Au secours d’Aleksandra
La nuit fut longue pour Eric. Des heures de souffrances, mais il était finalement arrivé à un point où même le plus têtu des Hommes finirait par parler et dire tout ce qu’il peut pour que la douleur cesse enfin, même jusqu’à vendre ses propres parents et enfants. Pour Eric, c’était l’emplacement de la base de Sojusz le secret le plus cher qu’il pouvait détenir. Et enfin il finit par céder à mes questions. Leur base principale, où étaient retenus les otages, était située dans les terres de ce qui était autrefois la Slovaquie, désormais ayant fusionné avec la Hongrie depuis la fin de la guerre. C’était un endroit perdu de la campagne slovaque, dans les montagnes plus précisément. Ils utilisaient un réseau de bunker construit à la va-vite au début de la Nouvelle Guerre, qui avaient été aménagés pendant des années ensuite. Aleksandra était encore en vie visiblement, les rebelles de Sojusz ne savaient pas que c’était ma soeur et ne lui ont donc pas réserver de traitement spécial, en un sens cela me rassurait puisqu’ils auraient pu lui faire des horreurs pour se venger de moi. Ils auraient aussi bien pu utiliser Aleksandra comme moyen de pression, et j’aurai été pied et main liés pour diriger Europa, incapable d’agir, incapable de la sacrifier pour éradiquer cette vermine rebelle.
Eric était à bout, mal en point et même aux portes de la mort.
- Tu vois, ce n’était pas bien difficile.
Je fis mine de sortir en le laissant dans sa cellule, mais avant de sortir je donnais un dernier ordre aux HIA toujours présentes dans la pièce et restèrent en attente le temps d’obtenir les informations demandées.
- J’oubliais. Les HIA, nouvel ordre. Faites-en de la charcuterie. Vous jetterez “ça” aux piaf dans le coin.
- Quoi ? Hurla Eric. Non, pitié ! Non… Ah.. Ahhhh !!
A peine avais-je fermé la porte derrière moi que les cris s'intensifiaient. Les HIA s’occupaient d’obéir à mon ordre et devaient massacrer ce “pauvre” Eric de la pire façon qu’il soit. Evans ne disait rien mais je voyais bien qu’il était plutôt choqué du sort que j’avais réservé à Eric au-delà de la torture, pourtant c’était un sort bien merité pour un terroriste ayant mené à la mort de bon nombre d'innocents. Nous marchions dans les couloirs en direction de la sortie de la prison.
- Je veux que tu convoques le Consul Arcadia et les officiers principaux de l’armée régulière. Nous allons lancer une opération de sauvetage des otages et d’élimination de la cible rebelle, Sojusz.
- Très bien Lina.
La réunion pour la préparation de l’opération devait se tenir dès l’après-midi. Le plus tôt possible était le mieux, ainsi nous nous étions retrouvés ultérieurement après cet échange dans la Salle de Réunion de la principale base militaire de La Capitale en présence de l’ensemble des principaux personnels concernés :
- Le Consul Arcadia, en tant que chef de la Légion, devait connaître les détails de l’Opération afin de transmettre les informations aux Légionnaires qui seront envoyés, à commencer par les Faucheurs.
- Des officiers généraux et des officiers supérieurs de l’armée régulière, dont certains soldats seront déployés sur le terrain, y compris des HAI pour l’assistance médicale.
- Des tacticiens, stratèges et géographes pour aider à la préparation tactique de l’opération.
- Adélaïde était présente avec Bettina pour le partage des informations diverses concernant Sojusz.
Cette assemblée, une fois réunie, attendait les ordres et le début des hostilités. Je commençais donc par un tour de table. Ensuite je présentais les objectifs de notre opération et les informations obtenues grâce à la bonne coopération d’Eric, sans évoquer la réalité derrière la façon dont ces aveux avaient été obtenus.
- Voilà, nous devrons intervenir dans ce réseau de bunker - que je projetais sur l’écran holographique - et sauver les otages. Bettina. Tu disposes de plus d’informations à propos de Sojusz ?
- Essentiellement des pseudonymes mais ça ne servirait à rien ici. Je sais qu’ils sont pas mal de membres encore, certains agissent en loup solitaire aussi mais isolés ils ne seront pas dangereux pour Europa tant qu'ils ne sont pas infiltrés dans les frontières.
- Avec les frontières closes et sans l’aide d’ennemis à l'intérieur, ça ne devrait plus arriver. Surtout avec la surveillance de masse mise en place pour lutter contre ça. Les stratèges et tacticiens, comment s’y prendre ? Armée régulière, quels effectifs pouvez-vous envoyer ?
