Chapitre 11 : La planète mystérieuse
L’Alcazar émergea doucement de l’hyperespace, se stabilisant dans l’orbite de Zhyrnès III, une planète mystérieuse qui semblait exister en dehors de tout recensement galactique. À travers les larges hublots de la passerelle, l’équipage découvrit un monde aussi magnifique qu’inquiétant.
Des forêts denses, aux teintes oscillant entre le vert émeraude et le bleu profond, s’étendaient à perte de vue, parsemées d’éclats scintillants : des lacs argentés, si immobiles qu’ils reflétaient parfaitement le ciel nuageux. Des montagnes acérées, aux sommets hérissés de cristaux brillants, se dressaient comme des sentinelles, donnant à la planète un aspect presque surnaturel.
Plus étrange encore, de gigantesques structures végétales, semblables à des arches et des spirales, semblaient flotter au-dessus du sol, défiant les lois de la gravité. Ces formations irradiaient une lumière douce et pulsante, comme un cœur battant, ajoutant une touche presque onirique à ce paysage déjà irréel.
Sur la passerelle, l’ambiance était tendue mais électrique. Chacun observait la planète avec fascination et appréhension.
— Incroyable… murmura Esmeralda, les yeux fixés sur l’immensité qui s’offrait à eux. On dirait que cette planète est vivante.
— Peut-être qu’elle l’est, répondit Howard, en ajustant la sangle de son holster. Et dans ce cas, on ferait bien de ne pas la déranger.
Près de l’holotable, Tony étudiait les coordonnées projetées par la carte holographique. Désormais complète grâce aux quatre fragments, elle révélait un point précis, niché au cœur d’un immense cratère montagneux. Les données indiquaient des variations énergétiques inhabituelles dans la région, renforçant l’idée que l’Étoile d’Azura pourrait s’y trouver.
— Voilà notre destination, déclara Tony, en désignant la région montagneuse du bout des doigts. L’image holographique tournoyait légèrement, dévoilant les contours accidentés du cratère. On y trouve des structures anciennes… Peut-être les vestiges d’une civilisation disparue.
Jed, debout à quelques pas de lui, plissa les yeux en scrutant l’écran. Son scepticisme était évident.
— Et des créatures, j’imagine, ajouta-t-elle, son ton mordant masquant une pointe de nervosité. Rien d’accueillant dans un endroit pareil.
Dean, les bras croisés, fixait la planète à travers le hublot, son visage impassible mais concentré.
— C’est certain, répondit-il, d’un ton calme. Mais nous n’avons pas traversé la moitié de la galaxie pour reculer maintenant.
Yvan, assis près des commandes d’armements, esquissa un sourire en coin.
— C’est pas dans notre style, de toute façon. On fonce, on improvise, et on espère que ça marche.
Un léger rire parcourut la pièce, mais l’ambiance restait lourde. La planète semblait inviter les aventuriers à venir percer ses mystères, tout en les mettant au défi de survivre à ses dangers.
Tony, sentant le poids de la décision sur ses épaules, reprit la parole :
— Préparez-vous. Eagle, descends-nous à une altitude stable au-dessus de cette région. Je veux une analyse complète des courants atmosphériques avant qu’on se pose.
Eagle, concentré sur ses instruments, hocha la tête.
— C’est un cauchemar météorologique, Capitaine. Les vents dans la région du cratère sont imprévisibles. Ce sera un atterrissage compliqué.
— Alors fais ce que tu fais de mieux, répondit Tony avec un sourire confiant. Quant à nous, on s’équipe. Howard, Yvan, vérifiez l’arsenal. Jed, assure-toi que le Ranger est prêt, tu seras notre pilote, Joe, tu as le commandement sur le vaisseau en notre absence, prépare l’équipage en cas de visite d’indésirables, Eagle et Esmeralda vous vous occupez de la surveillance du vaisseau et des communication avec nous. Soyez prêts ! Cette planète ne va pas se dévoiler sans se défendre.
***
L’équipe sélectionnée pour l’expédition descendit sur la planète en empruntant le Ranger. Dès leur arrivée, ils furent frappés par la densité oppressante de la végétation. Les arbres massifs, dotés de feuillages bioluminescents pour certains, créaient une lumière diffuse et irréelle. Le sol, spongieux, semblait émettre des vibrations à chaque pas, comme si la planète elle-même respirait.
— C’est magnifique, murmura Jed, levant les yeux pour observer les fleurs luminescentes qui éclataient en volutes colorées.
— C’est surtout inquiétant, grogna Howard, son fusil prêt à tirer.
Alors qu’ils progressaient à travers les bois, une série de bruits gutturaux retentit au loin. Tony leva une main pour faire signe au groupe de s’arrêter.
— Je crois qu’on n’est pas tout seuls, murmura-t-il.
