Mardi 20 novembre 2018

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— Vous avez demandé à me voir, madame Hillmeyer, vous avez du neuf ?

Geneviève est assise en face du juge Meyer avec une certaine sérénité.

— Oui, monsieur le juge, moins que souhaité toutefois. Nous avions vaguement évoqué l’hypothèse d’une tueuse en série ou du moins qui y ressemblerait. Eh bien, cette piste semble se confirmer avec ces deux meurtres très éloignés l’un de l’autre. Dans les deux affaires, il n’y a aucun lien mis en évidence entre la tueuse et les victimes, mais le mode opératoire extrêmement violent semble de même nature.

— Je comprends que ça complique votre enquête, et nous avons une tueuse en liberté qui peut recommencer à tout moment. Lorsque ça va s’ébruiter dans les médias, on va avoir un sacré sac de nœuds.

— Je voudrais creuser cette piste et aller voir un spécialiste des comportements criminels, même s’il faut aller assez loin pour le rencontrer.

— Oh, pas besoin, dit le juge en ouvrant un tiroir.

Et il tend une carte à Geneviève :

— Docteure Hélène Desforges, psychiatre au Diaconat. Elle est reconnue et a déjà beaucoup publié sur la criminalité. Je ne sais pas si elle est spécialiste des « tueurs en série », mais c’est une bonne idée d’aller la voir. Je ne doute pas de votre connaissance des criminels de tous poils, vous avez assez d’expérience, mais si un complément d’information vous semble utile, prenez rendez-vous. Je n’ai que de bons échos. Et votre piste du bijou ?

— Elle fait son chemin, lentement. Il faut remonter toute la généalogie. Mais je suis persuadée qu’il y a un lien affectif très fort entre elle et ce bijou et on va forcément, à un moment ou à un autre, pouvoir établir un rapprochement.

— Très bien, madame la commandante, dit Meyer en se levant, et il lui tend la main.

— À bientôt monsieur le juge.

Elle ouvre la porte du bureau.

— Vous savez, reprend le juge toujours debout.

Geneviève se retourne.

— Je vais prendre ma retraite sans doute à la fin du prochain semestre et ce serait pour moi comme un point d’orgue de finir avec cette affaire résolue. Je sais qu’avec vous on a les meilleures chances.

Geneviève ne sait pas quoi dire, tant cette remarque la surprend dans la bouche de Meyer.

— Je vous remercie beaucoup pour cette marque de confiance, monsieur le juge, à bientôt.

— À bientôt, Geneviève.

« Alors là : “Geneviève” ! ». Elle s’éloigne totalement perdue dans ses pensées. Des souvenirs sur sa carrière à Strasbourg reviennent en peu en vrac. Et voilà son esprit perdu dans des réflexions sur le temps qui passe, qui vous file entre les doigts sans rien vous dire, furtivement, en catimini et qui vous laisse comme une conne au bord du chemin, si vous n’y prenez pas garde. Elle doit se secouer pour chasser une certaine mélancolie.

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