Julien reste toujours dans l’attente des appels très espacés de Cathy. Mais il s’accoutume à cette frustration, il lui faut être patient. Ça fait plus de quinze jours maintenant qu’a eu lieu leur premier baiser et plus rien. Difficile à encaisser pour le commun des mortels ! Mais il y a quelque chose entre eux, il l’a compris, il le sait au plus profond de son âme. Ce n’est qu’une question de temps. Lorsque son téléphone retentit, il ne peut s’empêcher de sursauter.

— Salut, c’est Cathy

Le son de sa voix lui fait de plus en plus d’effet.

— Bonjour, ma beauté, comment tu vas.

D’abord un silence

— Je vais bien… et la maison est un peu grande j’ai du mal à trouver comment m’occuper.

— Tu ne veux toujours pas que je vienne ?

— Je sais que je t’en demande beaucoup, mais laisse-moi encore un peu de temps.

Julien inspire profondément.

— Cathy ?

— Oui ?

— Je t’aime.

C’est tout d’abord un grand silence et puis quelques sanglots très légers.

— Oui, je sais, moi… je t’embrasse fort. À bientôt Julien.

Et elle raccroche. Julien reste terriblement frustré.

— Qu’est-ce qu’ont pu lui faire les hommes pour que ce soit si dur que ça ? Mais on va y arriver ma Cathy, tu es l’amour de ma vie.

Cathy a vite raccroché, car elle est en larmes. Ne sachant si c’est de joie ou de désespoir. Elle se recroqueville au sol, bouleversée par cet amour qui lui arrive en plein cœur alors qu’elle ne croyait pas ça possible. Oui, elle aime Julien profondément, intensément, elle en est sûre maintenant. Mais quel désespoir, tant cet amour semble impossible. Tellement les obstacles à cette aventure se montrent insurmontables. À ce moment-là, elle prend pleinement conscience de sa condition et de ses actes. Les sanglots la secoueront encore longtemps. Elle va rester bouleversée par cet aveu de Julien, ballottée entre des sentiments contradictoires de peur ou de défiance qui alternent avec des moments de profond bonheur. C’est parce qu’elle redoutait cet instant qu’elle a reporté plusieurs fois son appel à Julien.