La conversation continua pendant quelques heures. A la fin de la journée un plan était mis en place. Pendant un peu plus d’un mois, des espions avaient été envoyés pour observer les environs et préparer le terrain. Les informations diverses obtenues avec Adélaïde, Bettina, Eric et les observations montraient que la base principale de Sojusz était un véritable labyrinthe et surtout bien gardé. Il n’y avait aucune faille pour une infiltration en douce, les gardes étaient relevées chaque matin avec un décalage de 15 minutes chaque journée pendant une semaine jusqu’à revenir à la même heure tous les lundis, 8h. Il y avait les trappes d’observation des bunkers dans les environs, bien dissimulées, qui permettaient de surveiller les environs sur l’ensemble du terrain alentour.
Nous avions relevé quelques angles morts mais ça n’était pas suffisant. Il ne restait donc qu’une solution, l’attaque frontale sur la porte principale. Cette approche étant dangereuse et risquée, nous avions décidé de réaliser une attaque nocturne à une heure où la luminosité était la plus faible possible pour permettre à nos troupes d’approcher discrètement autant que possible. Nous étions partis d’Europa à l’aide de vaisseau furtif et déployé à une dizaine de kilomètres du réseau de bunker, où nous avions établi le camp de base de suivis d’opération. Afin de ne pas mettre en danger les otages, nous avions décidé d’envoyer en premier lieu des Assassins de la Légion. L’armée régulière resterait en arrière tant que les choses se dérouleraient bien. Pour le déploiement des Assassins, Horus et Redsky faisaient bien sûr partie de l’opération, mais ils n'utilisaient pas d’arme de tir à distance dans ce cadre.
De mon côté, je pouvais observer depuis le camp de base l’avancée de l’opération et donner mes ordres en même temps. Je suivais les caméras frontales de chaque Assassins déployés. J’avais tenu à être présente et non pas à rester à Europa pour ce grand final. Des tacticiens et stratèges étaient aussi présents. Un drone furtif avait été positionné au-dessus de la zone d’opération pour surveiller les environs mais nous étions aveugles concernant le réseau du bunker lui-même, nous n’avions même pas de plan de ce dernier.
Alors que l’opération allait débutée, que tout était en place pour son bon déroulement, je faisais un petit topo récapitulatif avec les personnes présentes et par radio avec les Assassins qui avaient déjà commencé à s’avancer vers les bunkers pour prendre position.
- N’oubliez pas que cette opération est de la plus haute importance, elle signe la fin d’une longue traque contre Sojusz. L’échec serait d’être incapable de pénétrer les bunkers, ou que les otages soient éliminés. Il se peut que certains soient blessés lors de l’opération, de même pour des otages ou des miliciens de Sojusz, alors nous avons une équipe médicale aussi présente. Mais vous, Assassins de la Légion, êtes l’élite alors je ne me fais pas de soucis pour votre capacité à rentrer en vie. Votre équipement et votre préparation est bien meilleure que celle de miliciens et de rebelles, cependant ils ont l’avantage du terrain. L’opération peut commencer.
Je suivais principalement la caméra visuelle d’Horus, contenu dans son logiciel armure je voyais tout ce qu’elle pouvait voir, mais je pouvais aussi voir son environnement en 3D grâce aux différents capteurs sur son armure. Elle n’avait cependant pas accès à ses informations et le stratège avec qui elle coopérait devait l’avertir en cas de danger dans son dos par exemple. Portant son armure de haute technologie, elle pouvait passer invisible, ce qui lui permit de s’approcher des gardes du bunker avec Redsky. Elle utilisa les lames contenues dans l’armure avant bras pour égorger l’un des gardes et son partenaire fit de même. Un Technicien Légionnaire s’approcha pour pirater le dispositif de sécurité de la porte du bunker, permettant son ouverture en douce. Comme les Légionnaires étaient équipés d'armures leur permettant d’être invisible ou presque invisible selon le modèle dont ils étaient équipés, ils étaient parvenus à entrer sans être détectés. L’entrée du bunker était vide en elle-même sur le premier couloir. Il descendait presque sur une centaine de mètre, dans un noir total et la vision nocturne aidait à progresser. La progression continua en silence pour Horus, de temps en temps elle devait éliminer un garde présent sur la route mais rien d’impossible. J’étais moi même étonnée qu’il y ait finalement si peu de personnes dans le bunker, mais encore une fois nous étions présent de nuit et la majorité des soldats devaient dormir. Leur effectif avait énormément baissé depuis la traque de l’opération Morsure, entre les éliminations et les désertions.
