Mercredi 14 novembre 2018

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Grande réunion, ce matin, à Saint-Louis. Geneviève a rassemblé son équipe au complet. Tout le monde est assis soit sur des chaises soit sur des coins de bureaux et fait cercle autour de leur commandante.

— Je propose que l’on commence par l’affaire des cambriolages. Bruno ?

— Il est temps de le mettre un peu en avant, pense-t-elle.

Et le message est bien capté par ses collègues. Le brigadier se redresse.

— Oui, entame-t-il en se raclant la gorge, nous sommes donc allés tous les trois hier au garde-meubles de l’aéroport, on s’était dit qu’on ne serait pas de trop pour chercher, car c’est très étendu. Mais comme on l’espérait, on a pu trouver un gardien sur place. On lui a montré tout d’abord les clefs et, effectivement, elles correspondaient aux leurs et ensuite on a montré les photos des deux suspectes et là : bingo ! Il a confirmé et nous a amenés direct au conteneur. Il était rempli de matériel et d’objets les plus divers. On a fait venir du monde pour tout récupérer et l’inventaire n’est pas encore fini. Reste à établir un catalogue de tout ça, on pense le mettre en ligne. Ensuite on lancera un appel pour que toutes les personnes qui ont subi un cambriolage ces derniers mois regardent si elles reconnaissent des objets qui leur appartiennent. Voilà.

— Excellent travail tous les trois. Je pense que l’on peut prendre les paris sans risque que ça va coller avec les cambriolages. Par contre, on va essayer de ne pas trop divulguer ça pour le moment, je pense à l’avocat. Surtout pas en parler tout de suite à ces deux nanas, car vu leur obstination à tout nier et à ne pas parler, on ne les entreprendra que lorsqu’on aura les preuves à leur fourrer sous le nez. La surprise peut les déstabiliser et nous donner un avantage. Merci à vous trois.

Geneviève voit un petit changement d’attitude chez Bruno Zimmermann lorsqu’il se rassoit.

— Bien, quant à nous, nous avons eu, finalement, pas mal d’infos qui apportent encore quelques pierres à l’édifice.

Elle leur fait un compte rendu le plus complet possible ; puis ouvre le dossier et prend une photo de la scène de crime qu’elle fixe à côté des autres.

— C’est moins gore que le premier, remarque Laura.

— Oui, mais il y a eu visiblement le même acharnement pour défoncer le crâne de ce pauvre gars. Il y a là quelques photos de l’autopsie, vous pourrez regarder.

— Moi, je veux bien essayer de regarder le maximum de logos des entreprises du Bas-Rhin, propose Zimmermann.

— Bof ! non, déjà c’est vraiment chercher une aiguille, mais, en plus, même avec des heures de recherche, on risque quand même de passer à côté. On a sans doute mieux à faire. J’attends des infos sur les relevés des quelques caméras de surveillances qu’il y a là-bas. On a une chance d’avoir la plaque.

— Et la description colle bien avec celle d’ici alors ? demande Laura.

— Oui : grande, athlétique, tenue de jogging, cheveux foncés, mais bon ! Juste à la lumière d’un lampadaire… mais je ne crois pas qu’elle perde tant la tête que ça, notre petite vieille. On peut compter sur son témoignage.

— Pourtant, pas de quoi faire un portrait-robot, déplore Wolff.

— Un détail m’intéresse, qui prouve que, justement, notre témoin a bien vu : c’est le fait qu’elle ait tapé sur son volant et qu’elle ne soit pas partie tout de suite. Pour moi c’est la preuve d’une certaine colère ou même d’un désespoir. Elle a tué malgré elle, si je puis dire. On avance quand même sur la voie d’une « psychopathe » ou, du moins, de meurtres compulsifs. Mais ça complique évidemment fortement les choses à cause de l’absence de liens avec les victimes.

— Ouais, remarque Sébastien perdu dans ses pensées. On a une sacrée cliente. Incroyable que ça tombe sur nous ! Vous connaissez beaucoup d’affaires de tueuses d’hommes, vous ?

— Oui, au fait ! Laura, vos recherches sur des affaires similaires ?

— Non, rien pour le moment.

— Peut-être pas si tueuse en série que ça, finalement. Il y aurait eu un facteur déclenchant alors ?

— Il faudrait me trouver un spécialiste de ce genre de troubles psychologiques. Je pense que l’on n’a rien à perdre à se renseigner.

— Un profiler, dit Sébastien en souriant.

— Je ne pense pas que ça existe en tant que tel chez nous, mais nous avons de bons spécialistes quand même, sans qu’il soit besoin d’aller aux États-Unis, finit Geneviève en riant. Bien ! Merci à tous, on va reprendre les affaires courantes. Sébastien, vous avez réglé le planning pour les fêtes de fin d’année ? C’est dans moins d’un mois maintenant.

— Pas de problème et cette année ce n’est pas notre bureau qui assure le gros de la garde pour Noël, on va pouvoir festoyer. Par contre, à nous les voitures brûlées pour le jour de l’An, finit-il joyeusement.

— Vous allez dans votre famille pour Noël ?

— Oui, avec mes parents, mon frère et ma sœur et leurs familles respectives. Bon, ça chahute un peu trop pour moi, vous savez, les marmots et moi…

— Eh oui, mais il va bien falloir y penser non ? Les années passent. Vous verrez, ça va vous tomber dessus sans prévenir. Vous allez bien finir par rencontrer celle qui va vous mettre la corde au cou. Mais je me demande si je ne la plains pas un peu, raille Geneviève.

— Mouais, et l’intéressé de rester songeur.

— Tiens, tiens, reprend Geneviève, elle ne s’annoncerait pas déjà là, justement, la fameuse qui va vous piéger ?

— Joker ! dit Sébastien en s’éloignant.

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