Les retrouvailles : Suite I.

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Elisabeth.

Cette année-là s’achevait sur une note bien rude et, depuis plusieurs semaines maintenant, la neige avait recouvert le paysage de son manteau blanc. Assise auprès du feu, je contemplais les flocons qui dansaient au-dehors, tourbillonnants avant de rejoindre cette mer uniforme. L’atmosphère était paisible, funèbre. Seul le craquement des bûches dans l’âtre apportait un semblant de vie au manoir, contrastant avec le profond silence de l’extérieur. Je laissais alors mon esprit vagabonder, lui offrant la liberté de s’élever par-delà le monde. C’était comme un rituel chaque soir pendant l’hiver, de m’asseoir sur ce fauteuil, de regarder la neige, jusqu’au moment où, sans que je m’en rende compte, je devais m’endormir et me retrouvais hors de mon corps, dans le jardin, avec l’esprit de l’Hiver.
 Mais ce soir, je percevais quelque chose de différent, une lourdeur dans l’air. Quelque chose approchait. Une ombre grandissante avalant tout, détruisant tout sur son passage. Et, fuyant cette ombre, une lumière, une étincelle familière...

 Prise au cœur de mes pensées, je perçus soudain, comme un bruit lointain, le grincement de la porte d’entrée : aurait-on de la visite ? Je n’avais pas entendu frapper à la porte, mais si Thaddée - qui se plaisait à jouer le majordome - avait ouvert, c’est qu’il devait s’agir d’une bonne âme. Néanmoins, quel imprudent avait pu oser s’aventurer dehors par un tel temps ? Et si c’était… Le son des pas sur le plancher fut suivi par une voix tout droit venue du passé. M'étais-je encore assoupie en regardant la neige ?
 Silence. Le feu continuait de crépiter dans la cheminée et l’air semblait frissonner de cette présence. Je continuais de tourner le dos à l’individu tandis que dans mon esprit affluaient des vagues de souvenir teintés de rêves et de désespoirs, me rappelant celle que j’avais été il n’y a pas si longtemps.

- Madame..., murmura Thaddée qui avait surgit près de moi. Vous avez un visiteur.

 Je tournai la tête, juste assez pour percevoir du coin de l’œil la silhouette qui se tenait dans mon salon, guettant une réaction de ma part. La scène me fit esquisser un sourire nerveux, et je me décidai finalement à faire face à ce fantôme du passé, le découvrant las et frigorifié : il avait tout l’air d’un enfant perdu.

 - Heinrich. Bonsoir mon ami. Depuis quand se vouvoie-t-on ? dis-je toujours en souriant. Pardonne-moi de te le dire ainsi, mais tu as vraiment une mine affreuse ! Qu’a-t-il bien pu t’arriver ? Non, ne réponds pas, continuai-je tout en me levant pour avancer vers lui, dis-moi d’abord ce que je peux t’offrir pour te réconforter, on aura tout le temps ensuite pour parler de ce qui t’amène ici.

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