10. COLOSSAL
En tant que mercenaire, Giliath avait l'habitude des missions corsées. Mais celle-ci fut de loin l'une de celles qui le marqua le plus profondément dans sa chair. En compagnie d'une petite troupe formée pour l'occasion, son objectif fut de trouver le repaire d'un monstre qui terrorisait les habitants d'une ville sans que ceux-ci, armés ou non, ne parviennent à le blesser.
Il n'aurait pas dû y aller.
En tout cas c'est ce qu'il se dit maintenant qu'ils sont coincés à l'intérieur de la grotte et qu'il a dû affronter toute une pléthore de monstres des cavernes et autres gobelins tout en évitant des pièges en cascade, parfois de justesse. Mais trève de palabres, Ils ne peuvent plus reculer, de toutes façons. Ils sont condamnés à réussir ou mourir.
Devant eux se dressait une salle gigantesque salle creusée à même la roche, la plus grande qu'ils aient jamais vu. Elle était si grande, et si noire, qu'on en voyait difficilement l'autre bout. Même Lermain et Aleister, les deux anciens, n'avait encore jamais vu pareil endroit. Fustrad, le pisteur, fait signe de s'arrêter d'un seul geste de la main avant d'étudier les lieux. Seule Margoth, armée de sa longue hache, ne manifestait aucun signe d'inquiétude.
— C'est très calme, par ici. Il n'y a pas l'air d'y avoir d'ennemis dans les parages, mais...
— Une grande salle. Pas d'ennemis... Je crois qu'on va pouvoir souffler un peu !
Joignant le geste à la parole, Margoth s'avança plus profondément dans la salle avant de s'étirer. Son frère n'eut pas le temps de la rattraper que la pièce se mit à trembler au rythme de pas lourds et rapides.
— Pourquoi je l'avais vue venir, celle-là ? demanda Giliath, désabusé. En position, tout le monde ! N'oubliez pas le plan !
Dans la pénombre, une ombre gigantesque se détachadu rideau noir formé par les ténèbres. Avec horreur, les membres du groupe d'aventuriers reconnurent celui qui se présentait face à eux. C'était un être qui mesurait près de cinq mètres de haut, à l'apparence vaguement humanoïde mais qui avait la tête d'un taureau et des écailles de dragon. Le pire, c'est qu'il maniait une hache qui était à vue d'oeil bien plus grande qu'un humain de haute taille.
— Bon, ben... Quand faut y aller... dit Rohir, résigné.
— Ferme-la et lance ton sort, tu veux ? le coupa Aleister.
— Toujours aussi aimable à ce que je vois ! rétorqua l'elfe.
Rohir ne se fit pas prier plus longtemps. Le temps d'un clignement d'oeil, le pugiliste aux griffes d'acier était entouré de trois copies de lui-même qui s'empressèrent de contourner l'énorme golem et l'attaquer. Pendant ce temps, le vieux mage forma un signe avec ses mains tandis qu'un pentacle apparaissait à ses pieds. Belmond, lui, en avait profité pour sortir toutes sortes de pièces métalliques qu'il assembla petit à petit.
Margoth était terrifiée par l'apparition soudaine du monstre, mais elle repoussait ses assauts du mieux qu'elle pouvait tout en criant.
— Pourquoi faut-il que ce soit un dragotaure ? JE DÉTESTE LES DRAGOTAURES !
— Tu aurais préféré quoi ? lui demanda son frère qui combattait à ses côtés. Une licorne, peut-être ? Ou une araignée des Sarpathes ?
— Au moins c'est plus mignon, et ça ne dégage pas une odeur de pourri en permanence !
Plusieurs minutes passèrent, pendant lesquelles un statu quo s'était petit à petit instauré entre la créature et les combattants, aucun n'arrivant à prendre le dessus sur l'autre. Rohir avait beau la distraire avec ses clones, son imposant adversaire parvenait à attaquer plusieurs adversaires en même temps lorsqu'il crachait des flammes, ce qui compliquait la tâche de Giliath et Margoth pour le prendre à revers. Heureusement, Aleister et Lermain utilisaient toute une panoplie de sorts pour soigner les blessés et entraver le monstre.
Et puis, un cliquetis se fit entendre non loin de l'entrée. Là ou Belmond avait déposé toutes sortes de ferrailles se dressait désormais un long tube métallique reposant sur un trépied.
— Que tout le monde s'écarte, ça va barder !
Au signal, tout le monde s'éloigna promptement, profitant du fait que le monstre était entravé par une racine gigantesque. Il n'en fallut pas plus pour que le jeune homme actionne sa machine, qui tira plusieurs salves mortelles sur son adversaire, qui s'écroula en faisant trembler le sol.
— Une bonne chose de faite ! s'exclama Margoth. On continue ?
Pour toutes réponses, un rire démoniaque résonna dans toute la pièce, comme s'il provenait des murs eux-mêmes.
— Sérieusement, Margoth... TU POUVAIS PAS LA FERMER ? En position, tout le monde, c'est reparti pour un tour !
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