Lundi 4 février 2019
Julien se réveille avec la boule au ventre. Il n’aime pas du tout l’état dans lequel il a laissé Cathy. C’est incompréhensible après cette journée où il était évident qu’elle n’avait jamais été aussi heureuse. Il ne peut s’empêcher de l’appeler, mais il tombe sur sa messagerie.
— Bon si ça continue, je monte demain soir.
Au boulot, les copains voient bien que ça ne va pas. Il montre clairement qu’il ne veut pas parler, alors ils respectent son silence.
À Saint-Louis, la journée est accaparée par une descente dans un entrepôt, en concertation avec les douanes. L’équipe de Geneviève arrive à coincer des trafiquants à la petite semaine qui pensaient pouvoir mener leurs affaires sans problème. Du coup, personne n’a pu prospecter chez les notaires. Rentré en fin d’après-midi, Éric Lefebvre dégage un peu de temps pour finir la liste du Haut-Rhin, sans résultats. Il en informe Geneviève. Elle est contrariée.
— Réfléchissons. Ils avaient des biens dans le Bas-Rhin aussi ?
— Oui Hohwald et Sélestat.
— Éric, dès demain vous les faites tous. Il y a assez de monde pour la paperasse d’aujourd’hui. Sébastien doit aller aux douanes et moi je ne suis pas là non plus, le matin. Je dois aller à la préfecture. De toute façon pour aujourd’hui c’est terminé.
Cathy est agréablement surprise de sentir un réveil paisible. Elle voit très bien son destin désormais et l’accepte pleinement. Dans la cuisine elle trouve le mot de Julien. Ces quelques lignes ne font que la conforter dans sa décision.
— Moi aussi mon amour, je t’aime plus que tout, mais je dois arrêter de te faire du mal »
Des larmes coulent le long de ses joues. Pas de sanglots, juste des filets humides. De la tristesse, oui, mais pas de regret. Elle regarde par la fenêtre et découvre un soleil radieux. Après son petit-déjeuner, elle appelle chez « Cleannett ». Elle obtient immédiatement Jean Meyer.
— Écoute, ça va sans doute te contrarier, mais j’aimerais prendre trois jours. Ça correspond à mes RTT. Tu me tannes depuis longtemps pour que je les utilise non ?
— ….
— Oui je comprends, mais c’est important pour moi… des affaires à régler rapidement.
— …
— OK je te remercie.
Elle se prépare pour une longue balade. En ouvrant la porte, elle est surprise par la chaleur, un vrai temps de printemps. La lumière est sublime et souligne le contour de chaque élément du paysage. Elle s’engage vers la forêt sans oublier de faire une halte au petit cimetière. Le chant de la grive draine annonce déjà le renouveau. Elle marche d’un bon pas, jusqu’au rocher du Coq et s’y arrête. Il fait chaud, plusieurs chants d’oiseaux se mélangent. Même si la végétation reste figée dans son immobilisme hivernal, on ressent que toute la nature est en attente du perpétuel recommencement. Cathy hume l’air à pleins poumons. Elle veut savourer pleinement chaque seconde de cette journée, car elle comprend instinctivement que ça pourrait être le dernier avant longtemps. Elle se sent bien, déterminée maintenant à faire face aux événements à venir. Il faut qu’elle se lave de tout ce qui représente un obstacle à l’amour de Julien, quel qu’en soit le prix.
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