Lundi 29 octobre 2018

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C’est un Thomas Fellet très guilleret qui arrive au commissariat. Cela n’échappe pas à Laura qui comprend tout de suite de quoi il retourne.

— Alors enfin ? Tu as réussi à lui parler ? Ça s’est bien passé, je vois, allez, raconte.

Thomas rougit un peu.

— Oui bon, je l’ai revue. Je t’avais dit que depuis l’autre fois je ne la croisais plus, tu sais. Et, bon, comme on en avait parlé, je pensais que c’était foutu. Mais hier, boum ! Là revoilà qui arrive pile en face de moi, sur le trottoir.

— Ah ouais, boum quoi ! Laura rigole, et alors ?

— Eh bien, je suis resté un peu surpris, pris de court. Je lui ai demandé si elle habitait le quartier, bêtement, comme tu l’as dit. Et elle s’est arrêtée, m’a regardé, et elle a répondu oui bien sûr, comme vous, je suppose, car je vous vois régulièrement.

— Bingo ! s’écrie Laura. Qu’est-ce que j’t’avais dit, et alors, ça matche ?

Thomas devient encore plus rouge.

— Oui, on doit prendre un verre après le boulot cet aprem.

— Et voilà hein, c’est qui la meilleure ? C’est Laura ! Ah, l’amour…

Et elle reste les yeux dans le vague :

— J’sais pas c’que j’fous avec mon mec moi… en vrai… Bon, on doit aller patrouiller avec Bruno, t’es prêt ?

Lefebvre entre dans le bureau de Geneviève.

— Bonjour, madame la commandante, comme les locaux de la SIM ouvrent aujourd’hui, je vais y aller cet après-midi.

— Bien, Éric. Cette fermeture nous a retardés, mais au final on va avancer. Allez-y avec Laura, elle est assez douée pour fouiner dans la paperasse.

La bâtisse trône toujours rue de la Bourse, devant le parc. Elle a très peu changé depuis qu’elle a accueilli le mariage de Marie et d’Albert. Laura pousse la grande porte en bois. Face à eux se dresse un escalier monumental qui va à l’étage où se situe le secrétariat. Laura lève les yeux vers les murs.

— On fait un sacré retour en arrière, regarde les tableaux.

De chaque côté sont accrochés les portraits de personnages qui remontent sans doute au XIXe siècle.

La secrétaire de la SIM les accueille dans un bureau relativement exigu par rapport à l’opulence du reste du bâtiment.

— Bonjour, oui, je vous attendais, je vous emmène dans la salle des archives, c’est à l’étage.

— Encore un étage, pense Laura.

Mais cette fois-ci, c’est par un escalier beaucoup plus modeste que l’on accède aux niveaux supérieurs. La secrétaire ouvre une porte assez imposante par sa hauteur.

— Voilà les archives.

Elle les introduit dans une vaste pièce. Le plafond s’élève très haut. Des centaines de livres, registres et documents divers, s’entassent dans une bibliothèque dont les boiseries restent, sans aucun doute, d’époque. Un grand parquet, grinçant à souhait, complète le décor.

— Je vous ai préparé tout ce qui peut concerner ces deux familles.

Devant eux s’étalent plusieurs piles de documents.

— Je vous remercie, soupire Lefebvre.

— Merde, dit Laura une fois la secrétaire partie, mais on en a pour des siècles !

— Il va falloir être méthodique et l’on va uniquement consulter ce qui concerne la famille Kern de toute façon. Et puis regarde, c’est quand même classé par périodes donc on va attaquer les années trente. Tiens ! voilà un dossier, je prends celui-là.

Ils se plongent silencieusement dans toutes sortes de documents tels des étudiants dans une bibliothèque universitaire.

Au bout de deux heures, nos deux enquêteurs ont regroupé les dates, noms et événements qui peuvent concerner leur affaire. La secrétaire entre avec un plateau.

— J’ai pensé qu’un café avec quelques petits gâteaux vous ferait du bien.

— On sait recevoir chez vous, c’est gentil, merci.

— Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?

— Oui, on a quasiment fini et on aurait quelques copies à faire.

— Pas de problème, vous passez au bureau et on s’en occupe.

— Ouf ! Après ce détour au dix-neuvième siècle, ça fait quand même du bien de revenir de nos jours, lance Laura une fois dehors. Ça sentait bon la cire par contre.

De retour au poste, Lefebvre va voir tout de suite Geneviève, il sait qu’elle attend les résultats avec impatience. Sébastien les rejoint.

— Alors ?

— On a réussi à trouver sans trop de mal finalement, vous aviez raison au sujet de Laura, efficace ! Donc, Marie Beck a épousé Albert Kern le 10 juin 1933. Ils ont eu trois enfants, enfin quatre, mais un fils est mort à six mois. Il y a deux filles et un garçon, lui est mort en 1945 à la fin de la guerre dans les combats en Alsace, et elle est décédée en 1998. Après, on trouve peu de chose sur leurs descendants, car ils sont, pour certains, partis à l’étranger. Ils ne sont plus dans les activités industrielles, ça sort des dossiers de la SIM. Donc je vais me rabattre sur l’état civil pour les recherches. Là, ça va prendre du temps.

— Alors, le point de départ ce sont les trois enfants. Il faut remonter les lignées des petits-enfants. Espérons qu’il n’y en a pas des dizaines. À cette époque on avait des familles nombreuses... Comme dit Sébastien, un sacré fil d’Ariane, et il n’est pas épais !

— On va s’y mettre, ça prendra le temps qu’il faudra, rétorque Lefebvre.

— Merci Éric.

Sébastien se dirige vers Jean Wolff :

— Alors cette inscription, c’est bon ?

— Oui, sans problème, bien utiles les tuyaux que tu m’as donnés pour la rubrique motivation. Les épreuves commencent en janvier déjà, quoi.

— Ah, on a un peu le trac ? T’inquiète, tu es largement au niveau, finit Sébastien en lui portant une petite tape dans le dos.

— Oui, ça va aller.

C’est à ce moment précis que sonne le téléphone.

— Ah… Oui ?

— Je vous passe quelqu’un qui dit voir des lumières suspectes dans une maison qui devrait être vide.

— OK.

— Lieutenant Amiot, oui, je vous écoute.

Lorsqu’il raccroche, c’est l’excitation.

— OK, madame la commandante. On a un cambriolage en cours sans doute. On y va à trois véhicules.

— Allez-y tous, je garde la boutique, leur lance Geneviève.

— C’est quelqu’un qui a vu des lumières suspectes dans une maison et la personne qui appelle est sûre que les propriétaires ne sont pas là, explique Sébastien en démarrant sur les chapeaux de roues.

Les véhicules rejoignent le plus vite possible le quartier qui se situe en dehors de la ville. Avant d’arriver sur place, ils éteignent les sirènes et roulent doucement en veilleuse jusqu’à l’adresse indiquée. Quelques lampadaires répandent leurs lumières orange sur le trottoir. Il n’y a personne. Les véhicules se garent en retrait. Tout le monde sort à pas feutrés en refermant silencieusement les portières.

— C’est cette maison-là, murmure Sébastien. Bruno et Thomas, vous passez derrière, Éric, avec Laura, vous surveillez la rue. On rentre avec Jean.

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