Julien tourne en boucle depuis « l’incident » de Strasbourg. Il reste assez désarçonné par la réaction disproportionnée, à ses yeux, de Cathy. À la rendre presque méconnaissable. En plus, cet homme n’avait aucun comportement équivoque.

— Il faut lui laisser le temps.

Mais il est agacé par cette réflexion qu’il assimile à une forme de lâcheté.

— Il va bien falloir que l’on ait une explication. Démon sort de ce corps !

Il rit en lui-même, mais jaune, car c’est vraiment l’impression que lui donne Cathy. Un ange qui, d’un coup, peut totalement basculer vers…

— Vers quoi ? Oh, et puis merde, on ne va pas rejouer les scènes de l’exorciste !

Cathy, de son côté, regrette son attitude. Elle a bien compris le malaise de Julien.

— Mais pourquoi je suis comme ça ? Ça revient toujours, merde !

Elle hésite à le rappeler. La journée de lundi, au boulot, arrive à lui chasser les idées noires. Le mardi, elle n’en peut plus, elle prend son portable.

— Salut, mon amour, comment tu vas ?

— Bien, très bien. Ça fait à peine deux jours et je ne tiens pas sans toi, j’ai besoin de toi.

Julien hésite à revenir sur l’incident.

— Tu sais, j’aimerais que tu me fasses vraiment totalement confiance. Je sais qu’il y a quelque chose de grave caché en toi. Il faut qu’on en parle. Ça te pourrit la vie et, tu vois, ça installe un malaise entre nous alors que ça ne devrait pas. Ce que je ressens pour toi est tellement plus fort que ça !

Cathy a les larmes aux yeux :

— Oui, je le sais, et c’est pour ça que je veux passer tout le reste de la semaine avec toi. Et puis, il faut que je trouve une belle tenue pour le repas de famille et tu vas m’aider à choisir. Et accroche-toi, je suis en manque.

Julien la retrouve enfin.

— Ce soir, je pense arriver vers 18 heures, on se retrouve chez moi.

— Ça marche, je t’embrasse.

Elle est heureuse. Julien doit s’efforcer d’effacer la petite pointe de contrariété qui reste là, plantée comme une écharde bien décidée à vous envoyer de petits aiguillons de douleur de temps en temps. La semaine sera pleine d’amour, de beaucoup d’amour ; et le samedi après-midi, un réel bonheur à faire les boutiques de vêtements de Colmar. Julien essaie de conseiller au mieux Cathy. Mais tout lui va. Certaines robes la transforment en une véritable bombe sexy et il préfère les écarter.

— Alors celle-là, non, ou je ne réponds plus de mon père.

Cathy éclate de rire :

— Non ! il est comme ça ?

— Mais non, pauvre Papa. Mais tu sais, tu aurais dû travailler dans le mannequinat.

Cathy hésite, cette démarche se révèle toute nouvelle pour elle. Et puis, elle veut essayer une combinaison blanc ivoire. Elle ressort de la cabine d’essayage et là, Julien en perd la parole. Elle a choisi une combinaison avec un pantalon large et une grande ceinture fermée par un médaillon doré. Les épaules sont nues. Elle comprend en regardant Julien qu’elle peut prendre cette tenue.

— Ça le fait hein ? dit-elle avec un clin d’œil.

— Ha là, on est loin des tenues de jogging.

Ils iront, ensuite, choisir deux paires de chaussures. Une paire très élégante avec des talons hauts complétera admirablement la combinaison. Un sac à main finira les achats.

— Maintenant, je vais t’emmener dans une petite boutique faite pour toi… et moi. Ça reste entre nous.

— Ah ? bon, voyons ça.

Et Julien fait entrer Cathy dans une boutique de lingerie fine.

— Ah oui, je vois. Le genre de boutique plus faite pour les hommes que les femmes.

Julien rougit.

— Mais tu as raison, ça va chauffer.

Cathy prend son temps pour choisir plusieurs assortiments. Au fur et à mesure des achats, Julien imagine à chaque fois sa belle dans ces différentes tenues. Surtout que Cathy en essaie quelques-unes qu’elle laisse entrevoir par moment en écartant un peu le rideau. Julien est en feu. Enfin ils sortent.

— Allez zou ! à la maison ! j’en peux plus moi.

— Eh oui mon amour, surtout que j’ai demandé à la vendeuse de mettre une de celles que j’ai achetées et là…

Julien démarre en trombe.