Chapitre 7 : Ennemis et relâche
Après avoir échappé de justesse aux pièges mortels du temple et récupéré le fragment de la carte holographique, l'équipage de l'Alcazar reprit la route vers l'orbite de la planète en ruines. Le décollage se fait dans l'urgence, mais avec le professionnalisme habituel de Tony et de ses compagnons. Pourtant, une fois dans l'espace, il ne fallut pas longtemps pour qu'ils remarquent l'inquiétante signature énergétique de chasseurs de primes, tapis à bonne distance.
Dans la salle de commandement, Eagle, le navigateur, scruta son écran à l'aide du scanner longue portée.
— Capitaine, deux vaisseaux nous suivent, annonça-t-il. Des modèles de type intercepteur, équipés de canons à impulsion.
Tony se pencha, observant à son tour des données.
— Des chasseurs de primes, grommela-t-il. Voilà qui ne me surprend pas. Quelqu'un doit vouloir l'Étoile d'Azura autant que nous.
Howard, le tireur d'élite, vérifia ses armes en soupirant d'un ton faussement léger :
— Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu un comité d'accueil.
Yvan, son sérieux éternellement figé sur son visage, renchérit :
— On dirait qu'on ne pourra pas filer en douce cette fois. J'imagine qu'ils vont tenter de nous aborder.
Au même instant, Dean et Jed, toujours électrisés par leur aventure dans le temple, échangeaient des regards furtifs. Les souvenirs de la manière dont Dean l'avait sauvée lui revenaient constamment, accompagnés d'un élan nouveau dans sa poitrine.
Soudain, une alarme retentit. Des ondes de brouillage surgirent depuis l'un des intercepteurs, neutralisant leurs communications et leur bouclier. En quelques instants, l'Alcazar se retrouva abordé, amarré de force à un croiseur imposant qui venait de se dévoiler hors du champ des radars. Son nom, peint en lettres dorées et sinistres sur la coque noire : Le Sombreflamme.
— Le Sombreflamme… marmonna Tony en fronçant les sourcils. Ce n'est pas possible.
— Tu le connais ? demanda Dean, surpris.
— Mieux que je ne le souhaiterais, répondit Tony, la mâchoire tendue.
Les mercenaires piratèrent alors les verrous électroniques du sas, reliant leur passerelle à celle de l'Alcazar. Dans un chuintement métallique, la porte principale s'ouvrit, et des silhouettes armées de fusils à plasma surgirent dans les couloirs du vaisseau. Au milieu de ce groupe, élégant et redoutable, se tenait Seraphina Thornblade , surnommée le Faucon. Ses cheveux noirs comme la nuit encadraient un visage marqué par la détermination et l'ambition, tandis que ses yeux dorés, perçants comme ceux d'un rapace, détaillaient la passerelle avec une froide assurance.
— Tony, dit-elle d'une voix calme, empreinte d'une ironie mordante.
— Seraphina, répliqua Tony, sans masquer son agacement. Quelle belle surprise.
La tension emplit l’air en un instant. Seraphina entama un petit discours, laissant entendre qu'elle avait été informée des récentes découvertes de l'équipage concernant l'Étoile d'Azura. Elle brandit un petit fragment de carte holographique similaire à celui que Tony et son équipage.
— Tu pensais être le seul à vouloir ce trésor ? Sache que je possède déjà une pièce cruciale de cette carte… et je compte bien récupérer la tienne.
— Ne rêve pas trop, Seraphina, répondit Tony en prenant soin de garder la main sur son blaster. Ton petit jeu va se retourner contre toi.
Après un bref échange de menaces, l'air du couloir se figea. Seraphina, un sourire arrogant aux lèvres, fit alors un signe à sa petite troupe de mercenaires pour qu'ils passent à l'action. Ils se ruèrent vers l'avant, cherchant à encercler l'équipage de l'Alcazar.
Les couloirs de métal étaient étroits et sombres, et la lumière crue des éclairages laissait apparaître les visages tendus de chaque camp. L'atmosphère restait oppressante, comme si la moindre étincelle pouvait tout faire exploser.
Yvan, toujours en alerte, fut le premier à réagir : il dégaina sa rapière d'un geste vif et précis. La lame renvoyait essentiellement la lueur blanche des néons, donnant à la scène un éclat presque théâtral. Un des sbires de Seraphina, cru sans doute à un simple passe d'armes, vécut pourtant un désarmement brutal : Yvan parvint à dévier l'attaque avec élégance avant de lui asséner un coup sec qui l'envoya heurter le mur.
