La convention.
Dans le donjon maléfique de Tire-lanus, Clitorine, un grand rassemblement de gens a commencé. Le thème de la convention : Crépuscules ! La fameuse histoire d'amour avec un vampire et une humaine, et un rival loup-garou. Voilà qu'une armée de gueux, et d'ados boutonneux s'en vient envahir le donjon. Boris s'en trouve outré. Jamais de son temps, ses portes auraient été franchies si facilement par la populace. Sa seule consolation, c'était que certains semblaient passionnés par les vampires. Puis, y'en avait aussi qui était carrément hors sujet, mais Boris s'en fou : ils payent et c'est tout ce qui compte.
Arpentant la foule, le noble vampire avance avec prestance en compagnie de son ancien bourreau, reconverti en responsable des ressources humaines. Après tout, c'est la seule torture encore légale qu'il pouvait pratiquer. Ce dernier, malgré son nouveau poste, restait bien incapable de se séparer de son fouet et de sa cagoule. Sans oublier son justaucorps pour exhiber ses muscles, un vrai catcheur, mais au moins, lui, il aimait autant le bon vieux temps que Boris.
Boris (chaleureux) : Ha, mon bon bourreau. Voilà que notre bon donjon est devenu une attraction. Où est donc le temps où l'on massacrait nos ennemis ? Où l'on fouettait les laquais pour les faire travailler ?
Bourreau (déprimé) : C'était le bon vieux temps. Mon bon seigneur, moi j'vous le dis, je suis l'un des rares employés du donjon à vous regretter. Avant je faisais peur, on me respectait autant qu'on me craignait. Maintenant, les seuls que j'arrive à terroriser, c'est la machine à café et la photocopieuse.
Boris (compatissant) : Mon bon bourreau, toi au moins, tu comprends ce que c'est qu'être un seigneur du mal. On ne peut pas conserver sa réputation en étant gentil avec des méthodes progressives. Sinon, on est plus les méchants...
Inconnu (hautain) : Halte-là ! Je suis votre adversaire, messire.
Le type était un chevelu portant un costard et un katana. Sauf que s'il semblait avoir du style, il avait oublié d'avoir un cerveau. Le pauvre bougre venait d'interrompre Boris Tire-lanus, et le vampire se maîtrisait pour ne pas le tuer. Enfin pas avant connaître le nom à donner pour l'épitaphe.
Boris (scandalisé) : Damned ! Mais vous êtes qui ?
Inconnu (le regard méprisant) : Duncan Macleod du clan Macleod. Je te provoque en duel d'immortel, vil vampire !
Boris (ennuyé) : Bon, d'accord...
Boris dégaine son épée si vite que le pauvre bougre n'a même pas le temps de réagir. Avant d'avoir pu esquisser le moindre geste, sa tête roulait déjà sur le sol, devant quelques passants choqués par le sang et le cadavre. Clitorine arrive à temps pour calmer le jeu et rassurer comme elle peut ses visiteurs, tout en faisant évacuer le corps par ses laquais.
Clitorine (la voix fébrile) : Tout va bien. Ce n'était que du spectacle, ce type va très bien, c'est un comédien professionnel.
Les visiteurs passèrent leurs chemins, et la panique fut évitée. Clitorine se tourne alors vers son père, en quête de réponse.
Clitorine (furieuse) : Père ! Mais enfin qu'avez vous encore fait comme bêtise ?
Boris (outré) : Une bêtise ? Ma fille ! J'ai vaincu Duncan Macleod du clan Macleod en combat singulier. Ton père va pouvoir ajouter son nom à sa noble liste d'ennemis défaits !
Clitorine (exaspérée) : Père ! Ce n'était pas Duncan Macleod. C'était un de nos visiteurs faisant du cosplay !
Boris (interloqué) : Du cos quoi ? Mensonge, ma fille ! Il dit qu'il était Duncan Macleod du clan Macleod, donc il l'est ! Puis, il m'a provoqué en duel, et il portait une épée.
Clitorine (exaspérée, la paume sur le front) : Père, le cosplay est une pratique populaire qui consiste à se déguiser en personnages de fiction et se prendre pour eux. C'est normal qu'il vous ait défié, il le faisait pour l'amusement.
Boris (surpris) : Quoi ? Je n'ose y croire, mais je fais confiance à ton jugement, ma fille.
Puis, Boris se tourne vers le bourreau, et se penche à son oreille.
Boris (murmurant à voix haute) : Mon bon bourreau, note quand même pour mes futures mémoires que j'ai vaincu Duncan Macleod du clan Macleod.
Clitorine (furieuse) : Père ! J'ai tout entendu !
Autre inconnu : Et moi j'ai tout vu. Vous allez bien me punir pour ça ?
Les regards se tournent bien synchronisés vers l'inconnu. Celui-ci sort vraiment du lot, même pour des fans de fiction. Il portait une bure mauve sombre et une ceinture en lanières de cuir, avait le crâne chauve, et la couverte de cicatrices. Soit c'était un déguisement très réaliste, soit c'était vraiment un prêtre du culte des déesses jumelles Sado et Maso, divinités de la sainte douleur « érotique ».
Clitorine (écœurée) : Beurk ! Qui vous a permis d'entrer ?
Prêtre S & M (joyeux) : Enfin Madame, je suis venu pour la convention. Mais vous pouvez toujours me torturer si vous pensez que je mens.
Bourreau (heureux) : Vraiment ? Je peux ?
Clitorine (nauséeuse) : Même pas en rêve. Bien que ce type me donne envie de vomir, il n'est pas question de le torturer.
Prêtre S & M (d'un ton sadique): Mais vous savez, j'ai beaucoup de choses à avouer. Vous allez bien m'emmener à la cave pour me faire parler ?