Horus progressait de son côté, jusqu’à tomber au détour d’un couloir, dans un angle mort, sur un ennemi. Prise par surprise, elle activa machinalement ses compétences de tueuse née et dans un réflexe surhumain sortie les lames rétractables de son armure qu’elle enfonça dans le flanc de son adversaire. Puisque mon retour vidéo était ce que voyait Horus, lorsqu’elle leva le regard pour dévisager la personne qu’elle venait de poignarder, je faillis tomber au sol. Je vis le visage d’Aleksandra. Elle avait des cernes et semblait fatiguée, du sang sortait de sa bouche à cause de la blessure qu’elle venait de subir, mais c’était bien ma sœur. Qu’est-ce que diable faisait-elle là, dans un couloir ? S’était-elle échappée en profitant de la confusion ? Non… Aucun garde de Sojusz ne semblait avoir été alerté de l’infiltration pour le moment. Alors elle était visiblement libre de se déplacer et n’était pas du tout sous surveillance, elle était juste de passage dans le couloir pour n’importe quelle raison possible, et il fallut qu’elle croise la route d’Horus. De tous les Assassins, elle devait tomber sur un Faucheur, et la meilleure en plus. Je pris immédiatement la parole pour communiquer avec ma fidèle alliée et amie, qui venait de blesser gravement ma propre sœur.
- Horus, interdiction de bouger. Tu restes auprès d’elle !
- Quoi ? Mais je…
- C’est… C’est Aleksandra. Ma sœur. Tu viens de blesser ma soeur, une otage…
- J’ai… Non. Oh non, oh merde. Je n’ai pas… Je suis désolée.
Je pouvais entendre à la voix d’Horus qu’elle était perturbée. Je rassurais donc Horus pour qu’elle ne perde pas ses moyens. Mais je ne lui en voulais pas, même si je n’étais sereine quant à l’état de santé d’Aleksandra.
- Reste à ses côtés et donne lui les premiers soins. Je t’envoie des HIA de l’équipe médicale, ils vont la prendre en charge. Les autres Assassins progressent rapidement dans les galeries du bunker, l’alerte n’a pas encore été donnée, dès qu’on aura récupéré les autres otages tout sera terminé. Ça va aller, Horus.
- D’ac… D’accord. Je m’occupe d’elle.
Horus avait une formation médicale, bien que légère, ses compétences étaient suffisantes pour l’instant, mais ça ne durerait pas selon la gravité de la blessure. Les HIA de l’équipe médicale arrivèrent rapidement sur place, étant des androïdes ils n’étaient pas fatigables et pouvaient donc courir et déplacer Aleksandra plus rapidement que des humains. De plus, ils étaient programmés pour la médecine, donc ils savaient ce qu’ils faisaient. En une trentaine de minutes seulement, ils étaient de retour au camp de base. Mais je n’avais pas le temps de m’occuper de voir ma sœur, même si elle était si proche de moi. Je devais continuer de superviser l’avancée des Assassins dans le bunker. Horus pouvait poursuivre sa progression maintenant qu’Aleksandra avait été prise en charge. Cette dernière avait été évacuée dès son arrivée au camp de base vers un hôpital d’Europa, le matériel sur place n’étant pas suffisant pour s’occuper de cette blessure et visiblement de son état qui s’était aggravé pendant son transport.
L’opération d’éradication de Sojusz continua pendant deux bonnes heures. Les Assassins parvinrent à trouver les otages sans lever l’alerte mais l’évacuation de ces derniers se montra plus difficile car les miliciens avaient fini par remarquer les gardes décédés. Un combat à feu s’ensuivit alors, et nous avions fait déployer l’armée régulière en renfort du petit groupe de Légionnaires présents dans les tunnels. Rapidement, les effectifs de Sojusz furent éliminés ou capturés. En plus des personnes armées, il y en avait des non armés, qui n’étaient donc pas des soldats bien qu’ils étaient affiliés à Sojusz. De plus, il se trouvait qu’il y avait aussi des blessés rassemblés dans un dortoir, ainsi que des enfants. En fait, c’était toute une petite communauté qui vivait ici. Sans doute des gens qui ne voulaient pas combattre mais aider, ou alors qui n’avaient nul part où se rendre et avaient trouvé refuge auprès de Sojusz. Il fallait avouer que ces miliciens avaient pris une certaine importance et influence auprès du monde extérieur à Europa, c’était une valeur sûre pour se protéger des dangers du monde visiblement. Mais nous avions mis fin à cela.
