Les nouveaux voisins.

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Boris, depuis son manoir, ne pouvait s'empêcher de lorgner celui d'à côté. Vide depuis si longtemps. Boris, heureux, affichait le sourire du type qui aime sa tranquillité, rester isolé des autres. Puis, c'est le drame. Les camions de déménagement, et un corbillard encore plus long et gros que celui de Boris. Était-ce un vampire rival ? Ou un être des ténèbres différent ? Impossible à savoir tant que le nouveau proprio n'avait pas pointé le bout de son nez. Cela n'empêche pas Boris de brandir son poing vengeur depuis sa fenêtre.

Boris (poing levé et coude plié) : Soyez maudit ! Vils fauteurs de trouble !

Cunégonde (choquée) : Boris ! Pas le poing vengeur ! Ce ne sont que des gens qui font leur travail !

Boris (penaud, sur la défensive) : Mais... ma chérie... C'est un nouvel arrivant. Sans doute une source d'ennui à venir.

Cunégonde : Mais pas de poing vengeur sans avoir d'abord rencontré nos nouveaux voisins. Qui sait, si on fait l'effort d'apprendre à les connaître, peut-être serons-nous amis.

Boris (outré) : Mais ! C'est une hérésie ! Nous, avoir des amis ? On est des vampires maléfiques ! L'amitié c'est bon pour les gentils tout pleins d'idées mielleuses !

Cunégonde (dépitée) : Enfin, Boris ! Tu ne vas pas passer toute ton éternité de retraité dans ce manoir.

Frigigonde (cassante) : Ma fille. Tu n'espères tout de même pas arracher un effort à ta carpette de mari ?

Boris (outré et poing vengeur brandit) : Frigigonde ! Sois maudite !

Cunégonde (furieuse) : Ha non ! Vous n'allez pas commencer, vous deux !

Boris (plaintif) : Mais chérie, tu vois bien que c'est elle qui a commencé.

Frigigonde (insolente) : Ma fille... J'y peux rien si ton mari est bon à rien ! Si tu m'avais écouté, tu aurais pu avoir un meilleur mari !

Cunégonde (lassée) : Mère ! Vous savez bien qu'il a juste besoin de temps pour accepter cette nouvelle ère.

Boris est sur le point de répliquer, mais son instinct de survie l'empêche de le faire. La journée se poursuit dans le calme, et Boris en oublis même le déménagement en cours. Puis, à la tombée de la nuit, voilà que s'en va le dernier camion. Boris s'affale dans un fauteuil, sa tranquillité d'esprit retrouvé : personne pour venir le déranger. Un bruit de sonnette le fait mentir. Boris a pensé un peu trop vite. Il aimerait bien laisser Cunégonde se charger du visiteur, mais une sorte de sixième sens lui dit qu'il vaudrait mieux qu'il se lève pour aller voir.

Boris ouvre la porte, et son visage se fige dans un mix entre la haine et la surprise. Là, devant lui, se trouve un homme brun à la barbe courte mais large, dans un costard valant sûrement beaucoup de fric. Lui aussi, affiche la même tronche que Boris.

Boris (furieux) : Wolfy de Percefion !

Wolfy (furieux) : Tire-lanus ! Vieux cadavre ambulant! T'as rien à faire ici ! C'est pour les grands de ce monde, et t'en fais pas partie !

Boris (outré) : C'est toi qui vas quitter cet endroit ! Pas question d'avoir un voisin comme toi !

Wolfy (exaspéré) : Voisin ? Jamais ! Je vous chasserai de mes terres, Tire-lanus !

Boris (enragé) : Il gèlera au paradis avant que ça n'arrive !

Boris et Wolfy se toisèrent en se brandissant mutuellement leurs poings vengeurs à la face. La « confrontation », si on pouvait appeler cela ainsi, se poursuivit dans le silence. Les deux ennemis étaient tellement plongés dans leur rancune, qu'ils ne virent pas le second face à face qui venait de commencer à côté d'eux. Clitorine et une femme aux cheveux châtains se défiaient du regard.

Clitorine (sourire aux lèvres) : Louvina de Percefion. Que nous vaut le plaisir de ta présence ici ?

Louvina (souriante) : Hé bien ! Nous emménageons à côté, avec ma famille. On voulait se rapprocher de notre forêt hantée. Tu sais, celle dont j'ai repris la gestion, et qui rapporte. Combien déjà ? Ha oui, dix fois plus que la ruine de tu appelles « donjon maléfique ».

Clitorine (sourire crispé) : Allons, ce n'est que temporaire. Je viens tout juste de changer la politique de mon donjon. Cela va vite devenir rentable.

Louvina (sourire condescendant) : Tu veux dire, cette idée de « musée de l'ancien temps » ? Pourquoi des gens iraient payer pour voir ça, alors que ma forêt hantée propose diverses animations à la fois ludiques et terrifiantes ?

Clitorine (sourire faux) : Pas du tout, on a changé d'idée. Maintenant, on fait une tour d'attraction style "donjon maléfique", et les gens vont payer pour essayer de vaincre le donjon. Puis, on va louer pour de l'événementiel à thème!

Boris (surpris et quittant son duel avec Wolfy) : Mais... ma fille ! Tu ne m'as jamais parlé de ça !

Clitorine (foudroyant Boris du regard) : Mais si père ! Vous avez dû oublier, à votre grand âge, ça se comprend.

Wolfy et Louvina éclatèrent de rire, raillant un Boris outré, se sentant trahi par la chaire de sa chaire. Ce qui est techniquement impossible pour un monsieur vampire et une madame vampire. Puis, rejoints par le reste de la famille Percefion, la femme et la cadette, ils partirent en direction de leur demeure, Boris, furieux, se tourne vers sa fille.

Boris (scandalisé) : Ma fille ! Pourquoi m'avoir humilié devant nos ennemis ? Ils ont osé rire de moi. (Coude plié et poing levé) Sois maudit ! Wolfy de Percefion !

Clitorine (exaspérée) : Père, il suffit ! Vous ne m'avez pas laissé le choix. Si vous m'aviez suivi dans mon mensonge, je n'aurais pas eu besoin de vous « humilier » devant mon ennemi.

Boris (fou de joie) : Ma fille ! Tu as enfin ta première némésis ! Ouiiiiiiiiiiiiii !

Clitorine (choqué) : Quoi ? Non ! C'est une concurrente qui essaye de me ruiner, je dois la vaincre !

Boris (exultant de joie) : Oui, ma fille ! Tu dois l'écraser ! La soumettre ! Lui passer sur le corps !

Clitorine (le regard fier) : Oui ! Lui passer sur le corps ! On va leur montrer qui sont les meilleurs ! Dès demain on fait de mon mensonge une réalité ! Ils vont voir qui seront les meilleurs dans le métier !

Boris s'envoya autant de sang de nain qu'il pouvait en digérer. Trop heureux de voir sa fille défier son premier ennemi, comme lui l'avait souvent fait par le passé. Finalement, peut-être l'ancien temps n'était pas si loin.

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