Ils n’eurent pas à attendre longtemps pour le confirmer : une créature massive surgit d’un bosquet voisin. Haut de trois mètres, le monstre, ressemblant à un mélange de reptile et d’insecte, fonça sur eux, ses six pattes martelant le sol. Ses mandibules claquaient violemment, et ses yeux, comme deux lanternes rouges, se fixèrent sur Tony, qui était en tête.
La créature bondit avec une agilité surprenante pour sa taille, ses griffes acérées fendant l’air dans un sifflement sinistre. Tony, les yeux écarquillés, tenta de se jeter sur le côté, mais le monstre était d’une rapidité fulgurante. Il sentit le souffle chaud de la bête tout près de son visage, et une de ses pattes griffues s’éleva, prête à s’abattre sur lui.
Un éclat argenté fendit l’air à cet instant, avec une précision mortelle.
Un couteau.
La lame se planta directement dans l’un des yeux luminescents de la créature, lui arrachant un hurlement strident qui fit vibrer l’air autour d’eux. Le monstre recula, secouant violemment la tête pour tenter de se débarrasser du couteau. Une épaisse substance noire suinta de sa blessure, mais loin de le ralentir, cela sembla le rendre encore plus féroce.
Jed, déjà en position, dégaina un deuxième couteau, son regard concentré.
— Je savais que je devrais te sauver la mise un jour, capitaine, lança-t-elle d’un ton narquois, essuyant la sueur sur son front.
Tony, haletant et toujours au sol, la fixa un instant avant de se redresser rapidement.
— J’aimerais dire que j’avais tout prévu, mais… merci, répondit-il avec un sourire nerveux.
Mais leur répit fut de courte durée. Le monstre, désormais aveuglé d’un œil, poussa un nouveau rugissement qui fit trembler les arbres environnants. Ses mandibules cliquetèrent furieusement, et il chargea à nouveau, cette fois avec une rage décuplée.
Yvan, épée dégainée, s’interposa.
— C’est moi que tu cherches, sac d’écailles !
La créature balaya l’air avec une de ses pattes massives, forçant Yvan à esquiver d’un bond en arrière. Le monstre se tourna alors vers Jed, qui restait en position, le couteau prêt à frapper.
— Jed, attention ! hurla Dean, en retrait, son arme pointée vers la bête.
Le combat devint un ballet dangereux.
Jed, vive comme l’éclair, plongea au sol pour éviter une attaque de la queue pleine d’épines de la créature. Elle roula sur le côté, profitant de son mouvement pour lancer son deuxième couteau, qui ricocha sur la carapace épaisse de la créature.
— Génial, il est blindé, grogna-t-elle en se relevant d’un bond.
Howard, depuis une position légèrement surélevée, fit feu avec son fusil de précision, visant les jointures des pattes de la bête. Les éclairs lumineux frappèrent leur cible, arrachant des fragments de chitine, mais le monstre ne s’arrêta pas. Il pivotait, balançant sa queue comme une masse d’arme vivante, détruisant tout sur son passage.
— Visez les points faibles, ses articulations, ses yeux ! ordonna Dean, toujours incroyablement calme malgré le chaos environnant.
Tony, armé d’un blaster, rejoignit le combat. Il tira plusieurs fois, visant les pattes arrière, mais la créature continua de foncer, sa colère semblant la rendre insensible à la douleur.
Un instant fatidique survint.
Le monstre se cabra, ses griffes déchirant l’air, et cette fois, il prit pour cible Jed, qui sortait ses blasters. Elle bondit sur le côté, mais perdit l’équilibre en glissant sur le sol humide. La créature, rapide, s’élança, prête à l’écraser.
Tony, sans hésiter, se jeta sur elle, attrapant une branche solide au passage. Il la planta dans la gueule du lézard avec une force désespérée, la maintenant entrouverte juste assez longtemps pour que Yvan puisse intervenir.
— Poussez vous ! cria Yvan.
Tony lâcha la branche au dernier moment, roulant sur le côté pour éviter les mâchoires qui se refermaient avec un bruit terrifiant. Yvan bondit, sa rapière étincelante dans la lumière de la forêt, et frappa précisément dans le cou de la bête. Elle poussa un hurlement, trébucha et finit par s’effondrer lourdement, sa respiration rauque.
La créature n’était pas morte, mais elle semblait trop blessée pour continuer le combat. Elle recula lentement, disparaissant dans l’ombre des arbres.
Un silence tendu s’installa.
Jed, encore essoufflée, se redressa et lança une remarque sarcastique à Tony.
— C’est moi qui te sauve, pas l’inverse, capitaine.
Tony, éclatant de rire malgré lui, secoua la tête.
— Dis ça à la branche que j’ai enfoncée dans sa gueule.
Yvan, rangeant son épée, hocha la tête avec admiration.
