La retraite du vampire.
(point de vue externe)
Le soir du 31 octobre, dans salon du manoir de Tirelanus, Boris est assis comme une vieille loque dans son canapé. Face à lui, la lumière d'un écran de télévision. Les images s'y agitent dans tous les sens. Boris semble captivé par les images devant ses yeux. Puis voilà qu'une scène, dans laquelle un vampire frappe un loup-garou, touche l'ancien tyran droit au cœur, le faisant régir en grande pompe.
Boris (hurlant avec le poing levé en signe de victoire) : Ouais, vas-y Édouard ! C'est ça ! Pète-lui la gueule à ton rival loup-garou ! Qu'il retourne dans sa forêt !
Clitorine (le visage figé dégoût) : Père ! Ce genre de propos est intolérable de nos jours ! C'est du racisme et c'est mal ! Très mal !
Boris (surprit) : Mais... ma fille. C'est inconcevable. On doit haïr et insulter les loups-garous ! Ce sont nos ennemis héréditaires !
Clitorine (visage furieux) : Père ! Ces vieilles rancunes et guerres de clocher ne sont plus de notre temps. On vit dans une époque de paix et de vivre ensemble !
Boris, le visage frappé d’effroi, simulait un dégoût qu'il aurait vomi.
Frigigonde : Ma petite, abandonne. Ton père doit encore avoir bu du sang de nain.
Boris (outré, poing levé et coude plié) : FRIGIGONDE ! Espèce de vieux dragon infâme, je parle à ma fille, pas à toi. Retourne te terrer au fond d'un puits, vil chacal !
Cunégonde (scandalisé) : Boris ! C'est ma mère !
Boris : Justement, c'est ta mère.
Frigigonde : Ma fille, je t'avais bien dit de ne pas épouser cette vieille carpette stupide et inutile qui te sert de mari.
Cunédonde : Mère, s'il vous plaît...
Frigigonde : Enfin ma fille, tu aurais pu avoir mieux que ce débris qui confond fiction et réalité.
Boris : C'est leur nouvelle époque qui est pourrie ! Vivre en paix avec des loups-garous. Quelle indignité.
Bitoven : Père, la souffrance est belle mais la souffrance de soi-même, pas contre les autres. Crépuscules est une torture pour les yeux. C'est une belle souffrance.
Boris (effaré) : Il est complètement con, celui-là. Je ne comprends rien à son délire sur la souffrance.
Clitorine (dépité) : Père, faites un effort. Il est tombé dans une phase émo. Vous n'avez pas besoin de comprendre...
Boris : Émo ? Quelle est encore cette bizarrerie que vous avez inventée, vous les jeunes ?
Bitoven : La souffrance c'est la souffrance, et la souffrance c'est la vie...
Boris : La souffrance de ses ennemis, oui !
Frigigonde (abasourdie) : Ma fille, ça me fait mal de l'admettre, mais pour une fois, je suis d'accord avec ton crétin de mari, il est complètement con, votre gosse. Vous auriez dû le faire piquer au cœur à la naissance.
Cunégonde : Mère, c'est quand même votre petit fils...
Frigigonde : Et j'en ai honte. Je me demande même si je n'en ai pas plus honte que de ton mari...
Cunégonde : Mère...
Cunégonde, bouche grande ouverte, prête à argumenter, se fait interrompre par le tintement de cloche de la porte d'entrée du manoir. Boris, en fin stratège, se lève pour voir qui est le visiteur du soir. Après quelques minutes, et surtout des cris très aigus, Clitorine se lève en trombe, rejoignant son père à la porte d'entrée. Le constat est sans appel, cinq corps ne dépassant pas le mètre, gisent au sol, dans des costumes se voulant... Effrayant...
Clitorine (choquée) : Père ! Qu'avez-vous fait ?
Boris : Ma fille, j'ai vaincu ces cinq petits démons mineurs s'étant introduits sur notre domaine. Sans doute leur maître y réfléchir à deux fois avant de tenter une attaque contre nous ! Ha Ha Ha HaHA !
Clitorine : Père, enfin ce n'était pas des démons. C'était des enfants venues en quête de friandises pour Halloween.
Boris : Mais enfin... Ma fille... Tu vois bien qu'il ne ressemble pas à des humains. Que vas-tu encore inventer comme nouvelle bizarrerie ?
Clitorine : Père, c'est la tradition, se déguiser pour faire peur en cette nuit.
Boris : Hé bien, tant pis pour eux ! Pour une fois que quelqu'un respecte les traditions, il faut que celle-ci soit débile.
Moralité, si vous fêtés Halloween, évitez de sonner à la porte d'un vieux vampire déconnecté de la réalité. Il se pourrait qu'il soit victime d'une... regrettable méprise...
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