Quant à leur sort, nous avions convenu avant l’attaque que les soldats capturés - et le personnel non armé - seraient jugés et condamnés, selon la gravité des crimes de chacun vis à vis de la Fédération les peines étaient prévues pour aller de la condamnation à mort ou l’emprisonnement à vie à la remise en liberté. Mais tous devaient être fichés, ils avaient désormais l’interdiction formelle de passer un Diplôme, ainsi que leur famille proche par mesure de précaution. Les enfants capturés n’ont pas été soumis à cette condition bien évidemment mais pour des mesures de sécurité vis à vis d’une éventualité de désir de vengeance de l’un d’eux à l’avenir, si on avait tué l’un de leurs parents ou proche par exemple, ils étaient aussi fichés, mais nullement passés en procès ou interdit d’accès à un Diplôme.
Même si en temps normal j’aurai pris la peine de rester auprès de mes troupes pour célébrer cette victoire et les féliciter, j’avais délégué cette tâche à Evans. Je n’avais qu’une idée en tête : voir ma sœur. J’étais donc rentrée immédiatement à Europa et je m’étais rendue à l’hôpital dans lequel elle avait été transportée. En arrivant dans sa chambre, je la vis être branchée à différentes machines qui devaient s’occuper de son état. Elle était en vie mais elle me semblait bien mal en point et je pouvais constater la gravité de la blessure, Horus ne l’avait pourtant poignardée qu’une seule fois mais elle savait comment tuer efficacement. Si Aleksandra peut encore respirer en ce moment c’est bien parce que Horus a été surprise et n’a pas eu la possibilité de viser un point vital dans l’action, sinon ma sœur aurait été tuée en quelques instants.
Bien qu’aucun point vital n’est été perforé, la blessure restait létale et seule les premiers soins de Horus et l’intervention rapide des HIA de l’équipe médicale ont permis à ma soeur de gagner quelques heures, le temps d’être transportée ici, dans cet hôpital de La Capitale, le meilleur d’Europa. Aleksandra survivait surtout grâce aux compétences en soin de la Fédération mais elle garderait probablement des séquelles de cette situation. Alors que j’allais partir après être restée auprès de ma sœur encore endormie pendant plusieurs minutes, elle se réveilla.
- Aleksandra ? Tu es réveillée. Oh, je n’ai pas eu la possibilité de te parler depuis… trop longtemps, formulais-je en pleurant à chaudes larmes, émue.
- Salut, répondit Aleksandra d’une voix douce mais étouffée, les mots sortaient péniblement. Elle m’a bien amochée, hein ?
- Je ne comprends pas, qu’est-ce que tu faisais dans ce couloir… Tu étais une otage. Si seulement… Je ne comprends pas. Ils ont pourtant exécutés… Et tu te promenais libre, tu ne t’es pas enfuie c’est certain, alors pourquoi…
- Je n’étais plus gardée comme otage, Aleksandra prit ma main, cela fait longtemps. Ceux… qui ont été exécutés. Ah oui, c’était des Europans de naissance.
Aleksandra marqua une pause, elle avait du mal à prononcer les mots, visiblement cela lui faisait un peu mal et elle était un peu sonnée par le traitement contre la douleur, notamment la morphine. Mais elle persévéra pour m’expliquer, elle voulait en profiter tant que j’étais là.
- Ils ont essayé de se révolter. Et ils ont fini par tuer un garde, il était jeune. Je n’avais pas trop d'informations de l’extérieur… Mais je sais qu’ils l’ont exécuté surtout pour ça.
- Mais ils ont exécuté ces otages en réponse à mes actes ! Ce n’est pas…
- Je crois qu’ils ont utilisé cela pour exécuter les otages. Ils allaient être quand même tués. Tu sais, ils l’ont vraiment massacré, ce garde. Il me faisait penser à Ian. Mais les autres otages ont bien été traités.
- Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’as pas été torturée ou mise en danger ?
Aleksandra secoua légèrement la tête pour dire non.
- Et pour moi, j’ai même été traitée en amie. Comme j’étais russe et que j’avais des connaissance médicale, j’ai été réquisitionnée au début pour aider leurs blessés. Ceux de vos combats entre Europa et Sojusz.
- Alors tu as vu ce que j’ai fait. Je regrette tout ça, ces morts, mais je ne pouvais pas laisser Europa… tu avais été enlevé. Lucien est mort dans l’attentat.
- Je ne t’en veux pas. Tu as réagi normalement… C’est notre expérience dans la vie sauvage de la Russie d’être la prédatrice. De ne pas rester la proie. Mais je me suis fait des amies auprès des miliciens de Sojusz… Je suis mitigée, mais je vais rester avec toi, si je m’en sors indemne bien sûr…
- Je vois. Je… Je dois y aller. Repose toi bien. Au plus tard.
