2 - Les Garçons

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- Tu vas tomber Bauer !

Ce dernier essayait d’atteindre une petite ouverture dans la roche qui se situait au milieu du plafond à près de quatre mètres de hauteur. En bas, assis bien en sécurité, ses deux comparses l’observaient en bavardant tranquillement. Ils savaient pertinemment qu’il ne servait à rien d’essayer de l’en empêcher, le danger que présentait cette escalade ne la rendait que plus attrayante à ses yeux.

Adolf venait d’atteindre le plafond et se préparait à entamer la partie la plus complexe de son escalade. Fort heureusement, il se connaissait bien et passait de nombreuses heures à s'entraîner pour que son corps puisse suivre ses folles envies. Pendu à la seule force de ses poignets par endroits puis dans des positions que beaucoup penseraient impossible, il atteignit finalement l’ouverture et s’y hissa dans un dernier effort.

Les garçons ne s'inquiétèrent pas spécialement de le voir disparaître dans les profondeurs de la grotte seul, pas plus qu’ils ne comptaient le rejoindre. Crapahuter si profondément dans la grotte fut bien suffisant pour eux, et avaient hâte de s’en vanter de retour à la base. Là-bas, tous étaient au courant des folies d’Adolf et aller en excursion avec lui était la preuve de courage ultime. L’accompagner était suffisant, le travail était fait, nul besoin de faire du zèle.

Au bout d’une bonne demi-heure, Adolf laissa glisser une corde depuis l’ouverture afin de descendre facilement. Des étoiles plein les yeux et les vêtements trempés, il retourna auprès de ses amis pour raconter sa petite aventure et prendre un casse-croûte.

- Vous auriez dû venir ! s’exclama-t-il, Il y avait un long couloir et au bout une petite salle avec un bassin d’eau.

- C’était pas franchement la peine de t’y baigner.

- Ce n'était pas prévu, j’ai glissé, dit Adolf en pouffant, Mais ce n'est pas ça qui est important ! J’y ai trouvé des pierres phosphorescentes !

- Des quoi ?

- Je les ai vues dans un livre, ce sont des…

- Tu lis des livres toi maintenant ?

Adolf fit comme s’il n’avait rien entendu, soit parce qu'il avait trop hâte de continuer ce qu’il était en train de dire, ou soit parce qu’il n’en avait que trop l’habitude. Il est conscient d’être plus connu pour ses muscles que pour son esprit.

- Phosphorescentes. On les éclaire pendant un moment et quand on éteint la lumière et qu’il fait noir complet, elles s’illuminent toutes seule. J’ai essayé et il y en avait au fond du bassin ! Leur reflet dans l’eau, c’était vraiment magique, vous avez raté quelque chose d’incroyable.

Rêveur, Adolf ne se rendit pas compte que ses deux comparses ne lui portaient pas beaucoup d'intérêt.

- Incroyable ces pierres phophotantes ! dit faussement l’un des deux garçons.

- Phosphorescentes…

- Ouais, si tu le dis, bref, et cette fille alors ?

- Quelle fille ? répondit Adolf.

- Fait pas l’idiot, la fille sur la colline !

- On a fait connaissance, c’est tout.

- Elle avait l’air pas trop mal de loin, taquina l’un des garçons.

- Et tu es revenu de votre petite discussion particulièrement rouge, un coup de chaud peut-être ? renchérit l’autre.

Les deux se penchèrent vers Adolf, assis face à eux. Ils ne dirent rien et fixèrent leurs regards sur le jeune homme qui tenta de les ignorer en mangeant une grosse tranche de pain et de grosses tranches de lard fumé. Les garçons se rapprochant jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres de son visage, Adolf finit par céder.

- Ça suffit ! Elle me plait ! C’est ça que vous voulez entendre ? cria Adolf avant de se mettre à bouder, C’est pas comme si ça servait à grand chose de toute façon…

- Tu vas pas recommencer ! Il te suffit d’aller la voir et de lui offrir un truc cher et la fille est à toi. C’est juste une pauvre fille de la campagne, tout ce qu’elles attendent c’est un riche homme de la ville pour élever leurs conditions.

Adolf resta silencieux.

- Il a raison Bauer, t’es la chance de sa vie, elle a même pas besoin d’essayer de séduire un vieux.

- Je ne sais pas trop, je ne connais même pas son nom, je ne la retrouverais jamais…

Les deux comparses laissèrent échapper un bruyant soupir.

- Ça se voit que tu viens de la ville.

- À la campagne, tout le monde se connaît, de retour au village, on se renseigne, et croit moi ça va être vite réglé. Il suffit que tu te comportes comme un vrai homme et c'est dans la poche !

Les deux garçons continuèrent à parler, mais Adolf restait pensif.

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