Samedi 15 décembre 2018

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Cathy est restée silencieuse une fois de plus, après son échange avec Julien. Lui n’est pas surpris, juste très désappointé. Mais ce samedi s’étire sans fin dans la grisaille et Cathy ressent un très vif désir de le revoir. Elle décroche le combiné.

— Salut !

— Enfin, j’entends ta voix.

— Oui, comme tu vois, il ne faut pas désespérer, raille-t-elle avec un petit rire qui sonne faux. Je voudrais te voir.

— Ah, mais je n’attends que ça, tu veux venir ?

— Oui

— Maintenant ?

— Oui

— Je t’attends ma belle, je t’aime.

— J’arrive.

Julien est aux anges, que demander de plus ? Être avec Cathy est la seule chose qui compte désormais.

Pour Cathy les trente minutes de trajet lui semblent interminables. Elle a bien repéré l’adresse, impossible de se tromper. Elle se gare devant la petite résidence assez cossue. Seulement trois étages et Julien l’attend en haut. Elle monte rapidement avec cette foulée qui la caractérise. Elle n’a pas le temps de sonner à la porte qu’elle s’ouvre sur Julien. Elle reste un moment immobile tout comme lui. Et puis elle se jette dans ses bras et l’embrasse longuement.

— Je t’aime, oh oui je t’aime

Le temps est suspendu. Julien est transporté. Enfin ces mots qu’il a attendus si longtemps. Aujourd’hui, envolés les frustrations, les attentes, les doutes, il n’y a que le bonheur. Ils rentrent ainsi enlacés. Elle reste le visage enfoui dans son épaule, Julien lui caresse les cheveux.

— Oh, mon amour, si tu savais comme j’ai attendu cet instant.

Cathy ne dit rien, elle reste là immobile, elle se sent si bien. Enfin ils se séparent.

— Un bon café ?

— Parfait.

— Vas-y installe toi dans le canapé, un vrai canapé, raille-t-il.

— Mouais, ça va, je vais le changer.

Il revient avec un plateau, deux tasses fumantes et des bredeles.

— C’est le « quatre heures ». Ils sont faits maison, alors tu ne trouveras pas ça ailleurs.

— Faits maison, c’est toi ?

Julien rigole Il découvre enfin une Cathy rayonnante. Son sourire remplit la pièce de soleil malgré la grisaille extérieure

— Oh non, je ne suis pas comme mon père, je n’y connais rien en cuisine. Non, ils viennent d’une petite boulangerie familiale qui a de très bons produits. Alors, dis-moi, comment tu vas ?

— Bien, de mieux en mieux.

Elle attaque le plat de petits gâteaux que Julien voit disparaître à une vitesse affolante.

— Ça va, j’en ai d’autres.

Cathy s’arrête net, la bouche pleine. Et elle pouffe de rire.

— Non, mais j’adore...

— Ah, mais tu me dirais le contraire que ça me surprendrait.

Le temps passe vite dans un réel bonheur. Cathy vient tout contre Julien.

— Je voudrais rester comme ça contre toi, tout simplement, lui demande-t-elle. Julien l’enlace.

La pénombre a envahi la pièce. Il commence par l’embrasser dans le cou, sur la bouche et faire glisser ses doigts sur son corps. Cathy perd de son assurance, elle lutte, car elle sent ses ombres revenir. Sa respiration s’accélère, ce qui méprend Julien. Elle ressent un soupçon de violence qui cherche à s’insinuer en elle. Des images confuses envahissent son esprit. Julien veut l’allonger, mais il perçoit une résistance, et puis Cathy se redresse brusquement.

— Non, je ne peux pas !

Et elle se replie sur elle-même comme une petite fille.

— Pas encore...

Julien est désemparé.

— Excuse-moi vraiment, j’ai cru que… je suis désolé je n’aurais pas dû...

— Non, ne t’excuse pas, ce n’est pas toi, c’est moi qui… Je n’sais pas, ça va pas chez moi, quelque chose d’effrayant… j’ai peur de…

comment lui avouer ce sentiment de violence qui est revenu. Elle a eu peur de lui faire du mal, voire pire.

— J’aurais dû deviner que c’était trop tôt, allez viens.

Il lui ouvre les bras.

Cathy hésite... et elle se serre contre lui. Julien lui caresse le visage et elle s’apaise.

— Je t’aime et je ne veux surtout pas te faire de mal.

Ils restent ainsi silencieux, Julien est heureux de la sentir là contre lui et s’en veut encore de sa précipitation.

— On va y arriver, j’en suis sûr.

— Tu ne veux pas me parler de ces frayeurs ?

— Pas encore… laisse-moi un peu de temps.

Puis elle se redresse.

— Ne m’en veux pas, mais je vais rentrer, et elle l’embrasse tendrement.

Julien cache sa déception, mais comprend bien que c’est le mieux pour elle.

— Je veux juste que tu saches que je t’aime comme je n’ai jamais aimé une femme.

Cathy, les yeux totalement embués de larmes, se jette dans ses bras.

— Moi aussi, oh si tu savais ! j’ai besoin de toi.

— Où tu veux quand tu veux ; je serai toujours là, reviens vite.

Elle se lève et se dirige vers la porte, se retourne et l’embrasse encore sans retenue.

— À bientôt ! Et elle sort.

Il reste frustré bien sûr, mais ses sentiments sont mitigés, car il a vraiment vécu un moment extraordinaire avec elle. Il sait que rien ne comptera désormais plus que Cathy. Elle, de son côté, s’en veut, mais la situation lui a échappé. Même si son départ précipité ressemble plus à une fuite, elle ressent une formidable bouffée d’espoir. Elle comprend qu’avec Julien, sa vie ne sera plus la même.

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