Le nouveau donjon.
Après le fiasco de la convention « Crépuscule », Clitorine doit vraiment rattraper le coup. Elle a bossé toute la semaine sur son projet, et tous les laquais ont redoublé d'efforts, mais le donjon est au point. Pièges nombreux mais non dangereux, parce que les « aventuriers » sont des clients. Des enfants et des adolescents en mal d'adrénaline. Et surtout un boss final qui en impose : Boris Tire-lanus en personne ! Le grand tyran despotique devrait à lui seul créer l'engouement du public. Enfin, tout dépend de s'il ne fait pas de bêtise. Cela, Clitorine en est moins sure.
Clitorine (stressée) : Père, vous avez bien compris la manœuvre ?
Boris (outré) : Ma fille ! Me prendrais-tu pour un idiot ? Je sais bien que je dois faire semblant.
Clitorine (sceptique) : Père, dois-je vous rappeler les enfants à Halloween ? Qu'en avez-vous fait ?
Boris (vexé) : Mais ça ne compte pas ! Ils étaient déguisés en petits démons. Et personne ne m'avait prévenu pour Halloween.
Clitorine (désespérée) : Et pour les policiers, hein ? Oh et puis laissez tomber, père. Soyez juste à votre poste. Vous n'oublierez pas que les visiteurs seront déguisés ? Comme ça, vous ne pourrez pas dire que vous n'êtes pas prévenu.
Clitorine ne perd pas de temps, et tourne les talons. Elle sait que si elle attend une réponse, celle-ci ne pourra être que stupide. L'important c'est que le donjon tourne à plein régime pour son ouverture complète, et sa nouvelle attraction. Ses premiers visiteurs arrivent, et elle les escorte à travers les couloirs, n'intervenant pas, mais s'assurant que les laquais restent dans le « faux ».
Les pièges fonctionnent : ils stoppent les visiteurs tout en les amusant. Puis, un premier groupe parvint au deuxième étage. Là, le petit frère doit leur barrer le passage. Bon c'est pas une flèche, mais pas non plus le genre à faire les mêmes conneries que Boris.
Bitoven (le visage et le ton provocateur) : Amenez-vous ! Bande de bolosses conformistes !
Les visiteurs restent de marbre. Clitorine, elle, fait bien comprendre à Bitoven qu'il va le payer cher. En attendant, « show must go on », et les aventuriers s'attaquent au vampire émo, qui se défend, mais perd le combat. Au moins, il a bien compris son rôle.
Clitorine (feignant la joie) : Bravo mes petits aventuriers, vous avez vaincu un puissant adversaire. Maintenant, il vous faut gagner le troisième étage.
Facile à dire. Mais les petits aventuriers échouèrent au deuxième niveau pour cause de piège « fun mais trop difficile ». Un nouveau groupe se lance, échoue au premier étage. Équipe suivante, elle franchit le premier niveau. Passe Bitoven qui joue toujours aussi mal la comédie. Elle franchit tous les pièges du deuxième niveau. Monte l'escalier et se retrouve face à Cunégonde, la reine des ténèbres.
Cunégonde (le ton mielleux) : Vous voici donc arrivé face à moi, jeunes et braves aventuriers. Mais votre chemin s'arrête ici.
Clitorine sourit. Au moins, sa mère a le sens de la comédie. Une véritable actrice. Par contre, pour la baston, c'était pas ça, ou si, mais un peu trop. Elle met une déculottée des plus sévères à une bande d'ados. Bon, ils ont payés pour ça aussi, et y'a une assurance pour couvrir les bobos. Et voilà un nouveau groupe éliminé.
Clitorine (déçue) : Mère, vous auriez pu faire un effort. Ils payent pour jouer aux aventuriers pas pour se faire démolir.
Cunégonde (fière) : Justement, ma fille. Se faire casser la figure par l'adversaire, ça fait partie de l'aventure. Si c'est trop facile, ils ne reviendraient pas tenter leur chance, puisqu'ils auraient déjà tout vu.
Là, Cunégonde marque un point. Clitorine se sent rassurée. Au moins un membre de la famille semble prendre les choses au sérieux. Elle commence même à entrevoir la possibilité que son père sorte le grand jeu, tout en se maitrisant. Nan, même pas en rêve. Mais au moins avec Cunégonde pour garder le troisième étage, peut-être Boris n'aurait-il pas à se montrer.
Nouveau groupe, nombreux cette fois-ci. Avec autant de monde, ils pourraient bien parvenir au boss final. Ils franchissent les étages, passent même le barrage « Cunégonde ». Elle ne pouvait pas en stopper autant sans y aller trop fort. Ils franchissent alors tous les pièges du troisième niveau, mais pas sans « pertes ». La voie est dégagée au quatrième étage, les pièges ne suffisent pas à stopper le groupe. Il ne reste qu'une porte entre eux et le boss final. Ils la poussent, et se retrouvent face à Boris, une brosse à cheveux dans les mains et deux poupées dans l'autre.
Boris (voix aiguë) : Oh non Boris, je m'incline tu es vraiment trop fort ! (voix normale = grave) Trop tard Wolfy ! Tu es fini !
Clitorine (furieuse) : Père ! Vous aviez promis d'être sérieux et de faire un effort !
Boris (surpris, défiant le groupe de son épée, heu non, brosse à cheveux) : Vils fêlons, vous voilà ! Je vais vous écraser comme des punaises !
