Lundi 29 octobre 2018 (suite)
Ils montent le perron et poussent la porte du bout des doigts, visiblement, elle a subi une effraction. Aucun bruit n’est perceptible dans l’entrée et puis Jean fait un signe vers le haut. On perçoit de légers frottements à l’étage. Il leur faut gravir les marches le plus silencieusement possible, mais l’escalier grince. Ils marquent une pause, et puis tout va très vite ; ils n’ont que le temps de voir passer une forme cagoulée qui les bouscule. Le brigadier-chef peut juste se retenir à la rambarde que, déjà, ils entendent une cavalcade dehors.
— Merde c’était quoi ça ? Un acrobate, lance Jean Wolff.
— On monte vite.
Ils explorent au plus vite l’étage en désordre, mais voient tout de suite la fenêtre du bureau ouverte ; dehors, plus de trace de Fellet ou de Zimmermann.
— Allez, on redescend.
Arrivés sur le trottoir, ils constatent avec satisfaction que Laura et Éric reviennent avec leur prise bien immobilisée par une clef dans le dos. Pas besoin de demander qui a couru après, en voyant l’essoufflement de Laura.
— Alors Éric ! dit Sébastien en lui tapant sur le ventre, il va falloir te remettre au sport hein ! Bon, voyons le visage de notre « fantôme ».
Surprise en retirant la cagoule : c’est une jeune fille. À ce moment ils voient arriver Thomas et Bruno avec leur prise également. C’est aussi une jeune fille.
— Et bien voilà, nous tenons peut-être enfin nos « filles de l’air ».
— En tout cas, chapeau à Thomas, c’est un bon à la course, dit Bruno Zimmermann. C’est plus de notre âge de courir après les voleurs.
— Allez ! Chacune dans une voiture et au poste. Thomas et Bruno, vous attendez ici le temps que je trouve du monde pour le relevé d’empreintes et pour sécuriser la maison et ensuite, vous nous rejoignez.
Un homme d’un certain âge s’approche.
— Bonjour, je suis le voisin, c’est moi qui vous ai appelés.
— Oui, merci, répond Sébastien, est-ce que vous pouvez joindre les propriétaires ?
— Oui, oui, je m’en occupe.
— Bien, vous pouvez expliquer tout ça à mes deux collègues là et encore merci. Nous, on y va.
Les deux véhicules démarrent avec les sirènes. Déjà quelques curieux sortent de chez eux.
Dès leur arrivée, les deux jeunes femmes sont placées dans des pièces séparées. Le lieutenant avec l’une et le brigadier-chef avec l’autre. Deux adjoints assistent à l’interrogatoire.
— Bien : nom, prénom, âge et adresse. Je vous signifie votre garde à vue.
Mais silence de la belle blonde assise en face de lui.
— Vous pouvez jouer à ce petit jeu-là si vous voulez vous retrouver tout de suite devant un juge. Alors ?
L’intéressée semble réfléchir et perd un peu de son assurance. Et puis, après une grande inspiration :
— Marion Schweitzer, 21 ans, j’habite 32 rue du port à Huningue. Je veux un avocat.
— C’est votre droit.
Sébastien rejoint Jean qui attend déjà dans le couloir.
— J’ai l’identité et l’adresse, et elle veut un avocat.
— Oui, elles ont bien appris la leçon on dirait. Tiens ! Elles habitent au même endroit. J’appelle un avocat, on les met à l’isolement en attendant et il faut préparer la perquise. Et pas le droit d’appeler qui que ce soit au cas où elles pourraient prévenir un éventuel complice. Je vais voir la commandante, on appelle le proc.
Geneviève pousse un grand soupir en raccrochant le téléphone.
— Eh bien voilà une épine dans le pied en moins. Avoir un procureur satisfait, c’est toujours une bonne chose.
— Oui, mais on a vraiment eu du bol, et aussi de jeunes fonctionnaires qui courent vite !
— Voilà un profil un peu atypique pour des cambrioleurs. Ceci dit l’atypique, on donne en ce moment. Et toujours des nanas, mais qu’est-ce qu’elles ont dans la tête ces jeunes ?
— Pour l’instant, on est sur ce cambriolage uniquement, on ne peut pas relier les cambriolages qui se passent depuis trois mois, même si nos deux « monte en l’air » ont un bon profil. Bon, on va espérer avec la perquise.
— Parfaitement. Je suis désolée pour vous, mais moi, je rentre.
— Bonne nuit, madame la commandante, de toute façon je devais assurer la soirée, mais là, avec la perquise, on va dépasser.
— Je suis désolée, on ne se fait plus d’illusion sur nos RTT, perdus à jamais. À demain, Sébastien.
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