Mercredi 17 octobre 2018

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L’autoroute semble toujours aussi interminable au brigadier, et encore ce sentiment désagréable pour aborder cette grande ville.

Avec un certain espoir, il pousse la porte de la bijouterie Weiss. Le bijoutier Schneider l’attend.

— Bonjour monsieur Lefebvre.

Il l’accueille avec une chaleureuse poignée de main. Suivez-moi à l’étage.

Ils entrent dans une grande pièce, et Éric voit des documents étalés sur une table.

— Je vous en prie, asseyez-vous. Mais tout d’abord… et il lui tend la précieuse boucle d’oreille.

— Oh, merci, effectivement, c’est important, constate Lefebvre en la rangeant dans sa sacoche.

— Comme je vous l’ai dit, ça a été très long, car on n’a rien trouvé par écrit dans un premier temps ; alors j’ai une collaboratrice passionnée qui a fait des recherches en épluchant les archives des journaux de cette époque. Il y a un poste spécialisé à la bibliothèque centrale et elle a commencé par trouver une photo d’un mariage où elle a cru reconnaître la boucle à l’oreille de la mariée. Avec les noms on s’est replongé dans les archives et « bingo ». Un travail digne de Sherlock Holmes finit-il avec fierté.

— Au moins on a fait un heureux, se dit Lefebvre.

— Alors voilà, il s’agit du mariage de Marie Beck et d’Albert Kern, le 10 juin 1933, à Mulhouse. C’est Albert Kern, les Kern étaient la dixième fortune du pays, qui a commandé ces boucles ici à la bijouterie Muller. Donc Albert, le fils, les a offertes à son épouse Marie Beck. Tenez ! On voit ici sur cette photo le couple qui danse, les boucles sont facilement identifiables. Je vous ai tiré une copie de tout ça. Les Kern étaient une famille d’industriels connus dans le Haut-Rhin ; ils étaient très proches des Koechlin, autre grosse fortune. Tous ces industriels ont créé la Société Industrielle de Mulhouse. À mon avis, c’est dans leurs archives que vous allez peut-être pouvoir suivre la trace de ce bijou. On doit y trouver tous les documents sur l’histoire de ces familles ; voilà !

Le brigadier range soigneusement tous les papiers dans sa serviette. Il remercie son interlocuteur et le félicite, car il faut toujours valoriser les gens qui aident la police. Il trouve le retour plus léger et rapide.

Bon après tout, le règlement n’empêche pas de s’arrêter prendre un café et un petit casse-croûte.

Il fait déjà nuit lorsque Lefebvre arrive à Saint-Louis, il va frapper chez Geneviève qui l’attend avec impatience, Sébastien les rejoint. Il ouvre sa serviette et dépose les documents sur le bureau de la commandante. Il expose avec le maximum de détails tout ce qu’il vient d’apprendre. Un silence s’installe, c’est Geneviève qui prend la parole.

— Eh bien, le voilà le début de notre fil conducteur, maintenant il faut le rembobiner.

— Un vrai fil d’Ariane, dit Sébastien.

— Tiens ! vous connaissez l’Iliade ? dit Geneviève, un brin moqueuse.

— Qui ça ?

— Rien, oubliez !... Réfléchissons. Si ce bijou est dans les mains d’une jeune fille de nos jours, c’est qu’il a été donné de mère en fille, on peut le supposer. Depuis 1933, ça fait, disons, trois générations. Dans un premier temps, il faudrait déjà voir quels ont été les enfants du couple Kern, et je veux bien croire que l’on doit avoir facilement ce renseignement à la SIM. Ensuite, avec les dates et lieux de naissance, on obtiendra les données d’état civil : adresses, petits-enfants, etc. Lefebvre ? je suppose que ça vous intéresse de continuer ?

— Sûr, madame. Je vais aller là-bas demain.

— Eh bien voilà, on avance vraiment. Cette fois, je suis confiante, vous voyez, ça confirme ma première impression que ce bijou représentait une bonne pièce à conviction.

— Nous avons donc à faire avec une fille de grande famille, se demande Sébastien.

— Oui et non, car depuis le temps, les descendants ont connu des fortunes diverses. J’ai lu, il y a quelque temps, un article là-dessus et il y a maintenant une large diaspora aux quatre coins du monde. Espérons que les enfants Kern ne nous feront pas trop courir ! Messieurs…

La réunion est close. Geneviève prend rapidement quelques carrés de chocolat avant de quitter la pièce :

— Ça se fête !

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