Et il le fit, rendant l'humiliation du groupe d'aventuriers des plus mémorable : vaincu par une brosse à cheveux. Ils prirent la direction de la sortie, mais Boris, fier de jouer le jeu, les poursuit. Lui, et Clitorine se retrouvent dans le grand hall, rejoint par Cunégonde et Bitoven. Tous les visiteurs sont restés sur place, comme s'ils attendaient quelque chose. Des mécontents souhaitant être remboursés ? Non, c'est autre chose qui les pousse à ne pas quitter le donjon maléfique.
Les grandes portes s'ouvrent. Un dernier groupe s'avance, voulant tester le donjon, leurs billets à la main. Les quatre membres de la famille Percefion font face aux Tire-lanus. Boris et Wolfy se défient avec leurs poings vengeurs. Cunégonde et la femme de Wolfy, Laïka Percefion, jouent aux cartes, parce que merde, ça suffit les conneries. Bref, pour les duels classieux, il faut se tourner vers les jeunes. Et il y en a bien un qui semble prometteur. Les cadets s'affrontent à la rapière : Bitoven, le vampire émo, contre Loupina, la louve-garou kawai. Par contre ça manque de vigueur, comme s'ils se battaient sans motivation. Ne restent que deux adversaires se faisant face.
Clitorine (hautaine, tirant son épée) : Cette fois-ci, je gagne ! Tu vas regretter d'être venue Louvina !
Louvina (confiante, dégainant son épée) : Vraiment ? Pourtant, me voici une fois de plus dans ton donjon, empiétant sur ton commerce.
Clitorine (sereine et amusée) : Puisque tu es là, autant s'amuser un peu. Battons-nous chère rivale.
Face au calme plat, affichée par Clitorine, Louvina hésite. Elle regarde autour d'elle, voit la foule rassemblée en cercle autour des opposants, et sourit. Elle vient de comprendre la supercherie, et se montre finalement contente que le seul vrai combat soit celui des deux cadets. Elle range son épée, et sort un éventail à la place.
Louvina (souriante) : Sans façon. Je ne vais pas te donner ce que tu veux. (Se tourne vers sa sœur). Loupina ! Cesse le combat, ça sert à rien !
Loupina (soulagée) : Bon j'aurais pu gagner, mais pas envie ! Il fait aucun effort mon adversaire.
Bitoven (blasé) : Les duels c'est nul, c'est trop conformiste d'abord.
Et les deux combattants déposent les armes. La déception gagne la salle. C'est alors que le bon bourreau fait son entrée dans le hall. Et Boris cesse de maudire Wolfy avec son poing vengeur. Il brandit la brosse à cheveux qu'il avait dans la main.
Boris (défiant son adversaire) : À nous deux, Percefion !
Wolfy (moqueur) : Ha ! Alors Tire-lanus ! Trop pauvre pour se payer une épée ? La mienne est flambant neuve ! On ne fait pas plus solide, pointue et tranchante.
Cela est bien vrai. Manche et garde dorée et sertie de pierres précieuses, longue lame. Le bon bourreau fait le tour de la foule, prenant les paris, y compris celui de Boris. Puis, celui-ci sort sa vieille flamberge à manche noir et garde en forme de tête de mort. La lame et vieille mais très bien entretenue. La foule est médusée, puis change sa mise à temps, avant le début des hostilités. Les deux adversaires s'affrontent avec violence, mais à forces égales. Puis, Wolfy commence à prendre l'avantage. Louvina l'a remarqué.
Louvina (inquiète) : Père cessez le combat ! C'est un piège !
Wolfy (furieux) : Ma fille ! Je suis sur le point de vaincre !
Et il le fait. Boris se retrouve désarmé, et se rend. Louvina a compris le piège, mais trop tard. Le bon bourreau ramène le montant des paris à Boris. Wolfy vient également de voir l'arnaque. Sa victoire n'en est pas une. Même Clitorine est surprise. Son père est peut-être à la ramasse sur beaucoup de sujets, mais dès qu'il s'agit de pognons et de coup tordu, il reste un expert. Elle reste tout de même contente, car cela reste également une victoire pour elle, contre sa rivale.
Clitorine (joyeuse) : Alors Louvina, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
Louvina (calme et s'éventant avec élégance) : Félicitation, c'était de toute beauté. Mais pendant que tu essayes de me prouver que tu es meilleure que moi, ma forêt hantée continue de générer dix fois plus de profit que ton « donjon maléfique ».
Clitorine (le regard fier) : Pour l'instant. Mon objectif était juste de te rendre la monnaie de ta pièce pour la convention. Et c'est fait. Mon seul regret c'est que nous n'ayons pas eu notre duel.
Louvina (souriante) : Oh ! Si ce n'est que ça, tu vas l'avoir, mais selon mes conditions ! Duel à minuit demain soir ! Seulement toi, et moi !
Clitorine (souriante) : Avec plaisir ! Je vais bien m'occuper de ton cas.
Louvina quitta le hall. Provocant à nouveau Clitorine en roulant des fesses pour la narguer. Clitorine continue malgré tout de sourire. Puis, une fois n'est pas coutume, elle félicite son père pour son initiative. Elle part s'entraîner pour son duel, laissant la gestion du donjon à ses laquais pour la fermeture.
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