De son côté, Howard repéra un autre mercenaire qui armait déjà son fusil. Il lança un sifflement pour attirer son attention et appuya sur la détente de son blaster. La détonation fut brève, mais le tir précis : l'arme de l'assaillant tomba au sol. Le mercenaire suivant, qui tenta une attaque de revers, trouva soudain le canon du pistolet de Howard pointé sur sa tempe. Le mastodonte garda son sang-froid habituel, un mince sourire se dessina sur son visage.
Au même instant, Luce, habile chapardeuse, se faufila derrière Seraphina. Trop occupée à suivre la mêlée, la capitaine du Sombreflamme ne remarqua pas la fillette qui se glissait dans son ombre. Sans un bruit, Elle plongea la main dans une poche intérieure du manteau de Seraphina et en retira un petit fragment métallique d'apparence anodine. Elle adresse alors un clin d'œil complice à Kid, posté à quelques mètres de là.
Kid, fidèle à son âme de fripouille, profita de la confusion ambiante pour s'approcher discrètement à son tour et déposa une minuscule charge explosive, réglée pour produire plus de fumée que de dommages, dans l'autre poche de Seraphina. Ils se cachèrent ensuite derrière une porte, attendant la fin de l'escarmouche.
La mêlée fut courte : les sbires de Seraphina se rétrouvèrent rapidement débordés par la réactivité et la coordination de l'équipage. Seraphina, qui observait la scène, affichait un rictus d'amusement malgré la tournure défavorable des événements.
— J'avoue que je suis déçue, lançant -t-elle d'un ton faussement las, tout en retenant un mercenaire sonné. Mais comptez sur moi pour revenir vous achever… le jour où vous récupérerez la totalité de cette carte.
Elle récupéra alors ses hommes encore capables de marcher et quitta l'Alcazar dans un éclat de rire moqueur. Sur le pont, le goût amer de cet affrontement restait palpable, tandis qu'Yvan et Howard vérifiaient que tous les mercenaires étaient bel et bien partis.
Yvan, la rapière encore en main, affichait un demi-sourire satisfait.
Dehors, le Sombreflamme disparaissait déjà dans l'obscurité cosmique, emportant avec lui la promesse d'un prochain affrontement.
— Elle va nous suivre à la trace, annonça Tony à son équipage. On ne pourra pas l'éviter éternellement. Mais pour l'instant, remettons les boucliers en état et filons. On verra ça plus tard.
Luce serrait contre elle le fragment qu'elle venait de subtiliser. Au fond, Kid et elle s'amusaient de leur petit exploit, conscients d'avoir bien aidé l'équipage de l'Alcazar à gagner un temps précieux.
Tony remarqua enfin les enfants cachés dans une porte, qui pouffaient de rire.
- Qu'est-ce que vous avez là tous les deux ?! dit-il avec un sourir satisfait.
***
Ébranlés, stressés, et pourtant avec un nouvel indice en main, l'équipage décida de se diriger vers un havre sûr pour se ressourcer : Starlight Haven, une station lunaire suspendue dans l'orbite d'une géante gazeuse qui se situait non loin de leurs coordonnées. L'endroit était réputé pour son atmosphère tranquille, loin des tensions galactiques. De nombreux capitaines y relâchaient, échangeant des rumeurs et des bons plans dans la taverne locale, Le Nébulosaire.
Dès l'arrimage de l'Alcazar, Tony donne ses consignes :
— Faites le plein, vérifiez les avaries. On prendra un peu de repos ici. J'ai besoin de me vider la tête.
Tous n'avaient cependant pas droit à cette liberté. Les jumeaux Kid et Luce, trop jeunes pour quitter le vaisseau, étaient condamnés à rester à bord. Joe, le maître d'équipage, avait reçu pour mission de veiller sur eux. Mais l'oisiveté et la frustration des enfants engendrèrent rapidement le chaos comme ils savaient si bien le faire : ils coururent dans les couloirs, touchèrent à des appareils sensibles, et s'inventèrent des jeux bruyants et explosifs. Joe, déjà las, passa la nuit à courir derrière leurs bêtises, pestant contre Tony qui, selon lui, aurait dû les garder occupés avec des tâches plus sérieuses.
— Les jumeaux, revenez ici tout de suite ! tonna-t-il pour la énième fois, alors qu'une alarme sonore retentissait dans l'Alcazar à cause d'un interrupteur bizarrement enclenché par un dispositif malicieux.