— Au moins mes cours te servent à quelque chose, Jed.
Jed, un peu agacée mais soulagée, esquissa un sourire.
— Probablement, Yvan. Mais il y a un peu de talent dans tout ça.
Howard, en recul, grommela :
— J’espère qu’il n’a pas de copains, parce que sinon, on est fichus.
Dean, toujours calme, vérifia les alentours avec son scanner.
— Pour l’instant, c’est clair. Mais je vous conseille de bouger. On va pas finir ici.
Le groupe reprit sa marche, la tension encore palpable, mais avec un sentiment de soulagement : ils avaient survécu à leur premier affrontement sur cette planète mystérieuse.
***
La forêt semblait vivante, presque consciente, comme si elle observait chacun de leurs mouvements. Les arbres, d’une taille colossale, formaient une canopée dense, bloquant la lumière naturelle et plongeant le groupe dans une pénombre constante, éclairée seulement par la bioluminescence des mousses et des champignons qui tapissaient le sol. Chaque pas faisait craquer des brindilles ou écraser des feuilles humides, des sons qui résonnaient étrangement fort dans l’air saturé d’humidité.
Le silence était oppressant, interrompu par des bruits furtifs : un craquement de branche, un souffle de vent qui semblait presque murmurer, et parfois, le glissement rapide de quelque chose dans les feuillages au-dessus de leurs têtes.
— C’est moi ou ça devient de plus en plus flippant ? murmura Howard, le fusil à la main, ses yeux scrutant les ombres en mouvement.
— Ce n’est pas toi, répondit Dean, calme, mais son regard alerte. Restez concentrés.
Le sol, spongieux sous leurs bottes, semblait respirer par moments. Des racines noueuses s’entrecroisaient en formant de véritables labyrinthes naturels, obligeant l’équipage à grimper ou contourner régulièrement des obstacles. Yvan, avec son agilité habituelle, menait la marche, prêt à dégainer son épée si nécessaire.
En suivant les indications de la carte holographique projetée sur un petit appareil, ils progressaient lentement vers leur destination. La tension montait à chaque pas, comme si la forêt elle-même cherchait à les dissuader d’avancer.
Ils traversèrent une zone où des fleurs géantes parsemaient le chemin, leurs pétales d’un rouge incandescent semblant pulser au rythme d’un cœur invisible. L’air était chargé d’un parfum sucré, presque enivrant, mais Jed, méfiante, s’arrêta.
— Ne les touchez pas, avertit-elle en désignant une des fleurs. Ces plantes émettent des spores paralysantes si elles sont dérangées.
Tony hocha la tête, regardant les fleurs avec une prudence renouvelée.
— Continuez, mais gardez vos distances.
Ils poursuivirent leur chemin, évitant soigneusement les pétales. La lumière dans la forêt se fit encore plus tamisée, les arbres semblant se refermer autour d’eux. Une brume épaisse s’éleva soudain, recouvrant le sol d’un voile blanc qui rendait chaque pas plus incertain.
— Génial, maintenant on avance dans un nuage, grogna Howard, nerveux.
— C’est pas la brume qui m’inquiète, répondit Jed en pointant un doigt vers les ombres mouvantes dans les arbres. C’est ce qu’il y a dedans.
Un sifflement aigu retentit soudain, suivi d’un bruit de branches cassées. L’équipage s’arrêta net, les armes prêtes. Tony, les mâchoires serrées, fit signe de rester silencieux. Dans l’obscurité, des yeux jaunes et perçants apparurent, clignotant brièvement avant de disparaître à nouveau dans les ombres.
— On n’est pas seuls, murmura Dean, l’arme levée.
— Merci pour l’info, lieutenant, rétorqua Howard, son humour servant de bouclier contre la peur.
Après ce qui sembla une éternité, le groupe déboucha sur une clairière, une ouverture soudaine et lumineuse dans la forêt oppressante. L’espace dégagé était dominé par une ancienne structure en pierre, solitaire et imposante. Ses murs, recouverts de mousse épaisse, portaient des gravures complexes, bien que pour la plupart effacées par le temps. Certaines figures évoquaient des formes humanoïdes, tandis que d’autres semblaient représenter des constellations ou des phénomènes stellaires.
Jed s’approcha lentement, effleurant les gravures du bout des doigts.
— Une civilisation disparue, murmura-t-elle. C’est incroyable…
Tony, les yeux fixés sur l’entrée massive de la structure, se pencha légèrement pour observer les gravures plus en détail.
— Et probablement très protectrice de ses secrets, ajouta-t-il, méfiant.
Un brouhaha lointain fit écho derrière eux, ramenant tout le monde à la réalité.
— On devrait entrer, déclara Dean. Je doute que ce qui nous suit soit amical.
