Chap. V – La politique
Roi nommé parmi les pagures, il s’empare de la plus belle plage, celle qui rapporte le plus de richesses par le reflux des vagues. Oh elle n’est pas si grande notre île et le choix de la plage n’a pas été trop difficile. Il en est d’autant plus facile de pouvoir contrôler les crabes qui gravitent eux aussi sur les plages ne laissant le centre de l’île qu’aux castes inférieures auxquelles les vagues n’apportent jamais rien de bon, pas même lors d’un tsunami. Ici le roi est toujours issu des castes supérieures des plus médiocres.
Dans leur soif d’amasser le plus de richesse possible et aveugler par cette folie, à ce stade on peut parler de maladie, ils laissent de moins en moins d’apports au centre de l’île l’appauvrissant sans cesse. Les crabes tournés vers la mer à l’affût des vagues ne voient pas le cœur se flétrir comme une plante en manque de substrat. En cas de gémissement trop fort, ils laissent passer une vague ou deux, celles qui n’apportent rien, pour faire taire les clameurs en répétant sans cesse « Attendez la prochaine, elle sera surement meilleure ». Un coup dans l’eau.
Ainsi le roi s’empiffre de richesse dont il ne sait plus que faire, alors il en fait profiter ses « amis », amis le temps du règne. Il se vante de générosité envers les iles avoisinantes, moins chanceuses sur le passage des courant marins, en leur distribuant quelques ressources tel un pépé lançant quelques graines aux pigeons dans un parc. Ah qu’il est généreux ce roi ! Ah qu’il fait souffrir son peuple ! Ah toutes ces promesses d’amélioration pour le cœur de l’ile !
Obnubilé par la seule idée de l’appât du gain, les crabes de la cour détournent les richesses autant qu’ils le peuvent, franchissant parfois la limite du raisonnable. Lorsqu’ils sont démasqués, leurs méfaits sont aussitôt inscrits dans les petits carnets de ses confrères et fournissent un moyen de pression supplémentaire.
On est tous dans le même panier, on se retrouve dans une arène au beau milieu d’une guerre froide entre crabes, tous s’observant se demandant « qui a la plus grosse » casserole ? Sur qui puis-je faire pression sans que cela ne se retourne contre moi ? Dès qu’ils sont attaqués ils se jettent sur leur petite liste à la recherche d’une possible riposte. Les crabes étant tous pieds et poings liés par leurs petites histoires inavouables, c’est l’une des raisons de la stagnation de la société ou au mieux de son évolution très lente si ce n’est pas de sa régression.
Ne soyez pas dupe, les crabes sont de nature menteur c’est ce qui leurs permettent de subsister dans cette médiocratie. Il faut croire que les crabes sont totalement dénués d’estime de soi, d’honneur ou de fierté ne répondant qu’à une seule doctrine : l’honnêteté ne permet pas de gravir les échelons ni de s’enrichir.
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