, je viens demain matin, ça ira ?...merci.

— Cheffe ! interpelle un Lefebvre visiblement enthousiaste.

— Ah, Lefebvre, justement, dites-moi que vous avez de bonnes nouvelles.

— Oui, oui, répète-t-il. À Strasbourg, ils ont trouvé l’origine du bijou, qui l’a commandé et qui l’a reçu. Ils ont trouvé de vieilles photos, une histoire de mariage en 1933. J’y vais demain.

— Et bien voilà, triomphe Sébastien, et le juge… il fait un geste évocateur, ce qui fait rire Geneviève.

— Ne nous emballons pas trop vite quand même, je ne voudrais pas être rabat-joie, mais, là, nous ne sommes qu’au début de l’histoire de cette boucle d’oreille. Maintenant il faut remonter la piste jusqu’en deux mille dix-huit. Je crains que le chemin ne soit encore long. Bon boulot, Lefebvre.

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