Fin

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C'est dingue à quel point tout peut changer en quelque temps. La perception des choses, la vision de l'Autre, une date de péremption.

Il suffit d'un rien parfois pour que la vie bascule. Un geste esquissé, un mot prononcé, une ommission, quelques paroles échangées. Et puis tout s'enchaîne, tout se transforme et le rêve devient un cauchemar, le temps d'un instant. Mais le mal est fait. Certes, on essaye de le réparer, de le rafistoler mais la fracture s'est faite. Alors, on ouvre les yeux et on prend conscience de l'insignifiance d'aller plus loin. On ne peut pas lutter contre le Temps, et encore moins le gagner. Tout ce qu'on à faire, c'est de courber l'échine devant sa puissance.

Une fois la guerre perdue, on se relève. On compte les blessures, on les soigne et on répare les dégâts causés. On essaye de se reconstruire de deux façons : soit on décide de faire la paix avec l'ennemi du passé et on avance, soit on décide de lui en tenir rigueur. De ce choix, dépendra le futur proche.

Et c'est ce choix que je dois faire. Le plus simple n'est pas forcément celui qu'on croit. La paix peut amener la souffrance douloureuse et profonde, là où la rancune amène la souffrance vive mais passagère. Et peut-on faire confiance avec ce qui fût notre ennemi ? Peut-être, car avant qu'il ne le soit, il a été notre plus proche compagnon.

Mais pour cela, il doit être honnête, sincère avec nous et avec lui-même. L'est-il ? Seul l'avenir qui dépend de notre choix le saura.

À côté de ça, et comme si ça ne suffisait pas, la solitude revient. Je la sens s'immiscer en moi, semer sa graine du doute dans mon cœur. J'essaye de lutter pour mis ce n'est plus mon ennemi, maintenant. Disons que je m'y suis habitué et que cette fois, je m'y suis préparé suffisamment en amont pour ne pas qu'elle fasse trop mal. J'ai compris qu'on se retrouve forcément seul, à un moment donné. Et encore plus quand on est jeune, malgré tout ce qu'on pourrait croire.

Peut-être que je me trompe, mais j'en doute. Pourtant, aucun signe extérieur ne le montre. Mais moi, je le sais parce que je l'ai déjà vécu. Cette solitude, cet abandon, ce néant. Mais cette fois-ci, je vais le remplir, le modeler pour qu'il devienne un lieu de paix.

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