Jeudi 25 janvier 1945
L’air est frais et humide, le plafond gris et bas laisse une fine portion de ciel dégagée au couchant, le soleil apparaît inondant d’une lumière rouge sang tout le paysage avant de mourir derrière la ligne d’horizon. Madame Louise Kern contemple le parc de la grande demeure lorsqu’elle voit la jeep remonter la grande allée centrale. Elle se gare devant la porte et deux officiers en descendent. Son cœur se glace, ses jambes se dérobent.
— Allez chercher Marie, murmure-t-elle à la domestique.
Elle doit fournir un effort énorme pour se tenir debout et c’est avec le visage livide qu’elle regarde Marie qui comprend immédiatement. Elle s’effondre dans le fauteuil juste à côté d’elle.
— Madame, deux Officiers veulent vous voir.
— Faites-les entrer.
Les deux officiers se présentent et font le salut militaire.
— Mesdames, une lourde tâche nous incombe, celle de vous annoncer la mort du capitaine Kern lors de la bataille de Haguenau.
La fin de la phrase est couverte par les hurlements de Marie qui quitte la pièce.
— Non, non, non !
— Voici les documents officiels et ses affaires. Le corps sera bientôt rapatrié.
— Merci.
— Toutes nos condoléances.
Les deux hommes s’éclipsent, bien trop rompus à cet exercice pour l’avoir fait trop souvent. Un pieu glacial traverse le corps de Louise. Elle vacille, mais se rattrape alors que la domestique se précipite.
— Ça va aller Éloise, allez chercher Monsieur, il est au bureau.
La domestique en pleurs s’exécute.
— Bon, à présent, s’occuper de Marie et des enfants.
Elle se ressaisit et se dirige vers l’escalier.
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