Tony hocha la tête et se tourna vers l’équipe.
— Bien, restons sur nos gardes.
Avec précaution, ils avancèrent vers l’entrée de la structure, la tension toujours palpable, mais cette fois mêlée d’un mélange d’excitation et d’appréhension. Ce qu’ils cherchaient se trouvait peut-être derrière ces murs antiques… mais à quel prix ?
Avant qu’ils ne puissent continuer, Dean s’arrêta net, le regard fixé sur le sol. Il s’accroupit lentement, effleurant la surface avec précaution, avant de dégager une fine couche de mousse. Là, sous le couvert du végétal, de petites lumières rouges clignotaient faiblement.
— Mines, déclara-t-il calmement, ses yeux analysant les motifs du dispositif. Des pièges de proximité.
Un silence inquiet s’abattit sur le groupe. Howard fit un pas en arrière, serrant son arme.
— Je déteste ces trucs, grogna-t-il. Quel genre de taré protège une ruine avec des explosifs ?
Dean leva une main pour faire taire les murmures nerveux.
— Restez en arrière, dit-il avec assurance. Je m’en occupe.
Il ouvrit une poche de sa ceinture et sortit un kit de désamorçage soigneusement rangé. À l’intérieur, de petits outils étincelaient : pinces de précision, micro-scanners, câbles de contournement, et un module d’analyse. Tout était organisé avec une minutie qui reflétait parfaitement la personnalité de Dean.
— Tu es sûr de ce que tu fais ? demanda Howard, jetant un regard anxieux vers les mines. Parce que si ça saute, on va finir en très petits morceaux.
Dean ne leva pas les yeux, concentré sur sa tâche.
— Cent pour cent, répondit-il d’un ton calme, mais ferme.
Il plaça le module d’analyse à côté de la première mine, observant un petit écran qui reproduisait en temps réel la structure interne du dispositif.
— Capteur de proximité à micro-ondes, expliqua-t-il à voix basse, plus pour lui-même que pour les autres. Si on coupe le mauvais fil ou qu’on bouge trop vite, ça explose.
Avec une précision méticuleuse, il inséra une pince fine dans le boîtier de la mine. Ses doigts restaient parfaitement stables, malgré le stress ambiant. Le groupe retenait son souffle, observant en silence.
— Si je coupe l’alimentation principale sans déconnecter la boucle de retour, le circuit de sécurité s’active et tout saute, murmura-t-il en se penchant un peu plus près. Donc… on fait ça en deux étapes.
Un premier clic sonore retentit.
— Voilà, ça désactive le capteur de proximité, expliqua Dean. Maintenant, pour le détonateur…
Un deuxième clic suivit, et la lumière rouge de la mine s’éteignit. Dean souffla doucement, un sourire discret sur les lèvres.
— Une de moins, dit-il, passant rapidement à la suivante.
Il répéta le processus avec une précision presque mécanique, désamorçant chaque piège avec une efficacité redoutable. Les mines, bien que complexes, ne rivalisaient pas avec le calme et l’expertise de Dean. Après ce qui sembla une éternité, il se redressa enfin, essuyant ses mains sur son pantalon.
— C’est bon, la voie est libre, annonça-t-il, le ton léger, mais empreint de fierté.
Tony s’avança, posant une main sur l’épaule de son lieutenant.
— Beau travail, lieutenant. Si jamais tu veux changer de carrière, je pense que le métier de démineur pourrait te convenir.
Dean esquissa un sourire, ses yeux brillants d’un mélange de satisfaction et d’humilité.
— Je préfère les aventures avec vous, répondit-il, sincère.
Howard siffla en se remettant en marche.
— Moi, je dis qu’on devrait te cloner. Imagine tout ce qu’on pourrait faire avec dix Dean dans l’équipe.
Le groupe éclata de rire, relâchant enfin la tension accumulée. Mais en s’avançant vers l’entrée massive, une pensée persistait dans l’esprit de Dean : si ces mines étaient là, c’est que quelqu’un ou quelque chose ne voulait absolument pas qu’ils entrent… et le vrai danger ne faisait sans doute que commencer.
***
Libérés de l’obstacle, le groupe entra dans la structure. L’atmosphère changea immédiatement : l’air était plus froid, et une lumière étrange semblait émaner des murs eux-mêmes, comme si la pierre avait emmagasiné des siècles de souvenirs.
Jed effleura l’un des symboles gravés, tandis que Yvan observait les alentours, prêt à dégainer.
— Si l’Étoile d’Azura est ici, elle est sacrément bien protégée, murmura Howard, sa voix résonnant dans l’écho de la salle.
Tony, en tête, sentit un mélange d’excitation et de crainte monter en lui. Ils étaient plus proches que jamais du trésor légendaire, mais il savait que les véritables épreuves ne faisaient que commencer.
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