— Vous deux, là ! Ce n'est pas un terrain de jeu ! hurla-t-il, tandis que les voyants lumineux clignotaient encore partout sur la passerelle.
— Mais on s'ennuie, se plaignit Luce. Tu as dit qu'on pourrait descendre un moment, et tu mens !
— Je n'ai jamais promis ça, répliqua Joe, tentant de garder son sang-froid. Vous êtes trop jeunes pour vous balader librement sur la station. Et avec tous ces dangers qui nous suivent, je ne vous laisserai pas quitter le vaisseau. Un point c'est tout !
Les enfants, vexés, boudèrent en croisant les bras. Les alarmes se calmant finalement, ce qui soulagea Joe. Il réalisa soudain qu'il devrait faire un rapport complet de la situation au capitaine, avant que celui-ci ne monte dans les tours.
***
Après avoir quitté l'Alcazar et posé les pieds sur la station, Luisa se dirigea rapidement avec le reste de l'équipage vers la taverne du coin. Elle connaissait Sebastian, le tavernier du Nébulosaire, depuis longtemps, et elle n'éprouvait aucune honte à avouer qu'il était sa seule véritable ancre dans cette partie de l'espace. Loin des tempêtes de la galaxie et des missions périlleuses, Sebastian représentait un refuge rassurant et elle aimait le retrouver régulièrement.
Lorsqu'elle entra dans le Nébulosaire, Luisa fut aussitôt enveloppée par l'ambiance chaleureuse du lieu : des lanternes plasma diffusaient une lumière orangée, et les conversations enflaient entre les voyageurs et les aventuriers fatigués. Derrière le comptoir, Sebastian, un homme jovial à la barbe soigneusement taillée, lui adressa un grand sourire dès qu'il la vit.
— Luisa ! Ma chère amie, tu es revenu ! lança-t-il en essuyant un verre. J'espère que tes péripéties n'ont pas été trop dures.
Luisa répondit par un sourire teinté de soulagement.
— Si tu savais… Des temples piégés, une trahison en bonne et due forme, et un abordage surprise par une vieille connaissance de Tony. Un cauchemar. Mais là, je suis surtout heureuse d'être ici.
Sebastian sortit de derrière le comptoir pour lui offrir une étreinte sincère.
— Tu m’a manqué. Allez, viens, tu peux poser tes affaires à l’étage. On parlera de tes aventures autour d'un repas chaud, si tu veux.
La perspective d'un lit moelleux, d'un toit sûr au-dessus de sa tête et de la complicité chaleureuse de Sebastian redonna à Luisa l'impression d'être simplement une voyageuse ordinaire, loin de la quête de l'Étoile d' Azura. Ils passèrent la soirée à bavarder au rythme de la musique qui ronronnait dans la taverne, partageant anecdotes et rires, avant de gagner leur chambre.
Tony, de son côté, s'accorda le plaisir d'une compagnie rencontrée dans la taverne. Une compagnie charmante dont la présence l'aiderait à oublier, ne serait-ce qu'un instant, la jalousie et la frustration qu'il éprouvait vis-à-vis de Dean et Jed et cette horrible rencontre avec Seraphina qui n’arrangeait pas son humeur.
Pendant ce temps, Dean et Jed s'éclipsèrent discrètement, la tête encore pleine des images de leurs récentes aventures… et l'un de l'autre.
L'air semblait vibrer d'un frisson doux, comme si l'univers entier retenait son souffle. Assis l'un en face de l'autre, une vapeur délicate s'échappant de leurs tasses d’Earl Gray, ils échangeaient des murmures, des anecdotes, et de brefs sourires. Pourtant, derrière la légèreté apparente, une tension nouvelle régnait. Leurs mains, posées sur la table, se frôlaient parfois, se cherchaient sans oser se saisir vraiment.
Chaque contact, même infime, déclenchait un battement de cœur un peu plus fort chez Jed. Ses yeux, pétillants de malice, ne quittaient plus ceux de Dean, d'une douce couleur noisette ; et lorsqu'il la regardait, elle sentait un feu discret lui parcourir l'échine. Le temps semblait alors se retenir, figé dans la timidité et l'excitation mêlées de deux âmes qui se découvrent au-delà de leur simple camaraderie. Le vrombissement lointain des systèmes du vaisseau créait une toile sonore réconfortante, comme un battement de cœur apaisant.
