Règlement de compte.
La grève finie, Clitorine s'en alla vers la fameuse forêt hantée, celle dont on ne cesse de lui vanter les mérites, la rentabilité et le dynamisme. Par contre, c'était pas la meilleure des idées que de venir en tenue de duel. En effet, elle en avait de rechange, et heureusement car la dernière avait fini en lambeaux. Puis l'épée à la ceinture. Ça non plus, c'était pas forcément le message le plus diplomatique de l'année.
La vampire parcourut la forêt, sous le regard des laquais de Louvina. Bon, elle est loin d'être en danger, car aucun d'eux n'a le courage de se suicider... D'aller affronter la femme d'affaires escrimeuse. Ils la laissent passer, et celle-ci se pointe devant le bureau. D'un grand coup de pied, Clitorine enfonce la porte. Face à elle, Louvina est assise dans un fauteuil, elle aussi, vêtue d'une tenue de duel, et de son épée.
Clitorine (surprise) : Hé bien ! Quel accoutrement ! On croirait presque que tu t'attendais à ma visite.
Louvina (étonnée) : Pas du tout. Je travaille toujours ainsi. C'est pour les apparences. N'oublie pas que je dois jouer un rôle pour les visiteurs. Tu devrais en faire autant.
Clitorine (froide) : Voilà qui confirme ce que j'étais venu te demander. C'est donc toi qui es responsable pour la grève que j'ai subie hier.
Louvina (interloquée) : Une grève ? De quoi tu parles ?
Clitorine est furieuse. Elle a vraiment du mal à savoir si Louvina se fout de sa gueule, ou si elle n'est vraiment au courant de rien. Elle lui raconte donc l'histoire de la grève de ses laquais. Puis, en l'entendant, Louvina se met à rire. Là, les choses sont claires pour Clitorine. Elle tire son épée, la louve-garou en fait autant. Mais personne ne se bat. Donc, c'est juste de la frime inutile, et de l'intimidation inefficace, vu qu'elles sont de force égale.
Louvina (calme) : Donc, tu as eu des réflexions de tes laquais, et tu crois que je suis responsable ? J'en ai régulièrement, et je viens pas défoncer ta porte de bureau.
Clitorine (énervée) : Sauf que les tiens, ils n'ont pas eu cette idée en écoutant un de mes employés. Je suis au courant, que ton prêtre S&M à souffler cette idée au bon bourreau.
Louvina (surprise) : Heu... C'est une blague, c'est ça ? En gros, je serais, selon toi, responsable des confidences sur l'oreiller entre le prêtre et le bourreau ?
Clitorine (énervée) : Le BON bourreau. J'ai jamais su pourquoi, mais il ne faut pas oublier le « bon » avant bourreau. Puis, si j'en suis arrivé à cette conclusion c'est pas sans raison ! Le prêtre n'a pas donné de nouvelle au bon bourreau ! Donc, il est évident qu'il était juste là pour remplir une mission !
Alors, pour une vampire femme d'affaires qui a généralement la tête sur les épaules, et du bon sens, Clitorine arrive tout de même à déboussoler son interlocutrice. Louvina semblait tellement étonnée que même l'idiot du village aurait compris du premier coup. Mais pas Clitorine. Ou plutôt, qu'elle est comme son père quand il s'agit du nom Percefion : les neurones n'avaient pas l'air d'être fiables.
Louvina (vexée) : Hé ! Je ne suis pas responsable de ça. J'ai appris pour le prêtre et le bon bourreau après que ça soit arrivé. Enfin le même jour que toi quand ils sont partis ensemble. Quant au fait de ne pas donner de nouvelle, tu es mal placé pour dire ça.
Clitorine (outrée) : Et ça veut dire quoi, ça ?
Louvina (vexée) : Que ton « bon bourreau » n'a pas non plus, lui aussi, donné de nouvelle. Tout comme toi. Tu n'as pas oublié, hein ?
Clitorine (choquée) : Hé ! Il n'a jamais été question de poursuivre cette « relation ». On avait jamais parlé de ça.
Louvina (vexée) : On en a pas parlé tout court.
Clitorine (feignant l'indifférence) : Là n'est pas la question. Il est question du prêtre et du bon bourreau. Et du fait que tu sois encore intervenue dans mes affaires.
Louvina (lassée) : Alors concernant le bon bourreau et le prêtre, si ça se trouve, ils ont juste oublié de se laisser des coordonnées pour se recontacter. Concernant tes « affaires », je n'y suis pour rien, moi.
Clitorine (insistante) : Le timing te contredit, très chère.
Louvina (exaspérée) : Dans ce cas-là, va demander aux principaux intéressés. Tu verras bien que je n'y suis pour rien. Et si j'ai raison, tu m'en devras une.
Clitorine (curieuse) : D'accord. Tu me guides jusqu'à ton prêtre et on va voir ça.
Et elles y allèrent. Elles sortent du bureau, défilant devant tous les laquais de Louvina. S'ils étaient effrayés devant Clitorine seule, ils se pissent carrément dessus avec les deux femmes d'affaires ensemble. Difficile de croire que Louvina subissait elle aussi des grèves. Ou alors c'est ensemble qu'elles sont les plus fortes, les plus dangereuses. Cela bien sûr, il vaudrait mieux que Boris et Wolfy ne le sachent jamais. Ça pourrait même buter les immortels qu'ils sont. (Oui Wolfy et sa famille sont du genre « loup-garou à la longévité d'un vampire », mais ils font tous pour éviter le sujet).
