Mercredi 23 janvier 2019
Lorsque le téléphone sonne, Éric Lefebvre espère qu’enfin, ça va être son bijoutier de Colmar. Déjà une semaine qu’il attend. Et cette fois c’est la bonne.
— Brigadier Lefebvre ?
— Oui, j’attendais votre appel.
— Je sais, oui, ça a été long. Nous avons épluché nos archives et j’ai enfin pu contacter la personne qui avait effectué la restauration. C’est Monique Dirrig, compagnon. Elle finissait son tour de France et elle a ouvert sa bijouterie à Mulhouse. Finalement, c’est une chance pour vous, c’est à côté. Elle est prévenue, vous pouvez aller la voir avec le bijou. Par contre, pour nous, c’est difficile de retrouver les coordonnées de la personne qui a apporté ce bijou, car ça fait plus de dix ans et les factures de cette époque sont archivées dans un autre cabinet comptable que l’actuel. J’ai gardé un bon contact avec une personne, je vais essayer de voir avec elle. C’est sûr que, normalement, ils ont autre chose à faire.
— Parfait tout ça, je vais déjà aller voir cette personne à Mulhouse aujourd’hui, quant à la recherche sur les factures, comme c’est pour une enquête, nous pouvons contacter ce cabinet comptable.
— Je vais les voir cette semaine et on va essayer, sinon je vous le dirai.
— Merci beaucoup en tout cas, nous avançons, bonne journée.
Il prévient Sébastien en passant et sort récupérer son véhicule de fonction. Le trajet pour Mulhouse est vite avalé, par contre le stationnement est moins évident. La bijouterie se situe dans les rues piétonnes. Il trouve justement la bijoutière qui est en train d’installer des articles en vitrine.
— Bonjour, madame, je suis le brigadier Lefebvre du commissariat de Saint-Louis.
— Enchantée !
Elle lui tend la main avec un grand sourire.
— Je savais que vous me contacteriez. Je suppose que vous avez apporté la boucle d’oreille.
— Bien sûr, la voilà, et il lui donne le bijou.
— Oui, je la reconnais tout de suite. Celle-ci a juste eu besoin d’une reprise sur l’or, pour l’autre il fallait ressertir l’émeraude. Vous ne l’avez pas là ?
— Non, nous n’en avons retrouvé qu’une sur la scène de crime.
— Ah ! il y a eu un crime...
Le visage de la bijoutière devient grave.
— Nous traçons la piste de cette boucle d’oreille, qui a sans doute appartenu à la meurtrière, depuis plus de six mois.
— La meurtrière, répète madame Dirrig, perdue dans ses pensées.
— Vous en connaissez la valeur, je suppose.
— Oui, nous l’avons fait expertiser.
Éric prend son temps, est-ce l’abord très sympathique de cette femme ? Toujours est-il que, pour une fois, il n’est pas pressé d’écourter l’entretien.
— Je suppose que pour vous, ce doit être rare d’avoir ce genre d’objet en main ?
— Oh oui, on devine là un bijou qui a une vraie histoire et c’est passionnant, mais l’histoire a encore pris une autre tournure si je comprends bien.
— Eh oui, et on a tout de suite compris que l’on avait affaire à un bijou de famille ce qui nous a laissés espérer remonter toute son histoire et nous voici au bout. Ça se termine là, avec vous.
— Ma foi, ça donne un peu le vertige j’avoue, eh bien dites donc…
— Bon je vais vous laisser, je vous remercie beaucoup pour cette confirmation. Peut-être aurais-je l’occasion de vous raconter la fin.
— C’est vrai que ce serait intéressant, je fais un peu partie de l’histoire (sourire), merci beaucoup, brigadier.
À peine sorti de la bijouterie, Éric téléphone à Geneviève qui pousse un grand soupir.
— On y arrive enfin alors. Il ne reste plus qu’à retrouver la facture, si je comprends bien. On ne va pas laisser traîner ça ; si ça n’avance pas, on demandera au juge d’assigner ce cabinet comptable pour qu’il nous fournisse les documents.
— Le bijoutier saura mieux que nous lire ces factures. Sinon, on va prendre beaucoup de temps à comprendre ce qui est facturé. Il doit y avoir aussi du jargon technique.
— Oui effectivement, c’est pas faux. Alors encore un peu de patience.
— Je rentre, à tout de suite.
Éric sent aussi que le dénouement se rapproche. Finalement, cette piste du bijou se sera révélée la bonne.
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