Dean posa doucement sa main sur celle de Jed. Il se leva pour se rapprocher d’elle. Ses doigts glissèrent ensuite sur ceux de Jed. Le contact, léger d'abord, gagna en assurance quand elle sentit ses doigts se refermer sur sa paume. Leurs regards se cherchèrent de nouveau, et, dans la semi-obscurité, leurs visages s'approchaient jusqu'à ce qu'ils puissent sentir la respiration de l'autre.
— Dean… commença-t-elle dans un souffle, sans vraiment finir sa phrase, tant ce qu'elle ressentait était plus grand que les mots.
— Je suis là, murmura-t-il, effleurant sa joue du bout des doigts.
Doucement, ils s'abandonnèrent à l'émotion qui les étreignait depuis des jours. Cette fois, aucun piège, aucune menace ne venait troubler l'instant. Ils s'autorisèrent à exister dans ce silence, où chaque geste devenait langage. D'abord un effleurement de lèvres, timide, presque incertain. Puis un baiser plus franc, plus urgent, scellant enfin ce que leur complicité avait toujours laissé deviner.
Jed sentit son cœur s'affoler alors qu'elle glissait ses bras autour du cou de Dean. Il l'attira contre lui, comme s'il avait craint jusqu'alors de la perdre. Pendant un instant, ils oublièrent tout : l'Étoile d'Azura, les trahisons, la jalousie de Tony. Il n'y avait plus que deux personnes qui, malgré la folie de leur existence, avaient trouvé un havre dans le regard de l'autre.
La tension accumulée par les batailles et les épreuves semblaient se dissiper dans la tendresse de leur étreinte. Ils se laissèrent emporter par le moment, sans retenue, savourant chaque seconde comme si le temps leur appartenait. Peu importait ce que les heures suivantes leur réserveraient : ils étaient ensemble, unis par un sentiment puissant qui les dépassait.
Lorsqu'ils détachèrent leurs lèvres, à bout de souffle, un rire léger s'échappa des lèvres de Jed, vite étouffé par un nouveau baiser. Dean soutint son regard, un doux sourire illuminant son visage d'ordinaire si impassible.
— Je… ne sais pas ce qui nous attend, avoua-t-il, la voix empreinte d'une sincérité désarmante. Mais je sais ce que je ressens, maintenant, et c'est bien plus que ce que j'aurais cru possible.
Jed acquiesça, posant la main sur la poitrine de Dean, juste à l'endroit où elle sentait les battements de son cœur affolé. Elle commença à ouvrir la chemise de Dean.
— Alors ne laissons rien gâcher ce moment, répondit-elle, frôlant ses lèvres du bout des siennes.
Dans le calme feutré de la cabine, la nuit leur offrit enfin la liberté de s'aimer, sans contrainte, comme si l'univers entier n'existait plus que pour eux.
***
Le jour se levait sur Starlight Haven, baignant la station lunaire d'une lumière doucereuse qui se reflétait sur la géante gazeuse en orbite. Les ponts de métal, qui la veille résonnaient encore des rires, du tintement des verres et de l'agitation des voyageurs, s'animaient lentement. Ici et là, les commerçants ouvraient leurs échoppes et les gardes, en uniforme bleu sombre, commençaient leur ronde matinale.
Au Nébulosaire, Sebastian s'activait derrière le comptoir, préparant son fameux café mousseux et des beignets dorés qui attiraient déjà des clients affamés. Luisa, déjà habillée, descendit l'escalier menant à la salle principale. Elle étouffa un bâillement avant de sourire en voyant son vieil ami :
— J'ai dormi comme une souche, souffla-t-elle, encore une peu endormie.
— C'est bien la moindre des choses après ce que tu m'as raconté hier, répondit Sebastian, un brin soucieux. Si tu veux rester plus longtemps, ma porte est toujours ouverte, tu le sais.
— Tu sais que je t'adore, mais Tony va finir par croire que je l'abandonne, plaisanta Luisa. Et malgré ce qu'on a traversé, je ne veux pas laisser l'équipe sans soutien.
— Je comprends. Bois au moins un café avant de partir, et prend un de ces beignets. Ils sont encore chauds.
Luisa acquiesça et remplit son sac d'un petit déjeuner improvisé, prête à rejoindre l'Alcazar.
A l’étage de la taverne, Tony terminait de s'habiller en silence. La compagnie charmante qu'il avait rencontré la veille, encore endormie dans le lit, paisible. D'habitude, Tony se serait éclipsé sans un mot, mais cette fois, il ressentait le besoin de dire quelque chose avant de partir.
Il se pencha doucement vers elle :
— Merci pour ta compagnie hier soir. J'espère qu'on se reverra… si la chance me sourit.