Cette conversation avec Aleksandra avait été salvatrice pour mon esprit. J’étais désormais davantage en paix avec moi-même et avec le monde, un poid en moins sur les épaules. La haine que j’avais envers Sojusz s’était en partie effacée mais elle restait prégnante, au-delà de l’enlèvement de ma sœur ils avaient tué Lucien, je ne pouvais pas leur pardonner à titre personnel, ni à titre de Dictatrice, car je devais veiller sur un peuple qu’ils avaient blessé.
Bien que l’opération avait été une réussite en soit, pour moi c’était un échec total. Elle avait été blessée par mon amie et amante fidèle, Horus, et surtout à cause de mon manque de précaution. Mais surtout, elle avait aidé Sojusz en travaillant comme médecin et infirmière. En un sens je devrais la faire passer en procès pour complicité, mais j’estimais qu’elle avait aidé sous contrainte et je décidais de passer cela sous silence. Je savais que c’était pas qu’une contrainte, ma sœur était aimable et admirable, bienveillante elle s’occupait toujours des autres, elle avait le Serment d’Hippocrate ancré dans la peau. Ce traitement de faveur, je l’appliquerais de même pour les autres otages ayant aidé d’une façon ou d’une autre Sojusz. Après tout j’avais lancé cette opération pour les sauver alors les condamner désormais serait stupide.
Quelques jours après ma visite à Aleksandra et la fin de la gestion de crise contre Sojusz suite à l’opération, je me retrouvais avec Horus chez moi. Elle était en civile cette fois, chose rare car d’habitude je la voyais surtout en uniforme (ou “plus découverte” pour d’autres situations d’ordre personnel). Je l’avais invitée à manger un repas avec moi, en privé. Depuis le balcon, nous pouvions apprécier la magnificence de La Capitale, alors qu’il faisait un temps agréablement doux de printemps.
- Je devrais reprendre ton vrai prénom désormais, tu n’es plus Légionnaire, tu es civile, n’est-ce pas Alexane ?
- Bah… Mon manque de jugement sur le moment a été jugé indigne d’un Légionnaire, donc j’ai été exclue. Redsky se retrouve seul mais je suppose que d’autres Assassins pourront devenir Faucheurs à terme.
- Tu parles ! Dis-je en rigolant. Le Consul Arcadia a fait ça pour que tu sois libéré de tes contraintes militaires et que tu puisses vivre une retraite bien méritée.
- Je sais que tu y es pour quelque chose Lina. Je te remercie, mais tu sais je suis une tueuse moi…
- Je sais. Mais tu sais… Notre relation ne peut pas durer si tu passes ta vie à l’armée.
- Qu’est-ce que tu veux dire Lina ?
- C’est simple. Je voudrais officialiser notre relation et que tu t’installes avec moi.
Même si Horus - ou plutôt devrais-je dire Alexane - était née dans un laboratoire pour être une machine à tuer, elle avait aussi été conçue pour avoir une conscience et des émotions. Ce n’était pas un robot mais un être humain artificiel, elle n’avait rien en commun avec les HIA qui simulent les émotions, alors ses larmes étaient véritables, des larmes de bonheur à ma demande. Elle accepta avec plaisir. Nous pouvions officialiser notre amour aux yeux d’Europa désormais.
- Tu sais, je suis terriblement désolée pour Aleksandra.
- Ne le sois pas, tu as réagi comme tu as été faite, de façon surhumaine. Nous n’aurions jamais pu savoir ça, c’est un manque de chance et puis c’est moi qui ait manqué de précaution et d’informations… Ton implication dans la blessure de ma sœur a été passée sous silence dans les rapports officiels, elle a été blessée par un soldat de Sojusz dans des circonstances inconnues. Seule la Légion connaît la vérité, et je doute qu’ils trahissent une ancienne Faucheuse comme toi, tu es une véritable déesse pour eux, ils comprennent même la situation.
- Merci…
Alexane regarda son assiette. Même si elle ne disait rien, et qu’elle était assurée de ne pas être officiellement tenue responsable, elle était toujours mal à l’aise. Mais en réalité, j’étais la seule personne à avoir causé du tort à Aleksandra. Et à plus d’un égard car en dépit de sa santé, beaucoup de ses potentiels amis qu’elle avait fait pendant un peu plus d’un an auprès de Sojusz avaient sans doute été tués. Et qui sait si elle n’a pas rencontré plus que de simples amis parmi eux.
Tsss, et dire qu’elle est enceinte…
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