J'avais quitté Rum Cay sous un soleil franc. Le ciel se couvrit à mesure que j'approchais du New Jersey et de la maison de ma mère.

Elle m'attendait sur le perron, visage fermé, mains croisées sur la poitrine.

 " Tes affaires sont prêtes, Richard. Je les ai mises dans le garage. Tu veux manger ?

 - Oui, merci. "

À table, la discussion tourna autour de ma sœur en plein divorce, j'appris que mon frère Dean allait être papa pour la deuxième fois, qu'il avait aidé une femme à accoucher dans son travail de pompier et que son jumeau Matthew était maintenant infirmier à Boston.

Elle ne prononça pas un mot à mon égard. Ni approbation ni fierté lue dans son regard. Là où Papy Merrill se taisait par pudeur, je ne recevais de ma mère qu'indifférence et dédain. Je me sentais comme un étranger dans ma propre famille.

Dans l'après-midi, je roulai jusqu'à l'Hudson River. Le même vent froid battait mon banc de pierre et mon cœur. Au milieu de la baie, l'impressionnante statue, gardienne des portes de New York.

La liberté. Il est parfois nécessaire d'abattre des murs pour l'atteindre. Comme l'a écrit Isaac Newton, " les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. ".

Je compris que, pour une raison qui m'échappait, je serai toujours le mouton noir de la famille. Je ne pouvais plus passer ma vie à attendre un signe d'assentiment de leur part. À moi de construire mes propres ponts dans une direction différente, avec pour piliers Papy Merrill et Mamie Estelle.