La jeune femme sourit en entrouvrant les yeux. Tony, un peu gêné, s'éloigna ensuite. Il savait bien que ce moment de répit était terminé. À présent, il devait redevenir le capitaine responsable, veiller sur son équipage et chasser les souvenirs lourds qui l'étreignaient depuis la confrontation avec Seraphina. Pourtant, alors qu'il se dirigeait vers le quai d'amarrage, ses pensées revenaient sans cesse vers l'image de Dean et Jed s'éloignant ensemble. Etait-ce vraiment de la jalousie qu'il ressentait, ou la peur de perdre le contrôle ?
Dans la cabine du lieutenant, l'atmosphère était toute autre. La nuit de Dean et Jed avait été courte, mais elle leur paru infiniment précieuse. Les draps froissés témoignaient encore de la chaleur de leurs confidences et de leur rapprochement. Jed s'éveilla la première. Elle observa Dean, un sourire serein aux lèvres. Après les tourments du temple, elle savoura la simplicité de cet instant.
Prenant soin de ne pas le réveiller, elle se leva, ramassa ses affaires éparpillées et fila prendre une douche rapide. Quand elle ressortit, Dean était assis sur le bord du lit, l'air encore un peu ensommeillé, mais un sourire éclaira son visage en voyant Jed.
— Bien dormi ? demanda-t-il, la voix encore un peu rauque.
— Comme jamais, répondit-elle avec une sincérité touchante. Et toi ?
— Mieux que lors de toutes mes autorisations précédentes, plaisanta Dean, avant de se lever, torse nu. Ses larges épaules rassurantes et son regard chaud appelant Jed à s’approcher.
Jed combla la distance entre eux, noua ses bras autour du cou de Dean et l'embrassa doucement, encore émerveillée par la nouveauté de ce lien.
— On va être en retard, fini-elle par dire, un brin amusée. Tony va sans doute piquer une crise si on traîne.
— Alors allons-y. On affrontera sa crise ensemble.
***
Luisa arriva la première dans le mess, les bras chargés du petit déjeuner. La bonne odeur du café chaud et des beignets dorés ne passa pas inaperçue. Joe, dépité, l'intercepta.
— Ah, Luisa, te voilà ! Les gamins ont failli nous envoyer le vaisseau par le fond, si je puis dire, bon sang !
— Calme-toi, Joe. Donne-leur un peu de ces beignets, ça va les occuper.
Les jumeaux, apercevant la nourriture, arrivèrent en sautillant et se ruèrent sur Luisa. Joe en profita pour faire un rapide état des lieux : tout était sous contrôle, sauf ses propres nerfs après la nuit qu’il avait passé. Il avait réussi à les envoyer dormir dans le poste d’équipage et avait profité du calme pour nettoyer leurs bêtises.
Peu après, Tony arriva, l'air renfrogné. Il remarqua aussitôt la mine déconfite de Joe et les jumeaux qui dévoraient déjà les beignets. Il préféra ne pas lancer de remarque acerbe, il se servit une tasse de café encore chaud et s’accouda au comptoir pour le siroter, avant de se diriger vers le poste de pilotage pour s'assurer que tout était prêt pour leur départ. Les autres membres d’équipage arrivèrent à tour de rôle, dans une ambiance bonne enfant, chacun pris place autour de la table pour prendre le petit déjeuner et plaisanter après cette nuit tranquille à Starlight Haven, ils se sentaient reposés.
Dean et Jed entrèrent, un sourire complice sur le visage. Tony, en train de terminer son café, ne peut s'empêcher de remarquer leurs regards. Il fit de son mieux pour rester impassible, mais l'envie de faire une remarque sarcastique l'effleura. Au lieu de cela, il se racle la gorge :
— Bien. On dirait qu'on est au complet. Nous décollons dans une heure. On doit quitter Starlight Haven avant que les chasseurs de primes ne nous mettent la main dessus, et surtout avant que Seraphina ne revienne.
Un silence s'installa quelques secondes. Chacun pris conscience que le moment de répit était terminé. Le capitaine détailla les quelques manœuvres de routine et l'itinéraire :
— Yvan, tu m'aides à vérifier les systèmes de défense.
— Oui, Capitaine !
— Esmée, Eagle, vous nous prévoyez un itinéraire pas trop chaotique pour la prochaine étape, merci. Howard, tu restes en alerte pour toute menace extérieure.
— On va faire ça, répondirent-ils presque à l'unisson.
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