Chap. IV – L’égocentrisme
Au milieu de tout ça, le roi n’a que faire de ce qui s’y passe, du moment que tous lui fassent les courbettes qui le satisfasse. Si par hasard il venait à prendre connaissance des rivalités au sein de sa basse-cour il n’en laisse rien paraitre à pars un petit rictus, réjouis de voir ces combats de coqs pour le meilleur perchoir. Le roi ne considère pas ses sujets pour ce qu’ils sont, des crabes, mais pour une ménagerie qui n’a de but que de lui soutirer ses richesses. Le roi est lui de nature grip sou.
Vu de l’extérieur, cette plage ressemble à bien d’autres, souillées de détritus. Les entités arrivées par la mer voient bien que le roi sur la plage est aveuglé par les grands gestes de sa cour bien occupée à masquer la réalité en écartant les déchets qui les entourent. Le roi ne peut et surtout ne doit pas distinguer la poubelle dans laquelle ils évoluent. Il ne doit pas non plus voir les faux crabes, qui tentent tant bien que mal, d’en faire un peu plus en interceptant les déchets avant que la cours ne les disséminent. Le roi évolue dans une bulle de réalité virtuelle.
Un nouveau crabe, sitôt son ascension à la cour, ne tarde pas à ne faire que le minimum pensant, tel le dernier, qu’il en a suffisamment fait avant. Il mérite ainsi de ne plus se dévouer à la société mais à préserver sa place face à la menace fantôme des anciens qui n’accueillent pas forcément le nouvel espoir à bras ouverts sans compter sur le réveil en force des petits en soif de devenir.
C’est un spectacle à la fois triste et réjouissant. Difficile pour un crabe de se réjouir de son avènement face à l’attaque d’un beaucoup plus grand nombre de clones. Le plus réjouissant étant d’en voir certains relégués au second rang et devoir laisser la place au nouvel ordre mais ce n’est pas sans préparer la contre-attaque. Réjouissant et triste car le retour de ces crabes en seconde zones, empli de frustration, ils ne tardent pas à prendre leur revanche sur les entités qui ne peuvent que subir la triste réalité.
Il arrive parfois qu’il n’y a pas de prétendant parmi les crabes pour une place à la cours, chose assez rare mais possible. Que se passe-t-il alors ? Souvenez-vous de la règle d’or de la médiocrité : toujours en faire le moins possible et surtout ne pas mettre en périls cet écran de fumée en allant chercher un crabe sur une autre plage ! Le premier venu, qui n’a développé qu’une grosse pince de taille médiocre, fera parfaitement l’affaire. Ni trop grande pour ne pas susciter de jalousie parmi la cour, ni trop petite pour justifier de sa nomination. Bizarrement ce crabe est bien mieux accueilli car choisi, il n’a pas la bave de l’ambition qui coule au coin des lèvres. Il est encore malléable et pourra être déformé afin de rentrer dans le moule. Si la pince est de taille médiocre il en va de même pour tout le reste et ce crabe ne fournira que de la médiocrité à l’image de ses congénères.
Rappelez-vous les vils crabes ne font que le strict minimum lorsque le moment l’impose. Le reste du temps ils surveillent tout ! Se surveillant eux-mêmes pour trouver une victime susceptible d’être dénoncé auprès du roi dans l’unique but de se faire bien voir, ils ne sont pas là pour produire et être rentable seulement faire en sorte que le roi les ait dans ses bonnes grâces.
Annotations
Versions