14 mai 2001

2 minutes de lecture

Le téléphone sonne chez les Engel ; c’est Agathe qui décroche.

— Madame Engel ?

— Oui.

— C’est le commissariat central de Mulhouse.

D’un seul coup, les jambes d’Agathe se dérobent, Gilbert vient vite vers elle.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

Il reprend le téléphone.

— Oui ? Gilbert Engel à l’appareil.

— Capitaine Léonetti, du commissariat central de Mulhouse. Je vous informe que votre petite-fille est à l’hôpital suite à un traumatisme crânien. Une agression en milieu familial, par son père.

— Mon Dieu, on se doutait bien qu’il y avait de gros problèmes, mais à ce point... !

— Vous êtes sa famille la plus proche, car sa mère est internée pour le moment, c’est bien ça ?

— Oui, exact.

— Bon, il va falloir que vous passiez dès que possible chez nous pour vos témoignages. Une instruction est ouverte bien sûr.

— Nous allons immédiatement à l’hôpital, je vous remercie.

Gilbert explique la situation à Agathe avec le maximum de précaution. Désespérée par la vie de sa fille, Agathe a reporté tout son amour sur sa petite-fille, Cathy. Les Engel ont réussi à la prendre plusieurs fois chez eux, mais, chaque fois, sous les pressions du milieu familial (surtout du père), la gamine a été obligée de rentrer chez elle. Malgré tous les doutes qu’ont pu exprimer les grands-parents auprès de l’aide à l’enfance, ils n’ont pu réussir à la soustraire à l’influence du père. Et maintenant…

— Allez on y va, dit Agathe, qui sort déjà, à peine habillée.

Les médecins leur expliquent longuement la situation. Le traumatisme est sévère et Cathy est dans le coma. Une intervention est prévue pour traiter un épanchement sanguin. Il existe un réel risque de séquelles.

— Gilbert, tu dois y aller, tu as à faire ; moi, je reste ici.

— Mais il n’y aura rien de neuf avant demain…

— Je reste !

Gilbert comprend la détermination de sa femme ; il s’exécute. Il sait bien l’importance de Cathy pour elle.

Il faudra une semaine pour que Cathy sorte enfin de cette zone de danger. Finalement les médecins se montreront assez optimistes sur l’absence de séquelles. Cathy est prise en charge par un pédopsychiatre. L’enquête va révéler de véritables horreurs quotidiennes vécues par la pauvre petite fille. La terreur qu’elle ressentait vis-à-vis de son père était telle qu’elle ne pouvait même pas en parler à ses grands-parents lorsqu’ils la recueillaient. Les mots « viol », « contrainte », « peur » revinrent souvent dans les procès-verbaux, associés à des « violences » physiques. Les grands-parents resteront anéantis et désespérés de n’avoir pas pu sortir la pauvre enfant de cet enfer. Ils effectueront les démarches nécessaires pour la prendre en charge. Le père, Bruno Metzger, sera lourdement condamné à trente ans de réclusion ; quant à la mère, Martine, elle ne ressortira plus de l’établissement psychiatrique, où elle mourra quatre ans plus tard. Gilbert Engel décédera brusquement deux ans seulement après l’adoption de Cathy. Désormais seule, Agathe ira habiter dans la maison familiale de son mari au Hohwald, où elle s’occupera de Cathy avec un amour indéfectible.

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