Mais là n'est pas la question. Voilà les deux femmes d'affaires devant le temple dédié aux déesses Sado et Maso. Donc autant dire que leur réputation vient déjà de prendre une claque, surtout que leur grand secret est connu de tous. En gros, tout le monde sait qu'elles ont passée la nuit ensemble. Mais n'oublions pas la raison de leur présence ici. Le prêtre, et justement le temple est son bureau, parce que oui, il fait un travail ici. Genre conseillé spirituel ou psychologue du travail. Avec la machine à café, et tout. De toute façon, il est tellement frappadingue que personne ne sait vraiment à quoi il sert.
Clitorine (d'une voix autoritaire) : Prêtre ! Avez-vous intentionnellement provoqué une grève chez moi, sur ordre de Louvina ?
Prêtre (excité) : Oh, oui ! La question ! Vous allez me battre sévèrement ?
Clitorine (choquée) : Quoi ? Mais il n'en est pas question. Je veux juste une réponse ! Pourquoi avoir livré des informations au bon bourreau ? Celles qui ont provoqué une grève chez moi.
Prêtre (confus) : Parce qu'il m'a fouetté pour ça, évidemment ! Ça faisait partie de notre jeu.
Louvina (scandalisée) : Quoi ! Vous utilisez des secrets d'entreprises pour vos jeux pervers ?
Prêtre (joyeux) : Je vais avoir des ennuis ? Si c'est le cas, alors oui ! J'ai fauté, punissez-moi !
Louvina (furieuse) : Pire ! Une mise à pied d'une semaine !
Prêtre (excité) : Oh oui ! La torture par la pauvreté et l'ennui !
Clitorine (ironique) : Au moins, ça vous laissera du temps pour donner des nouvelles au bon bourreau.
Prêtre (confus) : Quoi ? Et gâcher notre belle séance de torture psychologique ?
Bon, il est évident que quelque chose a échappé à tout le monde. Enfin surtout aux principales intéressées. Elles restent bouche bée devant cette déclaration. Mais pour comprendre cette situation, le prêtre reste le meilleur orateur possible pour expliquer.
Prêtre (sérieux [?]) : Vous ne saviez pas ? On garde nos distances volontairement. C'est sa façon de me torturer.
Clitorine (confuse) : Moi qui croyais que c'était une histoire sans suite. Ou plutôt que vous aviez un problème de communication.
Prêtre (sarcastique) : Madame, s'il vous plait. Ma relation avec le bon bourreau est bien plus saine et plus stable que la vôtre avec Madame Louvina.
Et voilà que les deux femmes d'affaires se mettent à recracher leurs cafés. Donc oui, tout le monde sait pour elles, mais elles ignorent que leur aventure est de notoriété publique. Enfin, plus maintenant. Mais il faut reconnaître qu'apprendre ce genre de chose de la part d'un prêtre sadomaso, c'est pas vraiment la meilleure façon de bien le prendre.
Louvina (furieuse) : Comment osez-vous ! Ma vie privée ne regarde personne !
Prêtre (confus) : Privée ? Mais Madame, je ne comprends pas. Comment ce qui est connu du grand public peut être privé ?
Louvina (furieuse) : Ce n'est pas parce que la nouvelle a « filtré » qu'il faut en reparler. D'ailleurs comment ça s'est su ? (se tourne vers Clitorine). Tu n'y serais pas pour quelque chose, toi ? Genre vengeance pour une grève dont je ne suis pas responsable.
Clitorine (outrée) : Comment ? J'ai déjà assez à faire chez moi, tu crois vraiment que j'ai besoin de crier ça sur tous les toits ? Et puis, pour la grève, t'es pas encore totalement innocenté.
Louvina (choquée) : Encore avec cette histoire ? J'y suis pour rien ! J'en ai régulièrement des grèves, ça fait partie du jeu. Et puis, avant de me critiquer, commence par écouter tes laquais. Comment ça s'est terminé cette grève ?
Clitorine (hésitante) : J'ai fini par accepter leurs demandes, puisqu'elles étaient pertinentes.
Louvina (hautaine) : Bien voilà. C'était pas si terrible. Maintenant, si tu n'as rien de plus à me reprocher, tu pourrais partir de ma forêt hantée ?
Clitorine (provocante) : Incroyable. Donc, tu me reproches de ne pas donner de nouvelle, et maintenant, tu voudrais me virer de chez toi, sans même prendre le temps de discuter ?
Louvina (surprise) : Discuter ? C'est pas déjà ce qu'on vient de faire ? À moins que je ne me trompe.
Clitorine (hésitante) : Je voulais dire, discuter d'autre chose que du travail... Puisqu'aborder certains sujets te semblait important.
Louvina (mal à l'aise) : Je n'ai pas dit ça. Juste que ça aurait été un peu plus cordiale entre nous, je veux dire de poser des règles, se mettre d'accord...
Bon, là, les deux n'ont rien de plus intéressant à se dire. Enfin si, mais cela ne regarde point l'opinion publique. Il est donc préférable de laisser ces deux dames ici, en toute intimité.
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