Bourreau (excité) : Ouai !
Prêtre S & M (limite pervers): Me tenir en laisse et m'attacher ?
Bourreau (excité) : OUAI !
Prêtre S & M (carrément obscène): Me lyncher avec du cuir clouté ?
Bourreau (déchaîné) : OUAIIIIIIIII !
Prêtre S & M (déchaîné) : AaaaaaH !
Bourreau (déchaîné) : Yaaaa Aaaaah !
Le bourreau fit claquer son fouet, tout en partant bras dessus bras dessous avec le prêtre. Clitorine resta stupéfaite devant un tel scénario. Non seulement le bon bourreau allait retomber dans ses anciens travers, mais en plus, avec le consentement du prêtre, elle ne pouvait pas l'empêcher d'un point de vue légal.
Clitorine (sous le choc) : Mais enfin... Qu'est-ce qui vient de se passer ? C'est... c'est mal !
Boris (outré) : Ma fille ! Je n'arrive pas à croire ce que j'entends ! Je te pensais plus ouverte d'esprit que ça !
Clitorine (surprise) : Père, de quoi parlez-vous ?
Boris (outré) : Mais du bon bourreau ! Il a enfin trouvé sa némésis à lui, un ennemi qu'il va pouvoir fouetter sans pitié ! Comment ne pas être heureux pour lui ? Tu lui refuserais un tel bonheur après toutes ses années de bon et loyaux services ?
Clitorine (exaspérée) : Père, je crois que vous vous méprenez. Il ne s'agit pas vraiment de cela. C'est un genre de relation un peu différente que vous réprouveriez sûrement.
Boris (surpris) : Ma fille, je ne comprends pas de quoi tu parles. Encore un truc à la mode "nouvelle ère" en matière de torture. En tout cas, notre bon bourreau est heureux, c'est tout ce qui compte.
Clitorine est sur le point de répliquer, mais se ravise. Pas la peine de perdre du temps à expliquer la vérité à Boris, qui pour une fois semblait ouvert d'esprit, même s'il n'avait pas compris la situation. La priorité de Clitorine, c'est de gérer l'évènement qu'elle héberge. Sauf qu'elle manque de vigilance à cet instant, et se reçoit un coup de rame en bois sur la tête.
Inconnue (enragée) : Team Jacob, pétasse !
Clitorine n'a pas mal, bien sûr. Elle est une vraie vampire, elle. Mais elle n'apprécie pas pour autant de se faire frapper par une inconnue qui se colle des faux poils bruns sur la tronche. Peu importe si c'est une cliente, elle va le payer.
Clitorine (furieuse, sortant son épée) : Qui est la sombre conne qui m'a frappé !
Inconnue (effrayée) : Dé... Désolé ! Je croyais que vous étiez une actrice. Encore désolé...
L'inconnue se tire si vite qu'on aurait vraiment dit un loup-garou. Mais le pire reste à venir. Si la rame n'a rien fait à Clitorine, la vue de sa rivale lui fait l'effet d'un coup de massue. Elle la nargue et se moque d'elle, dans son tailleur et son pantalon rouge sang.
Clitorine (choqué) : Toi ! Qu'est-ce que tu fous ici ?
Louvina (le sourire victorieux) : À ton avis ? C'est moi qui ai organisé cette convention. Donc, c'est moi qui ai empoché le plus. Toi, tu n'as eu que le montant de la location.
Clitorine (furieuse) : Tu as osé me faire ça à moi ? Tu vas payer, Percefion !
Boris (exultant de joie) : Ouiiiiiiii ! Vas-y ma fille ! Explose-là ! Passe-lui sur le corps comme je te l'ai conseillé !
Les deux femmes d'affaires en viennent aux mains, tel un film de kung-fu. Combat plus gracieux que violent, mais quand même une confrontation au corps à corps. Tandis qu'elles finissaient par se rouler par terre, voilà qu'elles sont imitées par les visiteurs. C'est la bataille générale, et les laquais sont débordés. À la fin de l'affrontement, le grand hall du donjon est dévasté. Heureusement que Clitorine a fait signer une clause d'assurance aux frais de l'organisatrice. Malgré tout, c'est quand même Louvina qui se releva et afficha un air victorieux. Elle part en lui tournant le dos, roulant des fesses pour la narguer.
Clitorine (furieuse) : Elle va me le payer ! On ne se moque pas de Clitorine Tire-lanus sans en subir les conséquences. Et puis comment elle fait pour avoir un cul aussi sexy !
Boris (choqué) : Ma fille ! Faire preuve de jalousie ne rend pas la victoire plus belle. Elle en gâche toute la noblesse.
Clitorine (outré) : Père, je ne suis pas jalouse ! Je ne fais que constater ! Un jour, je vais lui passer sur le corps, elle va pas comprendre ce qui lui arrive !
Boris (heureux) : C'est bien, ma fille ! Ça, c'est l'esprit Tire-lanus. On les aura un jour ! On les aura !
Fin de la convention, et les pauvres laquais se voient obliger de réparer les dégâts. Heureusement, ça reste peu de chose. Avec une telle fureur, cela aurait pu être pire. Ne reste qu'à savoir ce qui arrivera ensuite. Le bon bourreau a t-il enfin trouvé l'amour avec son prêtre sadomaso, ou n'est-ce qu'un fouettage d'un soir ? Boris Tire-lanus a t-il vaincu Duncan Macleod, ou n'était-ce qu'un cosplay comme le dit sa fille Clitorine ? Clitorine Tire-lanus va t-elle enfin passer sur le corps de sa Némésis Louvina de Percefion ?
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