Mardi 30 octobre 2018

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C’est l’effervescence ce matin à Wildstein ; une vingtaine de gendarmes envahissent le village pour effectuer des prélèvements ADN. C’est un matin d’automne avec un brouillard léger, mais un froid qui s’insinue vicieusement au cœur des vêtements. Sur les 342 habitants, une centaine de femmes ont été sélectionnées selon leur âge. Le capitaine Dietsch, avec le maire, dirige la manœuvre depuis sa camionnette. Il avait fallu un certain temps pour obtenir les autorisations, car l’événement reste assez exceptionnel. Il y a d’ailleurs un journaliste sur place qui a eu connaissance de cette histoire peu banale grâce à des informateurs bien placés. Et, évidemment, ça ne plaît pas du tout au gradé qui l’a entrepris tout de suite :

— Je ne veux pas vous avoir dans nos pattes.

— Non, bien sûr, mais est-ce que vous pourrez me dire deux mots sur cette histoire ?

Dietsch prend une profonde inspiration. Après tout, il vaut mieux lâcher quelques infos que de laisser écrire n’importe quoi et surtout rien qui puisse compromettre l’enquête.

— D’accord, revenez vers midi.

Le capitaine charge deux adjudants de surveiller les opérations pour être sûr que tout se passe bien. Après tout on ne peut pas exclure quelques réticences de la part de certaines personnes qui ne comprendraient pas vraiment de quoi il retourne. Et puis il ira superviser lui-même la manœuvre chez les Martin, il se méfie énormément de ce personnage.

— Pelletier ! Vous venez avec moi chez les Martin, c’est vous qui allez faire le prélèvement et dire deux mots à cette pauvre femme.

Ils arrivent devant la porte, mais n’ont pas le temps de sonner, André Martin leur ouvre, toujours sur la défensive.

— Bonjour, monsieur Martin, vous savez pourquoi on est là, vous avez été informé ?

— Mouais, éructe-t-il. Elle est dans le salon.

— Bien, je reste là avec vous et on laisse agir l’adjudante Pelletier.

Le mari jette un œil suspicieux vers l’adjudante.

— Ne vous inquiétez pas, elle connaît son boulot, ce sera rapide.

Tout se passe comme il l’espérait : isoler la femme de son mari. L’adjudante trouve Isabelle Martin assise dans un fauteuil.

— Bonjour, madame, je prépare mon écouvillon et je vous demande d’ouvrir la bouche. Et puis, tout bas : Tenez, ceci est un numéro de téléphone où vous pouvez appeler si vous avez besoin d’aide... Et elle lui glisse une petite carte dans la main. Elle disparaît très vite dans la poche de l’intéressée.

Pelletier ressort en adressant un mouvement de tête entendu à Dietsch.

— Bien, voilà, on vous laisse.

La lieutenante commente :

— Effectivement cette femme est totalement sous emprise.

— Oui et hélas on ne peut pas faire grand-chose pour le moment, reste à espérer, soupire Dietsch. J’avoue que les VIF sont les affaires qui me touchent le plus.

L’adjudante acquiesce d’un signe de tête. Quelques personnes savent, à la brigade, que l’enfance de Patrick Dietsch n’a pas été un long fleuve tranquille.

À midi et demi, tout est fini et les voitures bleues quittent le village.

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