Duel à minuit.
Le jour du duel, au crépuscule, Clitorine, dans une panoplie de sport, enchaîne les exercices de musculation, et les étirements. Boris, regarde sa fille, consterné par son comportement.
Boris (surpris) : Ma fille. Que signifie cette comédie ? Tu sais bien qu'en tant que vampire, tu possèdes une grande force naturelle. Aucun entraînement ne la changera.
Clitorine (en sueur, ton ennuyé) : Je le sais très bien, père. Vous ne pensez tout de même pas que je fais cela sans raison.
Boris (étonné) : Certes, mais alors, pourquoi ?
Clitorine (exaspérée) : Pour la mise en scène, pour l'image. Voyez cela comme une guerre psychologique. Il faut bien montrer à mon adversaire que je suis au mieux de ma forme.
En effet, c'est bien l'objectif visé par Clitorine. Elle s'est installée proche des fenêtres du manoir voisin. Louvina l'y observe depuis celles-ci, ne détournant même pas le regard quand sa rivale la pointe du doigt. La vampire rentre chez elle, la louve-garou ferme ses rideaux.
La nuit est tombée, Clitorine affronte un mannequin de bois : derniers préparatifs avant le duel. Minuit approche. Clitorine revêt sa plus belle tenue de combat. Pantalon bleu marine moulant pour avoir de la fluidité dans son jeu de jambes. Chemise blanche avec brassards de cuirs et cravate noire. Et comme son père, une épée longue avec une garde en forme de tête de mort.
Loin de leurs manoirs respectifs, les deux duellistes se retrouvent. Louvina a adopté la même tenue que Clitorine, à part la couleur rouge sang pour le pantalon et un nœud de papillons remplaçant sa cravate. Même son épée est semblable à sa rivale, sauf que la garde porte une tête de loup à la place du crâne humain.
Louvina (arrogante) : Alors, Clitorine, prête à en découdre ?
Clitorine (confiante) : Je n'attends que ça depuis des jours. À quoi bon se faire une guerre économique ? Je n'ai rien contre, mais je préfère la confrontation physique.
Louvina (joyeuse) : Moi aussi. Maintenant, on se bat ou l'on continue cette discussion stérile ?
Pour être stérile, il est clair que ça l'est comme conversation. Mais trêve de bavardage. Les lames sont sorties, et le combat commence. Les épées s'entrechoquent une bonne partie de la nuit. L'affrontement résonne jusqu'aux manoirs. Boris écoute le bruit que provoque la fureur du combat, comme on écoute une symphonie. Il est heureux, sa fille fait face à sa némésis. Puis, les sons s'évanouissent dans la nuit. Tire-lanus, malgré sa curiosité, se retient d'aller voir. Sa fille est adulte, et il respectera le résultat du duel.
Quelques heures avant l'aube, Boris part se coucher. La journée passe, mais aucune nouvelle de Clitorine ou de sa rivale. Au crépuscule, un son de cloche retentit. Quelle honte ! Un sombre abruti vient déranger Boris, et il va le payer ! Le vampire ouvre la porte, et affiche un air choqué. C'est comme s'il avait reçu un coup de massue.
Boris (furieux, poing vengeur brandit) : Wolfy de Percefion ! Que viens-tu faire ici, misérable sac à puces ?
Wolfy (enragé, épée à la main) : Tire-lanus, sale suceur de sang, je ne suis pas là pour rigoler ! Où est ma fille ? Elle n'est pas rentrée cette nuit !
Boris (exultant de joie) : Ha ! Alors ça veut dire que Clitorine a gagné !
Wolfy (furieux) : Sombre crétin fini ! Elles n'avaient jamais parlé d'un duel à mort ! La seule explication, c'est que vous lui avez tendu un piège !
Boris entend les accusations de Wolfy, et sort son épée. Il le prend comme une insulte. La situation est sur le point d'exploser, lorsque Cunégonde arrive à l'entrée.
Cunégonde (d'une voix forte) : Messieurs, s'il vous plaît ! Cessez de vous comporter comme des enfants.
Boris (penaud) : Mais chérie...
Cunégonde (sévère) : Je vous signale que Clitorine est rentrée de son duel. Ne serait-il pas plus sage de lui demander où est Louvina, avant de tirer des conclusions hâtives ?
Wolfy (furieux) : Ha ! Je suis sûr que c'est encore un de vos coups tordus, à vous, les Tire-lanus !
Laïka (sévère) : Wolfy ! Cela suffit !
Wolfy (intimidé) : Mais chérie...
Laïka (furieuse) : Wolfy !
Les deux éternels ennemis se ratatinent complètement devant leurs épouses. Tous les quatre arpentent le manoir jusqu'à la chambre de Clitorine. Malgré les protestations de Laïka, Wolfy enfonce la porte comme un mal propre. La bonne nouvelle, c'est qu'ils ont retrouvé Louvina. La mauvaise, c'est que le duel a dû être super violent. Les deux adversaires n'ont plus leurs vêtements sur elles. Ils gisent au sol, tandis qu'elles semblent récupérer de leur combat. Face à cette vision, c'est le choc total, sauf pour Clitorine et Louvina qui semblent ne pas apprécier d'être dérangées.
Louvina (surprise) : Père ? Que faites-vous ici ?
Wolfy (choqué) : À toi de me le dire, ma fille. Je te croyais en danger.
Boris (déconcerté) : Ma... Ma fille ! Je ne comprends pas.
Clitorine (la voix amusée) : Père, j'ai suivi vos conseils. Je suis passé sur le corps de ma rivale, et pas qu'une fois.
En effet, Boris a bien fait cette suggestion à sa fille. Mais Boris étant complètement à l'ouest sur les doubles sens, et sur les choix de vie de la « nouvelle » génération, il n'aurait jamais pu imaginer ça.
Boris (outré) : Ma fille ! Quand je te disais de passer sur le corps de ton ennemie, je parlais de la vaincre en duel ! De l'écraser ! La soumettre ! La massacrer !
Clitorine (insolente) : J'ai fait tout ça, père ! Sauf la massacrer. Vous voyez bien que Louvina est vaincue et ma merci.
Wolfy (abattu) : Louvina ! Avec la fille de mon ennemi ! Comment as-tu pu ?
Louvina (joyeuse) : Père, j'ai livré un grand duel à l'épée. Puis comme on a fait match nul, on a décidé d'un duel à main nue. Disons que ça a un peu « dégénéré ».
Clitorine (fière) : Ce fut un duel très « serré », mais j'ai fini par gagner.
Louvina (fière) : J'ai plus que bien résisté, j'ai même failli l'emporter.
Cunégonde (gênée) : Messieurs, serait-il possible d'en rester là ? Je vous signale qu'elles sont deux adultes. De plus, je crois qu'elles ne sont pas vraiment « présentables » pour un interrogatoire.
Cunégonde dit vrai : il serait bien de laisser les deux femmes en toute intimité, ne serait-ce pour qu'elles puissent se vêtir. Puis non, juste les laisser en paix. Finalement, Clitorine a réussi à avoir Louvina. D'accord pas dans le sens où elle se l'était imaginé au départ. La question, désormais, c'est savoir si cela n'est que passager, ou si cela peut être le début de la fin d'une rancune ancestrale.
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